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Faux affidavit allégué: Me Jaykar Gujadhur doit-il démissionner de la Law Society ?

12 août 2019, 13:45

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Faux affidavit allégué: Me Jaykar Gujadhur doit-il démissionner de la Law Society ?

De graves allégations ont été portées contre un Senior Attorney. La Law Society enquête, sauf que l’avoué en question est aussi le vice-président de l’Ordre. La question d’éthique professionnelle se pose.

Que doit-il faire ? Me Jaykar (appelé affectueusement «Jiki») Gujadhur, Senior Attorney, devrait-il démissionner ou «step down» temporairement comme vice-président de la Law Society, le temps que l’enquête pour déterminer s’il a commis un faux dans un affidavit soit bouclée ? Et ce, pour ne pas gêner ses pairs de l’Ordre des avoués, appelés ces jours-ci à enquêter sur de sérieuses allégations relatives à son éthique professionnelle.

Pour rappel, une plainte a été déposée, en bonne et due forme, par des membres d’une famille habitant le Nord, dont un avocat de carrière, et sa maman, une vieille dame âgée de 85 ans, auprès de la Law Society, avec copie à la Master and Registrar de la Cour suprême, à l’Attorney General et au chef juge Eddy Balancy.

Si nombre d’avoués ne sont pas encore au courant de cette affaire, qui a éclaté il y a quelques jours seulement, la plupart de ceux qui en ont eu vent estiment que Jaykar Gujadhur n’a d’autre choix que de prendre un congé de l’Ordre des avoués, pour éviter une situation clairement conflictuelle. C’est aussi le sentiment de la plupart des Senior Attorneys et avoués que l’express a contactés par rapport à cette affaire, laquelle mobilise la Law Society de puis la semaine dernière, selon nos informations.

Héritage et partage de biens

Contacté, Me Georgy Ng Wong Hing, secrétaire de la Law Society, a promis de revenir vers nous pour une déclaration sur cette délicate affaire liée à une histoire d’héritage et de partage de biens fonciers dans la capitale et dans le Nord. Nous sommes toujours dans l’attente de sa déclaration.

Toujours du côté de la Law Society, le mot d’ordre semble officiellement être motus et bouche cousue. Mais en «off record», un Senior Attorney nous a affirmé que c’est à Jaykar Gujadhur de faire preuve de «fair-play ou de classe», en se retirant volontairement, le temps que cette affaire soit débattue et tranchée. D’autant que d’autres institutions ont été alertées sur les allégations de maldonne (détaillées dans plusieurs documents), qu’on prête au Senior Attorney Jaykar Gujadhur.

Un Senior Counsel, spécialiste des affaires criminelles, qui a vu certains des documents contenant les dites allégations contre le Senior Attorney Jaykar Gujadhur, nous a confié que ce dernier aurait dû démissionner de son poste de vice-président de l’Ordre des avoués au moment même où a été informé qu’une plainte de cette nature a été déposée contre lui auprès du chef juge, de la Master and Registrar de la Cour suprême et de la Law Society. Et qu’il aurait dû laisser au Complaints Committee de l’Ordre toute la liberté voulue et le temps qu’il faut pour enquêter en toute indépendance.

«Esprit corporatiste»

Notre source ajoute qu’éthiquement, cette affaire aura immanquablement des répercussions négatives sur l’image de l’Ordre des avoués, qui pourrait être taxé d’esprit corporatiste si jamais Jaykar Gujadhur reste en poste malgré les allégations portées contre lui. Car l’avoué en question est, pour l’heure, «judge and party at the same time».

S’il n’y a rien contre Jaykar Gujadhur, il pourrait alors réintégrer l’Ordre des avoués et reprendre son poste de vice-président si l’exécutif de la Law Society est satisfait de ses explications par écrit. Jaykar Gujadhur, contacté par l’express, a déclaré avoir déjà soumis ses explications écrites à la Law Society et s’est demandé pourquoi il devrait nous les faire parvenir, avant de raccrocher gentiment.

Dans leur missive adressée, entre autres, au chef juge, en date du 8 août, des héritiers d’une famille indiquent qu’un vieux litige entre eux a été réglé le 1er juin, devant le juge Bobby Madhub, siégeant en chambre. Leur plainte a été amendée en ce sens. Ils reprochent à leur avoué, Jaykar Gujadhur, son «unprofessional conduct and behaviour and breach of professional ethics» (il aurait, entre autres, transmis les instructions de son client à la partie adverse).

Préjudices

Ces héritiers ne comptent pas laisser tomber l’affaire car, disent-ils, les préjudices subis, surtout par leur mère, une veuve de 85 ans, seraient conséquents. «En raison de tout ce qu’il a fait, Me Jaykar Gujadhur ne peut plus représenter ma mère, ma sœur et moi-même», explique l’un des héritiers. De plus, dit-il, il a déjà consigné une déposition à la Criminal Investigation Division de Moka sur cette affaire, laquelle concerne aussi un notaire.

Sur recommandation du chef juge d’alors, Kheshoe Parsad Matadeen, Me Jaykar Gujadhur a été fait Senior Attorney en 2016, en même temps que l’avouée Zubeida Ismael Salajee, actuelle présidente de la Law Society, et de deux autres avoués, Bhooneswur Sewraj et André Joseph Robert.

Me Jaykar Gujadhur, autrefois proche du cabinet ENS Africa, s’est fait remarquer en rédigeant des affidavits visant à faire taire ceux qui gênent le pouvoir en place. Parmi eux, figure le syndicaliste Raj Ramlugun, à qui le conseil d’administration d’Air Mauritius, qui comprend Prakash Maunthrooa et Bissoon Mungroo, réclame Rs 50 millions en raison des questions légitimes qu’il a soulevées sur des cas de «mismanagement» à Air Mauritius.

Affaire à suivre car d’autres éléments seront versés au dossier Jaykar Gujadhur sous peu, apprenons-nous...