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Pierre Poivre: leçons de sécurité alimentaire

27 août 2019, 16:02

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Pierre Poivre: leçons de sécurité alimentaire

À l’occasion du tricentenaire de la naissance de Pierre Poivre, le Blue Penny Museum lui consacre une exposition gratuite. Elle souligne son souci de trouver l’utilité des plantes, notamment pour nourrir la colonie. À voir du 30 août au 26 octobre.

Ne pas cantonner Pierre Poivre à la création du jardin de Pamplemousses. Il porte un nom prédestiné et a beaucoup travaillé avec les plantes. Mais l’œuvre de l’Intendant du Roi de 1766 à 1772 a une dimension plus large. «C’est comment faire pour que la colonie ne meure pas de faim», explique Emmanuel Richon, conservateur du Blue Penny Museum. Une question d’autant plus actuelle que «nous importons les trois quarts de ce que nous mangeons», souligne-t-il.

Voyageur, naturaliste et administrateur au nom du roi Louis XV, Pierre Poivre a pris ses quartiers au Caudan. À l’occasion du tricentenaire de sa naissance (né le 23 août 1719 – mort le 6 janvier 1786), une exposition gratuite lui est consacrée à partir du vendredi 30 août.

«Pierre Poivre a beaucoup de choses à nous apprendre», affirme Emmanuel Richon. «La liberté religieuse, c’est lui.» Il est aussi pour un retour à la nature. «Le progrès pour lui, c’est l’agriculture.» Le conservateur signale que l’exposition comporte aussi «pas mal de critiques». Exemple, quand la goyave de Chine a été importée, c’était sans se douter qu’elle allait progressivement envahir le terrain.

Tranches de vie

Extraits de ce qu’on peut lire au fil de l’exposition :

«Pierre Poivre fut le rédacteur des règlements de police sur la chasse, contre le braconnage. Il était contre la destruction abusive des cerfs. Pour remédier au désordre général, il a préparé les règlements concernant les concessions et la manière de les défricher, la multiplication des troupeaux, la propreté et l’embellissement du Camp.»

«C’est contre la corruption de mœurs que Poivre s’élève avec le plus de force (…) Si la religion y est négligée, si le luxe y côtoie le manque de pain et la misère, c’est que le sens de la vertu s’y est obscurci.»

«Lors de ses nombreux voyages, Poivre recherche activement toute nouvelle plante qui pourrait avoir une utilité. Il rencontre parfois des énigmes, telle celle du fameux coco-fesse, qui fera beaucoup parler à la cour du Roi. Il testera la culture de ces plantes aux multiples usages dans son propre jardin, en France, à la Freta, qui deviendra la balade incontournable de tous les scientifiques du moment.»

Fils de soyeux (NdlR : négociant en soierie) il étudie dans un collège catholique à Lyon, puis envisage de devenir missionnaire. Il est envoyé au séminaire des Missions étrangères à Paris. En 1741, il s’embarque pour la Chine et la Cochinchine, pour découvrir ces pays et apprendre leurs langues. Alors qu’il regagne la France en 1745, le bateau à bord duquel il se trouve est attaqué par les Britanniques. Poivre échappe de peu à la mort. Un boulet lui arrache le bras droit, ce qui l’oblige à renoncer à devenir missionnaire. Débarqué comme prisonnier à Batavia, actuelle Jakarta, il se documente sur la culture des épices, qu’il souhaite introduire dans les colonies françaises pour briser le monopole des Hollandais.»

Contre l’esclavage par logique économique

«Il a officiellement pris position par écrit contre l’esclavage, mais pas forcément pour des raisons humanistes», explique Emmanuel Richon. Pour comprendre la posture de Poivre, il faut se replacer dans le contexte. «Il dit que l’esclavage est un système qui n’est pas rentable. Lors d’un voyage au royaume de Hué (NdlR : actuel Vietnam) il raconte qu’on y cultive aussi de la canne à sucre mais que les rendements y sont bien meilleurs qu’à l’île de France. Selon lui, c’est parce qu’il n’y a pas d’esclavage. Il affirme que les rendements ne peuvent se faire que dans une cadre ‘vertueux’.»

Introduction du martin

Pierre Poivre a transporté quelques paires de martins à l’île de France en 1751. «La multiplication de ces oiseaux destructeurs de sauterelles rendait les plus grands services.»