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L’inquiétude des agriculteurs normands touchés par les conséquences de l’incendie de Lubrizol

29 septembre 2019, 20:13

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L’inquiétude des agriculteurs normands touchés par les conséquences de l’incendie de Lubrizol

«On est inquiet pour les récoltes surtout, si les analyses ne sont pas bonnes, ce serait le scénario catastrophe»: à l’image d’Aline, qui tient un élevage de vaches laitières en Normandie, les agriculteurs se disent préoccupés après l’incendie de l’usine chimique Lubrizol de Rouen.

A 50 km au nord-est du lieu de l’accident industriel, à Conteville (Seine-Maritime), Aline Catoir témoigne de son désarroi après la traite de ses 60 vaches laitières.

«Hier soir (samedi), vers 21 heures, on a eu la consigne de jeter le lait. On avait trois jours de stock comme habituellement, le laitier devait passer hier soir. Donc on a jeté plus de 5.000 litres de lait: la production de trois jours dans la fosse à lisier», soupire-t-elle, en montrant le liquide déversé.

Dès jeudi, la préfecture de Seine-Maritime a demandé «aux agriculteurs de ne pas récolter leur production en l’attente de précisions ultérieures», au nom du principe de précaution.

«Là, chacun respecte la volonté préfectorale de reporter les récoltes de quelques jours, mais on ne va pas pouvoir attendre très longtemps», prévient l’agricultrice de 35 ans.

Sébastien Catoir s’interroge également sur le périmètre de «gel» des récoltes retenu par les autorités. «On se demande comment la zone a été définie, nous, nous y sommes, mais je connais des gens qui ne sont pas dans la liste qui avaient des toits de voitures qui étaient noirs ! Ça pose certaines questions», lance-t-il. La préfecture a précisé samedi que 112 communes du département, qui ont pu être touchées par le nuage noir, étaient concernés par le «gel» des récoltes.

Selon Patrice Faucon, président de la FNSEA de Seine-Maritime, «l’inquiétude prédomine car tout est bloqué: les oeufs ne sont pas ramassés, le lait n’est pas ramassé ...C’est compliqué», peste-t-il.

«On ne sait pas trop la matière en fait qui a brûlé» lors de l’incendie de l’usine chimique, explique-t-il à l’AFP, avant d’annoncer que le syndicat agricole porterait plainte contre X auprès du parquet de Rouen et se constituerait partie civile pour avoir accès au dossier.

- question sur l’indemnisation -

A Longuerue, autre petit village typique de la campagne normande, Guillaume Leroy, dont l’exploitation a une surface de 160 hectares (forage, blé, orge et Colza) et qui s’occupe de 140 vaches laitières, se souvient de la journée de jeudi.

«On a eu surtout les odeurs qui sont venues vers 9 heures du matin, puis rapidement on s’est rendu compte des tombées de suie et tout ça. Elles étaient probablement déjà là avant mais elles sont devenues flagrantes vers 10 ou 11 heures du matin», se rappelle-t-il.

«On s’est rendu compte que ça pouvait être nocif, qu’est ce que ça va donner sur nos troupeaux, sur nos cultures, c’est un gros, gros point d’interrogation», ajoute-t-il.

L’agriculteur est aussi particulièrement inquiet concernant le maïs. «Il faut savoir que c’est 70% de l’alimentation de mes vaches, donc si je ne peux pas récolter je ne saurai plus quoi faire».

Pour beaucoup d’agriculteurs, qui ont déjà eu à subir des tracas et des pertes liés à la sécheresse de cette année, se pose la question du montant des préjudices et les interrogations sur les indemnisations.

«Ils nous imposent plein de choses sur le principe de précaution, c’est logique: on est là pour nourrir les gens, pas pour les empoisonner ! Mais on subit un préjudice pour lequel on est en aucun cas responsable et ce que demande l’administration représente des coûts», explique Jocelyn Pesqueux, président de la section laitière (FDSEA) du département.