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Syrie: 27 morts dans des raids russes sur un marché, Moscou dément

22 juillet 2019, 16:44

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Syrie: 27 morts dans des raids russes sur un marché, Moscou dément

Au moins 27 personnes ont été tuées lundi dans des raids sur un marché d’Idleb, imputés par l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH) à l’aviation russe qui soutient le régime de Bachar al-Assad, Moscou démentant toute responsabilité.

Le régime de Bachar al-Assad et son allié russe ont intensifié depuis fin avril leurs bombardements sur la province d’Idleb et sur des zones adjacentes dans les provinces limitrophes d’Alep, de Hama et de Lattaquié.

La région échappe toujours au contrôle du régime et reste dominée par les jihadistes du groupe Hayat Tahrir al-Cham (HTS, ex-branche syrienne d’Al-Qaïda). D’autres factions rebelles et jihadistes y sont présentes.

Plus de 650 civils y ont été tués en près de trois mois, selon l’Observatoire, tandis que 330.000 personnes ont fui les violences, d’après l’ONU.

Lundi matin, plusieurs frappes aériennes russes ont visé un marché de la ville de Maaret al-Noomane, dans la province d’Idleb, où étaient installés des grossistes de légumes, selon l’OSDH qui fait état d’immeubles à proximité également touchés.

L’Observatoire, qui dispose d’un vaste réseau de sources en Syrie, détermine les auteurs des raids à partir du type d’avion utilisé, du lieu de la frappe, des plans de vol et des munitions utilisées.

Au moins «27 personnes ont été tuées, dont 25 civils et deux victimes qui n’ont pas encore été identifiées», selon le directeur de l’OSDH, Rami Abdel Rahmane.

L’armée russe a démenti avoir mené des raids sur le secteur, dénonçant des accusations des Casques blancs, organisation de secouristes opérant en zone rebelle.

«Les déclarations de représentants anonymes de l’organisation des «Casques blancs», financée par le Royaume-Uni et les Etats-Unis, sur de soi-disant frappes de l’aviation russe sur un marché de Maaret al-Noomane sont fausses», a déclaré le ministère russe de la Défense dans un communiqué.

Des secouristes des Casques blancs, aidés par des habitants, transportaient lundi des blessés couverts de sang, évacués à bout de bras ou sur des matelas transformés en civières de fortune, a constaté un photographe collaborant avec l’AFP.

Un homme gisait sans vie sur la chaussée couverte de décombres. Le visage couvert de poussière grise, une autre victime, blessée, était escortée par deux hommes, qui la tenaient par les bras. Des habitants fuyaient la zone, portant des enfants, souvent pieds nus, selon le photographe.

«Conditions dramatiques»

Les Casques blancs ont rapporté la mort d’un de leurs bénévoles. Les frappes de lundi ont aussi fait 45 blessés, selon l’OSDH.

Dimanche déjà dans la région d’Idleb, 18 civils, dont sept enfants, ont été tués dans des raids imputés surtout au régime mais aussi à son allié russe par l’OSDH.

Parmi les victimes figure un journaliste citoyen de 22 ans. Anas Dyab, photographe et vidéaste ayant collaboré avec l’AFP, était également un bénévole des Casques blancs.

Par ailleurs, deux cardinaux du Vatican étaient lundi à Damas pour rencontrer le président Assad.

Ils lui ont remis une lettre du pape François, qui a exprimé sa «profonde préoccupation pour la situation humanitaire en Syrie, en particulier pour les conditions dramatiques de la population civile à Idleb», selon un communiqué du Vatican.

«Tragédie»

Cette recrudescence de violence intervient malgré un accord conclu en septembre 2018 entre la Russie et la Turquie, parrain de certains groupes rebelles, visant à éviter à Idleb une offensive d’envergure des forces loyales à Damas.

L’initiative prévoyait une «zone démilitarisée» pour séparer les territoires tenus par les jihadistes et les rebelles des zones gouvernementales attenantes.

«La zone de désescalade est rapidement devenue un des endroits les plus dangereux au monde pour les civils», a asséné lundi un porte-parole du Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha), David Swanson, réclamant un cessez-le-feu pour «mettre fin à la tragédie».

Pour Sam Heller, du centre de réflexion International Crisis Group, les violences devraient se poursuivre jusqu’à ce que «la Russie et la Turquie arrivent à un accord établissant le calme sur le front».

En attendant, «chaque camp essaie de faire pression sur l’autre, à travers les partenaires syriens sur le terrain» ou bien «directement avec les bombardements russes sur des régions d’Idleb», ajoute-t-il.

De leur côté, les jihadistes et les rebelles tirent sporadiquement des roquettes et des obus sur les régions gouvernementales. Ces tirs ont déjà tué une cinquantaine de civils.

Lundi, sept civils, dont deux enfants, ont péri dans des tirs de roquettes de groupes rebelles et jihadistes sur un village sous contrôle du régime dans le nord de la province de Hama, ont rapporté les médias d’Etat.

Déclenchée en 2011, la guerre en Syrie a fait plus de 370.000 morts et déplacé des millions de personnes.