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Infrastructures : des habitants de Résidence Barkly racontent leur vie «margoz»

17 juillet 2019, 20:38

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Infrastructures : des habitants de Résidence Barkly racontent leur vie «margoz»

 

 
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À côté du métro moderne qui se met en place, cité Tôle s’enfonce dans la pauvreté. Maisons en ruine, absence d’autobus, drogue et délinquance sont les signes que les autorités les ont «oubliés».

La ville de Beau-Bassin ne porte pas son nom car elle n’est plus belle pour eux. Dans un coin de Résidence Barkly, les habitants de cité Tôle ont une flopée de problèmes qui ne semblent pas se résoudre depuis des années. «Nou santi nou rézété, imilié… Lavi-la margoz», déclare Burty Fidèle. Ce père de 30 ans est désolé de la situation dans laquelle se trouve Barkly. Ayant grandi en ces lieux, il dit avoir l’impression que ses voisins et lui n’existent pas pour l’État. «Bizin trasé», dit-il, «bat kot gagné» pour élever ses deux enfants en bas âge. «Nous n’aimons pas rester dans la pauvreté mais toutes les portes auxquelles nous frappons restent fermées, nos enfants ne sont pas en sécurité et la drogue prend le dessus dans notre quartier.»

En effet, depuis plusieurs années, la situation laisse à désirer. Avec le temps, les maisons avec leur toit en tôle sont en train de tomber en ruine. Prélarts et plastique sont devenus les moyens d’éviter que les toits ne se transforment en passoire lors des fortes pluies. Suzanne Jameer, 76 ans, ne dort plus, tout comme ses voisins d’ailleurs. Cette femme soutient avoir entamé des démarches pour une toiture depuis des lustres mais que tout tombe à l’eau à chaque fois, comme sa maison. «Mo’nn fatigé dan mo vié zour fer démars. Nou tou imin ki res la. Kifer zot pa pran nou kont ? Li pa normal », déplore la vieille dame, la gorge nouée.

Comme elle, Noël Mikale, aussi âgé de 76 ans, se dit désolé de voir l’état de Barkly. Des histoires, il en a des tas. Il se rappelle encore le temps où Barkly produisait de bons athlètes, des moments où cet endroit n’était pas exclu et ne faisait l’objet d’aucun stéréotype. «Nous nous sentons  condamnés, plus les années passent plus la situation se dégrade. Ils disent que nous sommes dans un endroit où nichent des drogués mais que font-ils pour y remédier ?»

Outre l’état de leurs maisons, ils dénoncent le fait qu’il n’y a plus de centre de jeunesse dans le quartier. Le chômage s’est installé et la drogue a pris le dessus. Les parents disent craindre pour l’avenir de leurs enfants. «Bann zanfan-la péna lwazir. Dé sant éna, zot res fermé. Kouma ou lé zot pa fini dan  délinkans ?» ajoute Noël Mikale, grand-père de huit petits-enfants.

«Délaissée par l’état»

Depuis que les travaux du métro léger ont commencé, leur situation va de mal en pis. Ils doivent marcher environ deux kilomètres pour avoir un autobus puisqu’il n’y en a plus qui passe par là. «Nou bann zanfan an danzé. Dayer, kot lékol péna trotwar é péna lapolis kan lékol largé. Nou’nn plin ar fer démars, nou’nn fatigé ar alé-vini rod led», explique Sarah, une autre habitante désespérée.

Rajesh Bhagwan, député de la circonscription de Beau-Bassin–Petite- Rivière, dit être conscient des problèmes qu’il y a dans cet endroit. Il déclare que son collègue, Franco Quirin, et lui sont souvent sur le terrain. «Nous avons soulevé les problèmes de ce quartier à plusieurs reprises au Parlement mais Barkly est délaissée par l’État et la municipalité. » Le parlementaire dit préparer d’autres questions sur cet endroit pour les évoquer la semaine prochaine au Parlement.

Un préposé du ministère du Logement et des terres indique, quant à lui, que des projets de construction de maisons sont en cours dans cette localité. «C’est un projet en deux phases. Une partie des familles a été relogée, jusqu’à la fin des constructions qui devraient se faire en décembre.»

Pour sa part, le député de la majorité Guito Lepoigneur dit n’avoir reçu aucune doléance des habitants. Toutefois, il assure qu’il fera un tour sur le terrain dès aujourd’hui pour prendre connaissance des difficultés des habitants. Alain Aliphon et Anil Gayan, aussi députés de la circonscription, sont quant à eux restés injoignables.