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Investissements Asiatiques: Maurice havre necessaire à la Chine, l’Inde et le Japon

18 septembre 2019, 14:39

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Investissements Asiatiques: Maurice havre necessaire à la Chine, l’Inde et le Japon

L’ambition de la Chine, de l’Inde et du Japon pour le continent africain n’est plus un secret de polichinelle. Or, Maurice aussi se trouve dans les projets de ces puissances économiques. Si leurs investissements vers notre territoire paraissent négligeables, il reste que les bénéfices qui puissent en être tirés ne le sont pas. Et ce, compte tenu des intérêts stratégiques, voire économiques, de ces pays asiatiques pour la région.

L’Afrique, nouvel eldorado pour l’Asie. Ils sont de plus en plus nombreux a convoiter la position de partenaires privilegies du continent africain. Or, il se trouve que Maurice se trouve etre le havre tant necessaire aux puissances que sont la Chine, l’Inde et le Japon, qui ambitionnent tous de s’implanter en Afrique mais aussi a avoir un pied dans la zone strategique de l’ocean Indien.

La Chine a incontestablement pris de l’avance dans cette course qui vise a gagner le coeur africain a travers divers projets d’infrastructures en particulier, les uns plus visibles que les autres. «By the end of 2017, China has invested over 100 billion US dollars on the continent in total», rapporte le site chinois Xinhua.

L’agence de presse precise aussi que les investissements directs de la Chine sur le continent ont augmente de 1,5 milliard de dollars americains au cours des cinq premiers mois de 2019, soit une hausse de 20 % par rapport a l’annee precedente. Quid de Maurice dans tout cela ? S’il est vrai que l’empire du Milieu et la petite ile Maurice partagent des liens culturels, la Chine etant aussi un pays de peuplement, il ne faut pas negliger l’empreinte chinoise qui commence a s’etendre sur nos rivages. Les gouvernements chinois et mauricien ont collabore dans divers projets sociaux, notamment les salles d’operation et les services de l’hopital Victoria, les ecoles primaires, les logements sociaux et les stades, entres autres. 

«Nous avons également collaboré à des projets d’infrastructure tels que le bâtiment de la MBC, le terminal de l’aéroport international SSR, le Bagatelle Dam, le projet Safe City et le centre sportif. Ces projets de coopération ont contribué de manière positive au développement économique et social de Maurice. À l’avenir, le gouvernement chinois continuera à fournir un soutien et une assistance dans la mesure de ses moyens, en fonction des besoins économiques et sociaux de Maurice», precise-t-on a l’ambassade de Chine. 

Au niveau commercial, les chiffres sont parlants. En 2018, la somme des echanges entre la Chine et Maurice a atteint 842 millions de dollars americains, ce qui represente une croissance de 7,29 % par rapport a l’annee precedente. Ce chiffre inclut les exportations vers Maurice, qui ont atteint USD 804 millions et representent une augmentation de 5,54 %, et les importations des produits mauriciens en Chine ont atteint USD 37 millions, soit 66,74 % de plus que l’annee 2017. Si cette augmentation est consequente, elle reste toutefois insuffisante compararivement aux chiffres d’importation des produits chinois.«Il faut noter que nous n’exportons pas beaucoup en Chine, surtout qu’un bon pourcentage de nos produits ne comportent déjà pas de taxe. Il ne faut pas négliger l’impact de l’importation sur les produits locau», explique Vijay Makhan, ancien secretaire aux Affaires etrangeres.

Il est a noter egalement qu’un accord de libre-echange devrait etre signe bientot. Ce qui, selon l’ambassade de Chine, sera un des premiers accords de libreechange negocies entre la Chine et un pays africain.

Outre la Chine, l’Inde aussi a des interets en Afrique. «India’s total trade with the African region during 2017-18 was USD 62.69 billion», rapporte le site The Economic Times. Alors que ses liens avec Maurice sont privilegies, surtout en tenant compte de ceux a caractere culturel qui unissent les deux pays depuis longtemps.

Au niveau economique, les relations sont egalement tres structurees. L’Inde, qui depend des liaisons maritimes pour ses exportations et importations, a aussi un interet particulier pour l’ocean Indien. Par ailleurs, dans une reponse parlementaire, la vice-Premiere ministre (VPM) Fazila Jeewa-Daureeawoo avait indique que les travailleurs indiens a Agalega etait au nombre de 350 et que d’autres encore devaient atterrir sur l’ile. En comparaison, Agalega ne compte que 274 habitants.

