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L’Europe en week-end électoral, le score populiste en point de mire

25 mai 2019, 16:51

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L’Europe en week-end électoral, le score populiste en point de mire

Trois nouveaux pays sont entrés dans la danse samedi, avant une vingtaine dimanche, pour élire les députés du Parlement européen, où les sondages laissent présager une nouvelle montée en puissance des partis populistes et d’extrême droite.

L’ampleur de cette poussée, son impact sur l’équilibre des forces au sein de l’hémicycle européen et ses conséquences pour la course aux postes clés au sommet de l’Union constituent des enjeux politiques majeurs.

Les scores du parti d’extrême droite du Rassemblement national de Marine Le Pen, de La Ligue de Matteo Salvini en Italie et du parti du Brexit de l’europhobe Nigel Farage au Royaume-Uni seront guettés.

Tout comme le taux d’abstention parmi les 427 millions d’électeurs estimés, l’intérêt pour ce scrutin n’ayant cessé de chuter au fil des dernières décennies, alors même que les eurodéputés ont considérablement accru leurs prérogatives.

Après les Britanniques et les Néerlandais jeudi, suivis le lendemain des Tchèques (qui votent sur deux jours) et des Irlandais, c’est au tour des Lettons, des Maltais et des Slovaques de voter samedi.

Dans les 21 autres pays de l’UE, dont la France, l’Allemagne et l’Italie, le vote aura lieu dimanche. Les résultats officiels ne commenceront à être publiés que tard dans la soirée pour les 28 pays de l’Union.

Au Royaume-Uni, où ces élections ont été organisées en catastrophe après le report de la date butoir du Brexit à fin octobre, le scrutin a été éclipsé par les turbulences au sein du gouvernement conservateur.

La course à la succession de Theresa May est déjà ouverte après l’annonce de sa démission, effective au 7 juin. La Première ministre a regretté de ne pas avoir réussi à mettre en oeuvre le divorce de son pays avec l’UE.

Un divorce, source d’inquiétude en Irlande, où le parti pro-européen du Premier ministre Leo Varadkar était selon des sondages en tête du scrutin qui a eu lieu vendredi.

Surprise néerlandaise

Aux Pays-Bas, le vote de jeudi a réservé une première surprise: les estimations placent les travaillistes (PvdA) de Frans Timmermans, candidat à la succession de Jean-Claude Juncker à la tête de la Commission européenne, devant les libéraux (VVD), et devant les populistes (FvD) qui étaient pourtant attendus en force.

En République Tchèque en revanche, le mouvement populiste ANO du Premier ministre, le milliardaire Andrej Babis, part favori. Quant à la Slovaquie, elle enverra probablement au moins un député d’extrême droite au Parlement, selon les analystes.

Globalement, l’ensemble des forces eurosceptiques, populistes et nationalistes devraient selon les sondages enregistrer une nette progression au sein du Parlement européen, où siègent pour cinq ans 751 eurodéputés jouant un rôle clé dans l’élaboration des lois européennes.

La Ligue du ministre de l’Intérieur italien Matteo Salvini, portée par son discours anti-migrants et hostile aux institutions bruxelloises, pourrait ainsi gagner de nombreux sièges.

Quant au RN de son alliée Marine Le Pen, cheffe de l’extrême droite française, il est en tête des intentions de vote en France, devant la liste soutenue par le président Emmanuel Macron, qui ambitionne pourtant de jouer un rôle pivot au sein du nouveau Parlement européen.

L’actuel groupe commun de la Ligue et du RN, l’ENL, qui compte actuellement 36 élus, devrait sortir renforcé des élections, avec plus d’une soixantaine d’élus selon les sondages.

Le groupe populiste EFDD, où siège le Mouvement Cinq Etoiles italien et que devrait rallier le nouveau parti europhobe de Nigel Farage, devrait lui aussi progresser.

Recomposition des alliances

Mais même en comptabilisant les sièges du groupe ECR, où siègent à Strasbourg les Tories Britanniques et les Polonais du parti PiS au pouvoir à Varsovie, les forces eurosceptiques et europhobes sont loin de pouvoir envisager une majorité au Parlement européen.

Et ce d’autant plus que leurs velléités d’alliance se heurtent à de profondes divergences, comme sur l’attitude à avoir face à la Russie.

D’après les sondages, ces élections devraient quoi qu’il en soit être marquées par la fin du bipartisme entre les chrétiens démocrates du PPE et les sociaux-démocrates (S&D), qui dominaient ensemble le Parlement européen depuis 1979.

Ils ne devraient plus réunir à eux deux la majorité des sièges. Tandis que les libéraux (ALDE), espèrent du coup être incontournables en devenant la troisième force du Parlement, grâce notamment à une alliance avec les futurs élus macronistes.

Les jeux de recomposition des alliances au Parlement européen, où les Verts espèrent aussi progresser, seront cruciaux dans la course aux postes clés des institutions européennes, en particulier le successeur de Jean-Claude Juncker, membre du PPE, à la tête de la Commission européenne.

«Personne ne pourra devenir président de la Commission sans avoir le soutien d’au moins 376 sur 751 députés européens», a rappelé le porte-parole du Parlement européen, Jaume Duch.

Quant à Jean-Claude Juncker, il regrette que «les extrémistes de droite, les populistes de toute provenance soient suivis dans leur raisonnement erroné par des partis politiques traditionnels», ajoutant qu’il ne «veut pas vivre dans un monde qui se caractérise par le rejet de l’autre», dans un entretien samedi à La Libre Belgique.