Publicité

Echange de tirs entre Israël et le Hezbollah libanais, dans un contexte de vives tensions

1 septembre 2019, 21:19

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Echange de tirs entre Israël et le Hezbollah libanais, dans un contexte de vives tensions

Israël et le mouvement chiite libanais Hezbollah ont échangé dimanche des tirs de missiles de part et d’autre de leur frontière commune, dans un contexte de vives tensions qui a fait craindre une escalade avant que la situation ne s’apaise, du moins provisoirement.

En début de soirée, les autorités israéliennes ont indiqué que des tirs de missiles antichars du Hezbollah plus tôt en journée avaient touché une ambulance militaire, sans toutefois faire de victime, contrairement à ce qu’avait d’abord affirmé le mouvement chiite libanais.

«L’échange de tirs est fort probablement terminé», a dit le porte-parole de l’armée Jonathan Conricus, alors que le Premier ministre Benjamin Netanyahu a déclaré avoir donné l’ordre à l’armée de rester «prête à tous les scénarios».

«Nous réagirons en fonction des développements», a ajouté M. Netanyahu, se félicitant qu’Israël ne compte «même pas une égratignure».

Le Hezbollah libanais a lui affirmé avoir «détruit» un «véhicule militaire» de l’armée israélienne dans le secteur d’Avivim, dans le nord d’Israël, selon sa chaîne TV Al-Manar.

L’armée israélienne a brièvement demandé à la population vivant dans un périmètre de 4 km autour de la frontière libanaise de rester chez elle et d’ouvrir les abris antibombes. Les militaires israéliens avaient aussi bloqué l’accès à la frontière à la presse.

D’après une source proche du Hezbollah, ces tirs vers Israël sont une «riposte» à une frappe mortelle la semaine dernière d’Israël contre un village syrien d’où, selon l’Etat hébreu, le mouvement libanais et son allié de l’Iran préparaient une attaque au «drone kamikaze».

L’unité ayant mené l’opération de ce dimanche porte ainsi le nom de deux combattants du Hezbollah, Hassan Zbib et Yasser Daher, tués en Syrie dans cette frappe du 24 août.

«Cent obus»

En représailles aux tirs du Hezbollah sur le nord d’Israël, l’armée israélienne a bombardé un secteur du sud du Liban, considéré comme «la source des frappes» du Hezbollah.

«Nous avons riposté avec 100 obus et des tirs aériens», a affirmé Benjamin Netanyahu. Les forces israéliennes ont «visé les environs des localités de Maroun al-Ras, Aïtaroun et Yaroun avec plus de 40 roquettes à fragmentation ou incendiaire, ce qui a provoqué des incendies» dans ces secteurs boisés, a de son côté rapporté l’armée libanaise.

Ces villages se trouvent juste en face de la localité israélienne d’Avivim (nord), cible des missiles antichars du Hezbollah.

Ces échanges de tirs interviennent sur fond de tensions croissantes entre Israël et le Hezbollah: le mouvement chiite a aussi accusé la semaine dernière l’Etat hébreu d’avoir mené des frappes de drones sur son propre bastion de la banlieue sud de Beyrouth.

Cette «attaque», survenue quelques heures seulement après celle menée en Syrie, avait été présentée par le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah comme «le premier acte d’agression» d’Israël au Liban depuis la guerre dévastatrice de 2006 --ce conflit entre l’Etat hébreu et le mouvement chiite avait fait en 33 jours 1.200 morts côté libanais et 160 côté israélien.

Le président libanais Michel Aoun avait lui parlé de «déclaration de guerre».

De son côté, Israël avait «dévoilé» un plan de l’Iran, via son allié du Hezbollah libanais, visant selon lui à transformer des roquettes en missiles de précision pouvant frapper l’Etat hébreu. Il avait ajouté tenir pour «responsable» le Liban, le Hezbollah opérant sur le territoire libanais.

Selon l’armée israélienne, l’Iran a tenté entre 2013 et 2015 de transporter des missiles de son territoire jusqu’au Liban, via la Syrie. Mais des «opérations israéliennes» ont freiné ce projet et Téhéran a modifié son approche en 2016 afin non pas de transporter des missiles mais de «convertir» des roquettes en missile de haute précision.

«Deuxième riposte»

«Nous sommes déterminés à empêcher nos ennemis de posséder des armes de destruction (...) et je leur dis: «dir balak»» (Prenez garde, en arabe, a récemment déclaré Benjamin Netanyahu, actuellement en campagne pour les législatives du 17 septembre.

Son principal rival, l’ancien chef de l’armée Benny Gantz, a renchéri samedi soir sur Twitter en appelant le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah à avoir «pitié» du Liban. «Ne pousse pas Tsahal (l’armée israélienne, NDLR) à le ramener à l’Age de pierre», a-t-il écrit.

Preuve que l’accalmie pourrait n’être que temporaire, une source proche du Hezbollah a évoqué l’hypothèse d’une «deuxième riposte» à venir du mouvement chiite, en allusion à l’attaque au drone armé contre la banlieue sud de Beyrouth.

«Elle n’a pas encore eu lieu, et elle se fera dans les airs, avec la confrontation des drones israéliens», a poursuivi cette source.

Dimanche, face au risque d’escalade, le Premier ministre libanais Saad Hariri s’est entretenu avec le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo et avec un conseiller d’Emmanuel Macron, pour demander l’intervention des Etats-Unis, de la France et de la communauté internationale.

La Finul, force de maintien de la paix de l’ONU déployée dans le sud du Liban à la frontière avec Israël, a appelé à «la plus grande retenue».