Les projets communs entre l’Inde et Maurice sont legion, a l’instar du Metro Express, du nouvel hopital ENT et de la nouvelle Cour supreme, entre autres.

Selon un rapport d’Ocorian, entre 2016 et 2018, New Delhi a investi environ 28 millions de dollars americains a Maurice. L’Inde est egalement le pays d’ou l’on importe le plus, notamment des produits petroliers et pharmaceutiques. Rien que pour le premier trimestre de 2019, ces importations ont augmente de 12 %, selon Statistics Mauritius.

Comment se positionne Maurice, sachant que l’Inde et la Chine sont aussi des concurrents? «Maurice doit rester neutre et l’ami de ces superpuissances afin d’en tirer le maximum d’investissement. L’océan Indien est une zone de paix et de stabilité et l’Inde et le Japon veulent aussi contrecarrer les ambitions chinoises dans la region», explique Arvind Boolell, ancien ministre des Affaires etrangeres. Toutefois, precise-t-il, il est plus facile de traiter avec Pekin que New Delhi, car la Chine propose des produits moins chers et technologiquement de qualite.

Quid du Japon dans tout cela ? La puissance et l’ambition japonaise pour l’Afrique n’est pas negligeable. «Japanese foreign direct investment in Africa has been falling in recent years, from $9.99 billion at the end of 2016 to $7.82 billion in 2017, before rising to $8.78 billion in 2018, according to the Japan External Trade Organisation», ecrit le site japonais The Japan Times.

L’interet de Maurice pour le Japon s’explique par l’annonce du Premier ministre japonais, Shinzoō Abe, de la mise en place d’une strategie ouverte couvrant les oceans Indien et Pacifique, avec pour principal objectif d’ameliorer la connectivite entre l’Asie et l’Afrique. «Maurice a un avantage de par sa position privilégiée dans cette région en tant que passerelle en direction de l’Afrique australe et de l’Afrique orientale», confiait recemment Yoshiharu Kato, ambassadeur du Japon a Maurice, dans une recente interview a l’express.

En effet, depuis le transfert de l’ambassade du Japon de Madagascar a Maurice, les relations entre Tokyo et Port-Louis ont ete renforcees. L’Economic Development Board (EDB) a deja a cet effet ouvert un bureau au Japon. Dans la meme foulee, plusieurs projets relient les deux pays, dont la necessite de promouvoir Maurice comme un hub pour les investissements, le commerce et les services financiers sur l’axe Japon-Afrique. Et ce dans plusieurs secteurs : la manufacture, la technologie de pointe, le transport, l’economie oceanique et la gestion des catastrophes naturelles, entre autres.

Maurice a parallelement fait appel a l’expertise japonaise dans divers secteurs, notamment dans la construction de routes et l’installation du radar meteorologique. «Le Japon a toujours été un partenaire de Maurice, particulièrement dans le secteur de la pêche. Nous avons mis en place notre première usine de transformation de thon avec l’aide technique du Japon. Il ne faut pas oublier que ce pays a renforcé fortement son budget militaire pour différentes raisons, dont celles de la lutte contre le terrorisme et la protection des zones maritimes», ajoute Arvind Bollell.

Sous le couvert d’aides et de partenariats de la part de ces puissances economiques doiton y deceler d’autres desseins, d’autant plus que les echanges commerciaux avec ces geants economiques sont negligeables ? «C’est toujours une ouverture en termes de marché; il faut développer notre stratégie de marketing car on a un accès préférentiel avec ces pays en termes de droits de douane et c’est un avantage important. Pour le moment on n’exporte pas beaucoup vers la Chine, l’Inde et le Japon, contrairement à nos échanges vers l’Afrique du Sud, l’Europe ou encore les États-Unis. Mais toute opportunité d’ouverture de marché est une bonne opprtunité», precise Lilowtee Rajmun-Joosery, directrice de la Mauritius Export Association (MEXA).

Si Maurice tire des benefices des relations privilegiees avec l’Inde, le Japon et la Chine, il faut toutefois s’impliquer davantage a exposer les produits mauriciens dans ces marches tout en developpant cette passerelle avec l’Afrique, une maniere d’etre des partenaires gagnants-gagnants.