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Catalogne: manifestation test pour les indépendantistes

11 septembre 2019, 18:34

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Catalogne: manifestation test pour les indépendantistes

Deux ans après la tentative de sécession de 2017, les indépendantistes catalans vont compter leurs forces mercredi à l’occasion d’une manifestation à Barcelone tandis que la sentence judiciaire contre leurs dirigeants est attendue en octobre.

Depuis 2012, les séparatistes organisent d’énormes mobilisations le 11 septembre, jour de la «Diada», fête de la Catalogne qui commémore la chute de Barcelone en 1714 face aux troupes de Philippe V lors de la guerre de Succession d’Espagne.

Avec pour slogan «Objectif indépendance», cette manifestation, qui a rassemblé plus d’un million de personnes ces dernières années, commencera à 17H14, en référence à 1714, place d’Espagne à Barcelone.

Elle intervient à quelques semaines de l’annonce attendue en octobre de la sentence contre les douze dirigeants indépendantistes jugés cette année à Madrid pour leur rôle dans la tentative de sécession de 2017, la pire crise politique qu’ait connue l’Espagne depuis 40 ans.

En prison pour certains depuis près de deux ans, ils risquent de lourdes peines de prison, jusqu’à 25 ans pour l’ancien vice-président régional Oriol Junqueras.

«Alors que la sentence (de la Cour suprême) approche, il est important que l’on voit que nous nous mobilisons massivement», dit à l’AFP Elisenda Paluzie, la présidente de la puissante association indépendantiste ANC qui organise cette manifestation.

«Aujourd’hui, nous allons montrer de nouveau au monde que nous persistons malgré la répression», a martelé sur Twitter l’ancien président catalan Carles Puigdemont, qui a fui en Belgique en 2017.

«Comme les gilets jaunes»

Deux heures avant le début de la manifestation, les militants, avec drapeaux et T-shirts indépendantistes, étaient déjà présents en masse dans les rues de Barcelone.

«Si nous, le peuple, nous ne nous bougeons pas, toutes ces années n’auront servi à rien», insiste Marc Casanova, un professeur de 37 ans arrivé des Pyrénées avec sa femme et ses enfants et favorable à une radicalisation de la mobilisation après la sentence.

«Il faudra tout bloquer, faire comme les gilets jaunes français mais sans violence ni vandalisme, bloquer les routes, les ports, les aéroports, les écoles», ajoute-t-il.

Intervenant depuis la chambre des députés à Madrid, le chef du gouvernement espagnol Pedro Sanchez a dit espérer qu'«un jour la Diada soit la fête de tous les Catalans et non seulement d’une partie» indépendantiste.

Selon le dernier sondage du gouvernement catalan, la question de l’indépendance divise profondément la société catalane, 48,3% des sondés s’y disant opposés et 44% favorables.

Divisions

Deux ans après un référendum d’autodétermination interdit, marqué par des violences policières, et une vaine déclaration d’indépendance, le camp indépendantiste, qui avait fait front commun en octobre 2017, est lui aussi divisé.

Ensemble pour la Catalogne (JxC) de Carles Puigdemont prône la «confrontation» avec Madrid tandis que la Gauche républicaine de Catalogne (ERC) d’Oriol Junqueras a une approche plus modérée et favorable au dialogue avec le pouvoir central. Les deux formations sont alliées au sein du gouvernement régional.

Dans ce contexte, l’ANC a souligné l’obligation de «tisser une unité stratégique qui permette d’obtenir l’indépendance».

Signe de cette volonté, les organisateurs veulent que les manifestants forment une grande étoile dans les rues débouchant sur la place d’Espagne comme un symbole de la convergence des différents courants vers l’objectif commun de la sécession.

Mais certains militants paraissent désorientés.

«Nous sommes dans une situation d’impasse et j’ai peur qu’elle dure toujours. Pour moi, il est clair que ni ma génération, ni la suivante ne connaîtront l’indépendance», dit à l’AFP Quim Alvarado, un historien de 47 ans de Figueras.

Les plus radicaux ont eux appelé à se rassembler plutôt devant le Parlement catalan en vue de l’occuper.