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Dr Geeaneswar Gaya: «Un enfant témoin de crimes peut devenir un danger»

25 août 2019, 21:30

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Dr Geeaneswar Gaya: «Un enfant témoin de crimes peut devenir un danger»

Les enfants sont souvent témoins de crimes atroces. Souvent, cela implique des proches. Le Dr Geeaneswar Gaya nous parle des séquelles laissées par ces traumatismes. 

Prenons le cas de Chansela Perrine, ses trois enfants sont âgés de cinq, trois et un an. Est-il possible qu’ils arrivent à ne plus se rappeler ce qu’ils ont vu ?
Pour l’enfant d’un an c’est possible, mais pas pour les deux autres. Des recherches prouvent qu’à partir de l’âge de trois ans, le cerveau est plus développé. L’enfant arrive à assimiler et enregistrer des choses. Il va demander où est son proche et il va s’en rappeler. Et voir une personne de sa famille se faire tuer, c’est le traumatisme le plus aigu qu’un enfant puisse vivre.

Quelles sont les étapes qu’ils traversent dans leur tête ?
Il y a d’abord la phase de choc. Dans un premier temps ils peuvent ne pas réaliser ce qui s’est passé. Mais ensuite quand ils le font, ça peut prendre une ou deux semaines, ce sera le moment le plus dur pour eux. Ils vont vraiment en souffrir et auront besoin de beaucoup d’attention, de soutien.

Comment procéder en tant que professionnel ?
Il faut surtout ne pas bousculer l’enfant et banaliser la situation. Ils auront des questions aussi. Pourquoi ça s’est passé comme ça ? Le psychologue et le psychiatre doivent les écouter et en même temps répondre à leurs questions graduellement jusqu’à ce qu’ils comprennent et acceptent. De plus, il faut comprendre qu’après ce genre de traumatisme, l’enfant aura du mal à faire confiance. Il sera méfiant. C’est un long suivi.

Et s’il n’est pas suivi correctement ?
Ça peut jouer sur son comportement plus tard. Il deviendra graduellement agressif car il a vu l’agressivité. De petites choses peuvent faire qu’il se rappelle ce qui s’est passé et il peut devenir un danger pour lui-même ou pour les autres car il va tenter de se venger. C’est pour cela qu’il faut un suivi psychologique. Pour réduire la colère et l’incompréhension. Adultes, ils n’oublieront pas certes mais s’ils ont été bien traités, ils pourront vivre de manière positive avec ce traumatisme.

Dans ces cas, est-ce mieux qu’un enfant soit suivi par un psychiatre ou un psychologue ?
C’est mieux que ça soit un psychiatre. Car dans ce genre de traumatisme, il faut conseiller, épauler mais ça peut aussi avoir des réactions biologiques qui demanderont un traitement pathologique.