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Alix Chung: «Il faut que l’originalité de l’œuvre supposément plagiée soit prouvée»

11 juin 2019, 22:00

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Alix Chung: «Il faut que l’originalité de l’œuvre supposément plagiée soit prouvée»

Grey Mauritius en voit de toutes les couleurs. Après les similitudes frappantes avec le clip des Jeux olympiques de Rio, la séparation avec le Comité d’organisation des Jeux des îles (COJI) a suivi. Pourquoi? Comment se fait-il que seul un directeur créatif ait été sanctionné ? Et le remboursement au comité ? Alix Chung, directrice de l’entreprise, s’explique.

Alors, le COJI, c’est fini. Pourquoi ?
Tout le monde s’y attendait un peu. À commencer par nos détracteurs embusqués qui pensent avoir eu le dernier mot. Quant au déferlement de commentaires malveillants, sans preuve aucune, sur les réseaux sociaux, c’est encore une fois l’illustration de l’impunité avec laquelle les allégations gratuites continuent à polluer dangereusement l’espace public à Maurice. Je voudrais rappeler que cette séparation est le fruit d’un commun accord avec le COJI et auquel nos deux parties sont parvenues dans l’intérêt supérieur des Jeux et du pays. Grey Mauritius choisira toujours le camp de la vérité et de la transparence lorsque l’intérêt de ses clients est en jeu.

Qu’est-ce que cela vous fait d’être accusée de plagiat aux niveaux national et international ?
Jusqu’à présent, Grey Mauritius n’a été accusé de rien. Il y a eu, certes, des allégations de ressemblance sur la vidéo Un océan en Partage. Comme une société qui respecte le droit d’opinion et d’expression dans un pays où prévaut l’état de droit, nous avons porté une oreille attentive à toutes les conversations, même celles qui, par moments, ont volé très bas. Puis, comme une entreprise responsable, nous avons pris ces allégations très au sérieux au point d’initier une enquête interne pour voir si celles-ci étaient fondées. Et, enfin, comme une entité transparente, nous avons communiqué les retombées de cet exercice en annonçant les mesures que vous connaissez.

Pourquoi est-ce seulement le directeur créatif qui a été sanctionné ? Quelle sanction d’ailleurs a été appliquée à son encontre ?
Nous avons quatre équipes créatives, dont chacune est composée d’un directeur créatif, d’un concepteur-rédacteur et d’un directeur artistique. Dans le cas qui nous intéresse, la personne a été suspendue du fait qu’elle chapeautait le projet au moment de l’incident. L’enquête nous a aussi indiqué qu’il fallait appliquer des mesures, mais moins sévères, contre d’autres membres de cette équipe créative. L’enquête interne se poursuit, avec, pour finalité, de renforcer nos bonnes pratiques pour le bien de nos clients, y compris le COJI.

Pourquoi d’autres personnes, même vous, ne sont pas sanctionnées ?
Si certains veulent prétendre que d’autres personnes auraient dû également être concernées par une procédure disciplinaire, je les invite à les désigner avec preuve à l’appui.

Votre société a mentionné qu’elle allait rembourser le COJI proportionnellement. Qu’est-ce que cela veut dire concrètement ?
On ne sait pas encore s’il y aura dédommagement ou pas. La question de taux ne se pose donc pas. Il ne faut pas confondre remboursement et indemnisation, quoique, dans certains cas, l’une peut ne pas s’opposer à l’autre. L’indemnisation ne dépend pas du prix qu’un client paie pour un service. Nous avions émis l’idée de dédommager le COJI et nous identifions les moyens pour ce faire. Nous continuons évidemment à suivre ce dossier de très près.

N’est-ce pas vous qui validez la vidéo finale ? Que s’est-il donc passé dans ce cas présent ?
Je ne sais pas ce que vous entendez par «vous» ! Comme déjà mentionné dans notre communiqué, la direction de Grey Mauritius assume l’entière responsabilité de cet incident. Cette responsabilité impose que nous ayons à subir le contrecoup d’une faute interne entraînant des répercussions externes conséquentes. Dans la foulée, nous faisons les frais de la perte, j’espère momentanée, d’un élément clé de notre structure opérationnelle. Mais l’image de Grey Mauritius, que nous avons mis tant d’efforts à bâtir, au point de faire des envieux, n’a pas de prix.

Selon les internautes, Grey Mauritius rafle beaucoup de contrats du gouvernement. Lesquels avez-vous décrochés ? Et comment ?
Comme tous les prestataires de service du privé, nous participons à des appels d’offres lorsque l’occasion se présente. Il n’y a pas d’autres moyens de décrocher un marché public. Le contrat des Jeux des îles 2019 est le tout premier projet que nous obtenons d’un gouvernement en 15 ans d’existence.

Qu’en est-il de la crédibilité de votre entreprise en général, après cette polémique ?
Autant avons-nous subi des allégations et des critiques, dont la plupart ont été formulées avec une légèreté déconcertante, autant je dois dire que nous avons été submergés par des témoignages de solidarité durant cette épreuve maintenant derrière nous. Ces solidarités sont venues, d’abord, de nos clients qui savent qu’ils pourront compter sur la capacité de résilience de Grey Mauritius pour qu’on puisse continuer à les accompagner dans leur communication.

Que fait votre agence au juste et depuis quand existe-t-elle ?
Grey existe à Maurice depuis 15 ans. Nous œuvrons pour un grand nombre de clients opérant dans divers secteurs d’activité. Nous comptons aujourd’hui une cinquantaine de collaborateurs et offrons un service 360 degrés dans le domaine de la publicité.

Dans la production de vidéo, dont celle des Jeux, n’y a-t-il pas de système de détection de plagiat comme pour les dissertations ou des comités qui s’assurent de l’originalité de l’œuvre ?
Je rappelle que la faute professionnelle que nous avons prononcée à l’encontre de notre directeur créatif n’a rien à voir avec le plagiat. À aucun moment n’avons-nous parlé de plagiat. Car le plagiat est un terme qu’il faut évoquer avec énormément de prudence, surtout lorsque le sujet fait débat dans des sphères non juridiques. Pour que le plagiat puisse être établi, il faut que l’originalité de l’œuvre qui a été supposément plagiée soit prouvée. Une œuvre de l’esprit n’est considérée originale que dans la mesure où elle porte la marque de la personnalité de son auteur. Pour répondre précisément à votre question, je confirme que des outils existent pour comparer des documents avec des milliards d’autres, mais je ne suis pas au courant de l’existence d’un outil semblable qui permettrait de comparer des créations vidéo.