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Visite princière de Macron en Andorre, entre retraite à 65 ans, avantages fiscaux et anti-avortement

13 septembre 2019, 21:17

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Visite princière de Macron en Andorre, entre retraite à 65 ans, avantages fiscaux et anti-avortement

«Vive le prince !»: accueilli par des enfants agitant des drapeaux andorrans, Emmanuel Macron a fait vendredi la tournée des sept paroisses d’Andorre, minuscule Etat entre la France et l’Espagne qui allie avantages fiscaux, interdiction de l’avortement et retraite à 65 ans.

«Co-prince» d’Andorre au nom d’une tradition qui remonte à Charlemagne, le chef de l’Etat a visité les paroisses (communes) de Canillo, Encamp, Sant Julia de Loria et Ordino, des villages encaissés au milieu des montagnes. Et c’est avec plaisir qu’il a salué des centaines d’écoliers qui l’acclamaient, signant leurs drapeaux et même leurs baskets ou leurs avant-bras, assumant sans complexe sa «charge» princière et son histoire séculaire.

«Il y aura pendant longtemps deux visages bienveillants qui vous regardent», a-t-il lancé à l’un des maires, en référence aux portraits des deux co-princes accrochés au mur, le sien et celui de l’archevêque d’Urgell (Catalogne).

L’actualité française l’a rattrapé lorsqu’un couple de retraités l’a interpellé pour lui vanter le régime de retraites d’Andorre, un système à points avec un âge de départ à 65 ans.

«Le système a été créé en 1968, avec l’aide d’experts français qui sont venus en Andorre et ont dit qu’il ne fallait pas répéter les erreurs du système français. Et qu’il était préférable d’avoir un âge de départ à 65 ans et un système à points», ont-il expliqué.

«Et vous vous en portez bien ? Et c’est lisible pour les gens ?», leur a demandé avec intérêt le Président. «Oui oui», lui a assuré le mari, «et c’est très équitable».

Ici «il y a un consensus qui s’est créé». Mais «quand on passe d’un système à l’autre, la peur parfois est là», a conclu M. Macron alors qu’au même moment en France les personnels de la RATP lançaient la première offensive syndicale contre la réforme des retraites avec une grève très suivie.

Interrogé plus tard dans l’après-midi sur ce mouvement social, le chef de l’Etat a répondu: «je ne parle pas des sujets non-andorrans» lors de ce déplacement qu’il a comparé à un «pèlerinage».

«Enfant des Pyrénées»

Tout en couvrant ses hôtes de louanges sur la beauté de leur territoire, le chef de l’Etat, qui se définit comme «un enfant des Pyrénées», s’est permis une critique voilée de la fiscalité très allégée que continue à appliquer Andorre, même si la principauté a été rayée de la liste «grise» des paradis fiscaux de l’OCDE en 2010.

Il les a ainsi encouragés à mener à terme leurs difficiles négociations sur un accord d’association avec l’UE, plaidant pour «un nouveau modèle, qui ne repose pas sur des exemptions et des facilités mais sur la beauté des paysages, la force du tissu économique».

Avant lui, Nicolas Sarkozy en 2009 avait mis la pression pour que la principauté cesse son dumping fiscal, menaçant même de démissionner de sa charge de co-prince. Andorre avait alors généralisé la TVA et introduit des taxes sur les sociétés et les revenus, quoique très faibles, et signé une convention fiscale avec l’OCDE qui l’avait ensuite rayé de sa «liste grise» des paradis fiscaux. L’Etat a également levé le secret bancaire pour les ressortissants européens.

En revanche, devant les élus andorrans coiffés d’un bicorne traditionnel, M. Macron n’a pas abordé l’interdiction de l’avortement qui oblige les Andorranes à se rendre en Espagne ou en France pour interrompre une grossesse.

La députée du Val-de-Marne Albane Gaillot, qui vient de se mettre en retrait de LREM, a interpellé le chef de l’Etat jeudi pour lui demander d’intervenir sur ce sujet, en tant que co-souverain.

Devant la presse, le chef de l’Etat, chargé en tant que co-prince de «protéger l’indépendance d’Andorre», a assumé ne pas s’immiscer dans ce débat. Tout en rappelant que «nous continuerons dans les hôpitaux, en France, à accueillir les situations qui nécessitent cet engagement».