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Interview dans Business Magazine: opération séduction de Pravind Jugnauth

7 juin 2019, 12:34

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Interview dans Business Magazine: opération séduction de Pravind Jugnauth

Comme l’année dernière et en 2017, le Premier ministre et ministre des Finances, Pravind Jugnauth, a choisi les colonnes de Business Magazine pour définir les grands axes de son Budget. Une manière de gérer l’opinion publique à la veille du dernier exercice budgétaire de la présente législature. L’interview, que le locataire du bâtiment du Trésor accorde une fois par an, a été publiée cette semaine.

Ce qui saute aux yeux à la lecture de cet entretien, étalé sur quatre pages, c’est que Pravind Jugnauth passe à côté de grands enjeux économiques du pays pour se limiter au social. Certes, on comprend l’importance du social dans une année électorale où la tentation est forte de présenter un budget populiste, avec à la clé peut-être des dividendes politiques.

Tout au long de l’interview, Pravind Jugnauth égrène les mesures sociales et hautement symboliques prises durant son mandat comme ministre des Finances. Soit l’augmentation de la pension de vieillesse, l’impôt négatif, la baisse de la taxe à 10 % sur les revenus pour la classe moyenne ou encore la gratuité de l’enseignement supérieur.

Coût insoutenable

Or, ce qu’il oublie de souligner c’est que le social a un coût qui est financièrement insoutenable dans le temps. Les économistes ont déjà d’ailleurs tiré la sonnette d’alarme : les dépenses sociales consomment aujourd’hui plus de 50 % des revenus de l’État estimés à Rs 116,4 milliards en 2018-19. Et entraînent une hausse des dépenses courantes passant de Rs 97 milliards en 2015-16 à Rs 116,4 milliards en 2018-19.

Si le chef du gouvernement se réjouit de la tendance baissière de l’inflation, à 1,2 % en avril dernier et de son enveloppe d’investissements dans les infrastructures, il occulte le fait qu’en cinq ans, il n’y a pas eu la création de nouveaux piliers économiques. Au contraire, ceux qui sont déjà opérationnels sont malades (textile, sucre et tourisme) et méritent un traitement de choc à travers des mesures de relance.

Aussi étrange que cela puisse paraître, le Grand argentier ne pipe pas un seul mot sur sa marge de manœuvre budgétaire. Parviendra-t-il à équilibrer son Budget 2018-2019 ? Sans doute s’appuiera-t-il sur les dépenses de consommation (90 % du produit intérieur brut), qui ont augmenté de 3,4 % en 2018 pour doper les recettes fiscales, celles-ci représentant un tiers des revenus de l’État.

Pour le reste, il faudra attendre lundi 10 juin…