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Goulard défend sa candidature à la Commission européenne, des questions subsistent

2 octobre 2019, 21:55

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Goulard défend sa candidature à la Commission européenne, des questions subsistent

Candidate à la Commission européenne, la Française Sylvie Goulard en a appelé à «la présomption d’innocence» mercredi face aux eurodéputés, qui l’ont malmenée lors de son audition sur l’emploi présumé fictif d’un de ses collaborateurs.

«I’m clean» («je suis propre»), a lancé en anglais Mme Goulard, désignée par Emmanuel Macron et dont la candidature doit maintenant être validée pour le portefeuille aussi vaste que stratégique du «Marché intérieur».

Plusieurs élus ont laissé entendre, à l’issue de l’audition, qu’ils réclameraient à la Française de nouvelles clarifications par écrit, comme le prévoit la procédure, avant éventuellement une nouvelle audition. Une décision doit être prise dans la soirée.

Cette audition constitue un test pour la présidente du futur exécutif européen, l’Allemande Ursula von der Leyen, censée entrer en fonction le 1er novembre et dont l’équipe peine à convaincre les eurodéputés qui auditionnent tous les candidats jusqu’au 8 octobre.

Deux de ses membres, une social-démocrate roumaine et un Hongrois du PPE (droite), ont été retoqués avant même leur audition, ce qui a transformé en cible Mme Goulard, commissaire des Libéraux de Renew, le troisième grand groupe politique de l’UE.

«Questions éthiques»

Députée européenne de 2009 à 2017, la Française a été interrogée à plusieurs reprises sur les deux enquêtes dont elle fait l’objet --l’une de la justice française, l’autre de l’Office européen de lutte antifraude (Olaf)-- dans l’affaire des emplois présumés fictifs des assistants des eurodéputés Modem.

Ce dossier l’avait conduite à quitter son poste de ministre des Armées en juin 2017, un mois seulement après sa nomination.

Plusieurs députés ont soulevé les «questions éthiques» posées par ces enquêtes. «Comment comprendre que cela ne vous empêche pas d’exercer la fonction de commissaire ?», a lancé le président de la délégation française du PPE, François-Xavier Bellamy.

D’autres ont dit «ne pas comprendre» comment elle pouvait prétendre être commissaire après avoir démissionné pour les mêmes raisons du gouvernement.

«Un usage existe en France (...) selon lequel tout ministre, à partir du moment où il serait mis en examen, devrait démissionner», a-t-elle expliqué. «Dans les institutions européennes, un tel usage n’existe pas.»

«Je n’ai pas été mise en examen, mais j’ai estimé alors pour une raison, avoir la responsabilité des armées françaises (...) que je ne pouvais pas faire courir ce risque», a-t-elle poursuivi.

«Je respecterai, si elle advient, la décision de justice», a-t-elle affirmé.

La Française a déjà remboursé 45.000 euros au Parlement européen, correspondant à huit mois de salaire d’un de ses assistants, pour lequel elle n’a pas pu fournir «de preuve de travail». «Un aveu», selon ses détracteurs.

«Je n’ai rien reconnu», a-t-elle répondu, niant toute «intention frauduleuse».

«Tout était légal»

Elle a expliqué qu'«il y avait eu des problèmes au moment de (la) démission» de ce collaborateur et qu’elle n’avait pas eu envie de s'«engager dans une procédure de licenciement».

«Notre inquiétude, c’est que sur des questions stratégiques, on ait un commissaire déstabilisé en permanence à cause de questions judiciaires», a estimé M. Bellamy après l’audition, jugeant les réponses de Mme Goulard «très légères».

Mme Goulard a également été interrogée sur son travail de «consultante», à «plus de 10.000 euros» mensuels, pour un think tank américain, l’institut Berggruen, d’octobre 2013 à janvier 2016, alors même qu’elle était eurodéputée.

«Tout était légal», a-t-elle souligné. «Dans un Etat de droit, on ne peut pas jeter la suspicion.»

«Je conçois que les sommes soient élevées», mais «ça correspond aux conditions qui se pratiquent», a affirmé la Française.

«On demande un comportement exemplaire ou au-dessus de la moyenne pour un commissaire européen et là, c’est très clair qu’elle n’y est pas», a commenté l’eurodéputé belge Marc Botenga, membre de la Gauche unitaire européenne (GUE).

Pour l’institut Berggruen, fondé par le milliardaire germano-américain Nicolas Berggruen --qualifié jadis de financier «vautour» par le magazine Forbes-- Mme Goulard a préparé «des documents d’information», passé des «coups de fil» et aidé à préparer diverses réunions publiques.

«C’est cher payé, mais ils ont acheté son carnet d’adresses», estime une source européenne qui l’a côtoyée.

«Elle est la bonne personne pour le job», a estimé Stéphane Séjourné (Renew), qui regrette «que certains eurodéputés aient fait le choix de nourrir des polémiques».