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Services financiers: Maurice veut être réévalué sur les risques de blanchiment

30 août 2019, 16:24

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Services financiers: Maurice veut être réévalué sur les risques de blanchiment

Le rapport national sur les mesures prises pour réduire les risques de blanchiment d’argent et de financement du terrorisme est paru. Le pays demande à l’ESAAMLG une révision de son statut sur l’échelle des risques.

Fort d’un cadre légal musclé pour combattre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, le gouvernement réclame une réévaluation de son statut au secrétariat de l’Eastern and Southern Africa Anti-Money Laundering Group. Objectif : se conformer aux 11 recommandations de la Financial Action Task Force (FATF) et du FATF Global Network, qui comprend un réseau mondial de 190 pays. Ces recommandations avaient été transmises en mai 2019. Cette demande sera à l’agenda des discussions des prochaines réunions de l’ESAAMLG à Eswatini, exroyaume du Swaziland, la semaine prochaine.

Hier matin, lors du lancement du rapport national sur l’évaluation des risques de blanchiment d’argent et de financement du terrorisme, le ministre des Services financiers et de la bonne gouvernance, Sudhir Sesungkur, a lancé le débat sur ses principales conclusions. Ainsi, selon ce rapport qui fait suite à un National Risk Assessment (NRA) effectué par le ministère en collaboration avec la Financial Intelligence Unit et le soutien de la Banque mondiale, le risque de blanchiment d’argent est jugé comme étant «medium-high», compte tenu de la position stratégique de Maurice dans le sud de l’océan Indien. Lié au développement tant en Afrique subsaharienne qu’en Asie du Sud, le pays est confronté à des risques internes et externes venant du blanchiment d’argent. Parallèlement, sa posture de centre financier international fait que Maurice est exposé aux menaces transfrontalières.

Les conclusions du NRA démontrent qu’en interne les principaux actes favorisant les crimes sont le trafic de drogue, les fraudes, les paris illégaux, les crimes financiers et la corruption. Quant aux menaces externes, elles viennent surtout de fonds provenant de fraudes et d’actes de corruption commis hors de Maurice. Dans la plupart des cas, selon le rapport, les fonds circulent à travers le secteur des services financiers de Maurice comme une destination de transit, soit par les criminels eux-mêmes ou par le biais de blanchisseurs professionnels.

Est-ce que Maurice est vulnérable face au phénomène de blanchiment d’argent ? Oui, souligne le document qui qualifie ce risque de «medium-high». Cette notation est influencée par la capacité du pays à combattre ce risque en l’absence d’une politique bien définie en matière du blanchiment d’argent et du financement du terrorisme ainsi que la présence d’autres failles relevées. Le rapport note, par ailleurs, des faiblesses comme le manque de ressources des institutions chargées d’enquêter sur les délits de blanchiment d’argent et le recouvrement des actifs. Dans la même foulée, il signale l’absence d’une stratégie nationale couplée à une coordination insuffisante entre les différentes autorités responsables de combattre ce délit financier. Résultat des courses : des retards accumulés dans la poursuite judiciaire des cas en suspens.

Un autre facteur qui influence les procédures d’évaluation du blanchiment d’argent est la fragilité de ce secteur, en général. Cela tient au fait que des activités, comme les paris, l’immobilier, la bijouterie, le trust, la profession légale et d’autres institutions financières opérant sous la Financial Services Commission, sont considérées comme étant vulnérables et sont classées comme étant «at medium-high risk».

En ce qui concerne le financement du terrorisme, Maurice est jugé comme paisible et jouissant d’une certaine stabilité politique. Le pays était classé 20e à l’échelle mondiale et 1er en Afrique subsaharienne, au Global Peace Index de 2018. «There is general international consensus that the country is a relatively safe place with no reported terrorist attack», peut-on lire dans le rapport à la page 8. Il est aussi dit que le risque de financement du terrorisme est considéré «average»

Et qu’en est-il de l’avenir ? Selon le ministre Sesungkur, le NRA a mis en exergue des domaines prioritaires pour Maurice. D’où la mise en place d’une stratégie nationale d’Anti Money Laundering & Combating the Financing of Terrorism (AML/CFT) allant de 2019 à 2022 pour libérer la juridiction mauricienne des risques du blanchiment d’argent et du financement du tourisme.

Vigilance accrue

<p style="text-align: justify;">La stratégie nationale du pays a identifié huit thèmes clés pour améliorer la capacité de Maurice à prévenir, détecter, voire empêcher, le blanchiment d&rsquo;argent. Ils vont du renforcement du cadre légal et régulateur d&rsquo;AML/CFT à l&rsquo;exécution d&rsquo;un cadre de supervision de risques, en passant par le renforcement des procédés à travers lesquels les menaces de blanchiment d&rsquo;argent et de financement du terrorisme sont identifiées. La consolidation de <em>&laquo;capacity building&raquo; </em>et des programmes de formation et de sensibilisation ainsi que l&rsquo;amélioration de la coopération régionale et internationale y figurent.</p>