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Hong Kong: la cheffe de l’exécutif dément vouloir démissionner

3 septembre 2019, 16:22

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Hong Kong: la cheffe de l’exécutif dément vouloir démissionner

La cheffe de l’exécutif hongkongais Carrie Lam, qui concentre sur elle depuis trois mois la colère du mouvement pro-démocratie, a affirmé mardi n’avoir aucune intention de démissionner, après la fuite d’un enregistrement audio dans lequel elle dit vouloir quitter son poste.

L’ex-colonie britannique traverse depuis juin sa pire crise politique depuis sa rétrocession à la Chine en 1997. La mobilisation est partie du rejet d’un projet de loi de Carrie Lam qui visait à autoriser les extraditions vers la Chine continentale.

Le texte a été suspendu mais les manifestants ont élargi leurs revendications pour dénoncer le recul des libertés à Hong Kong et des ingérences grandissantes de la Chine dans les affaires de sa région semi-autonome.

«Je me suis dit plusieurs fois ces trois derniers mois que mon équipe et moi devions rester pour aider Hong Kong», a déclaré mardi matin Mme Lam lors d’une conférence de presse.

Elle a ajouté n’avoir «même pas envisagé» de discuter de sa démission avec le gouvernement chinois. Pékin a la souveraineté sur le territoire hongkongais néanmoins doté d’une grande autonomie qui lui est garantie en théorie jusque 2047 en vertu du principe «Un pays, deux systèmes».

«Marge très limitée»

Mme Lam s’exprimait après la diffusion par l’agence Reuters d’un enregistrement audio où on l’entend dire qu’elle démissionnerait si elle le pouvait.

«En tant que cheffe de l’exécutif, avoir créé un tel chaos est impardonnable», dit Mme Lam lors d’une rencontre privée la semaine dernière avec des dirigeants d’entreprises, selon l’enregistrement.

«Si j’ai le choix», dit-elle en anglais dans l’enregistrement, «la première chose est de démissionner, en ayant présenté de profondes excuses.»

Dans cet enregistrement, Mme Lam explique cependant n’avoir qu’une marge de manoeuvre «très limitée» pour résoudre la crise, qui est devenue une affaire de sécurité nationale et de souveraineté pour le gouvernement central chinois.

A Pékin, le gouvernement chinois a assuré mardi devant la presse, par la voix du porte-parole du Bureau des affaires de Hong Kong et Macao, Yang Guang, qu’il soutenait «fermement» Carrie Lam.

Le régime communiste a par ailleurs averti qu’il ne resterait «jamais les bras croisés» si la situation devait dégénérer.

Dans l’enregistrement audio, Mme Lam dit penser que Pékin «n’a absolument aucun plan» visant à déployer l’armée chinoise. «Ils savent que le prix à payer serait trop élevé».

Elle affirme également que la Chine n’a pas fixé «de date butoir» pour réprimer les troubles.

Lors de sa conférence de presse, Mme Lam a jugé «inacceptable» la fuite de cet enregistrement, et rejeté les accusations selon lesquelles celle-ci aurait en fait été orchestrée par elle ou son gouvernement.

«Le conflit selon lequel je voudrais démissionner mais ne le pourrais pas n’existe pas», a-t-elle affirmé.

Des manifestants ont accusé la cheffe de l’exécutif de ne chercher qu’à s’attirer de la sympathie.

«Le droit de manifester»

Mardi, des centaines de personnes se sont rassemblées dans un parc de la ville alors que les étudiants poursuivaient leur campagne de boycott des cours lancée lundi.

Hong Kong est depuis trois mois le théâtre d’actions quasi quotidiennes, qui ont parfois dégénéré en heurts entre forces de l’ordre et radicaux.

Les manifestations de ce week-end ont d’ailleurs été parmi les plus violentes depuis juin, avec des jets de briques et de cocktails Molotov par des protestataires contre la police, qui a riposté en faisant un usage massif des gaz lacrymogènes, des canons à eau, et en chargeant les manifestants jusque dans les rames du métro.

Pékin, qui avait le mois dernier évoqué des actes de quasi-terrorisme dans les manifestations hongkongaises, a paru cependant vouloir calmer le jeu mardi. Les habitants de Hong Kong, «y compris les jeunes étudiants» ont le droit de manifester «pacifiquement», a assuré devant la presse un porte-parole du Bureau des affaires de Hong Kong et Macao, Yang Guang.

M. Yang a reconnu l’existence de «problèmes sociaux» qui affectent depuis longtemps la population de Hong Kong, «particulièrement la jeunesse»: «difficultés de logement, inégalités entre riches et pauvres, ascenseur social en panne».

Plus de 1.100 manifestants ont été arrêtés depuis le début de la mobilisation, y compris des figures du combat pro-démocratie et des députés la semaine dernière.