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Gina Poonoosamy: «Les enfants avec un handicap ont besoin d’une aide professionnelle qui coûte»

13 juillet 2019, 16:17

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Gina Poonoosamy: «Les enfants avec un handicap ont besoin d’une aide professionnelle qui coûte»

Anou grandi fête ses 20 ans cette année. En effet, c’est en janvier 1999 que Gina Poonoosamy lance la structure. Depuis ces années, l’ancienne Chief Welfare Officer à la municipalité de Port-Louis y consacre tout son temps. Trois ans auparavant, l’ancienne fonctionnaire avait pris sa retraite anticipée. «Je n’en pouvais plus. J’avais fait un burn-out. J’avais besoin de me reconstruire», affirme-t-elle. La retraitée entame alors un parcours spirituel qui la mène vers la communauté de Saint Ignace à Maurice et à un groupe de catéchètes au sein du diocèse catholique.

En même temps, Gina et Rama Poonoosamy, son époux, se rendent compte que leur fille Amsi, alors en maternelle, avait des difficultés d’adaptation au milieu scolaire. Les parents cherchent conseils auprès des professionnels. Mais à Maurice, dans les années 90, les écoles spécialisées ne sont pas nombreuses.

En janvier 1999, après un entretien avec Sylvette Davy, la directrice de l’école Bethléem, Gina Poonoosamy décide de créer une structure. Les Soeurs du Bon et Perpétuel Secours y apportent une contribution décisive en mettant à disposition une petite salle à la rue Edith Cavell, à Port-Louis. Anou Grandi est lancée : une salle, une élève, Amsi, une institutrice, Séverine Daruty, et une dame, Rajendree, comme personnel de soutien. «Mère Teresa avait débuté avec une seule malade», fait remarquer Gina Poonoosamy.

Par la suite, sont arrivés d’autres enfants. Heureusement que les sponsors répondent présents. Et l’État dans tout cela ? «Il faut reconnaître que les pouvoirs publics ont pris la mesure des difficultés éprouvées par les enfants pour lesquels l’école conventionnelle n’est pas adaptée», répond l’animatrice de l’organisation non gouvernementale (ONG).

Toutefois, sur le terrain, la situation est difficile. «Il faut savoir que dans des structures spécialisées, un enseignant ne peut pas s’occuper de plus de sept enfants à la fois», fait remarquer Gina Poonoosamy. Ainsi, les coûts de fonctionnement d’une école spécialisée sont élevés.

Appel aux authorités

Le manque de fonds se fait sentir depuis la création de la CSR Foundation. Les sponsors ne mettent plus autant de moyens à la disposition des ONG. La directrice d’Anou Grandi lance un appel aux autorités. «Les enfants avec un handicap ont besoin d’une aide professionnelle qui coûte. Les responsables de la CSR Foundation doivent comprendre cela.»

En attendant, Gina Poonoosamy, comme d’autres volontaires, continuent à se battre au quotidien pour une cause. Notre interlocutrice, elle, en est habituée. Jeune, elle s’était engagée dans le travail social au sein de l’Institut pour le progrès (IDP).

L’engagement de la portlouisienne, à l’époque, la conduit à des études en sciences sociales et à un emploi au département du bien-être social de la municipalité de Port-Louis. Elle y gravit les échelons pour terminer sa carrière comme Chief Welfare Officer. Portée par l’action culturelle, Gina Poonoosamy a été membre d’un ensemble musical au sein de l’IDP. Elle est aussi montée sur scène avec la Trup Sapsiwaye.

Pour la fondatrice d’Anou Grandi, ce sont là des souvenirs, bons sans aucun doute. Aujourd’hui, elle se consacre à l’école gérée par les parents des enfants qui y sont inscrits. À son avis, avoir une enfant avec un handicap ne doit pas être vécu comme une épreuve. «C’est une occasion pour nous ouvrir aux autres et qui nous donne une raison d’agir.»

Et Gina Poonoosamy compte bien continuer son action. Pour l’heure, elle s’affaire avec toute l’équipe d’Anou Grandi à préparer les journées portes ouvertes de l’école, la semaine prochaine, du 16 au 18 juillet à Mon-Loisir. Elle renouvelle l’invitation : «Venez voir ce que peuvent réaliser des enfants qu’on dit avec un handicap.»