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Laina Rawat-Burns: «La BAI et la justice ne vont pas s'effacer»

4 mai 2019, 18:45

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Laina Rawat-Burns: «La BAI et la justice ne vont pas s'effacer»

La quête de vérité: telle est la motivation derrière l’apparition surprise de Laina Rawat-Burns au meeting du Reform Party le 1er mai. L’ancienne directrice de la BAI revient sur les financements aux partis et la politique. Rencontre.

Quel était le but de votre intervention surprise au meeting du Reform Party le 1er-Mai ?
Tout d’abord, laissez-moi faire ressortir que je n’ai fait qu’accepter l’invitation de Roshi Bhadain à participer à cette activité organisée le 1er mai. C’est une décision personnelle et n’implique aucunement mon père ni les autres membres de ma famille. J’ai accepté simplement car depuis le 3 avril 2015, je me suis lancée dans une quête de vérité pour mieux comprendre ce qui s’est passé au sujet de la BAI.

Je ne peux accepter qu’on affuble une entreprise construite durant 45 ans et comptant des milliers d’employés ainsi que des actifs valant des milliards de roupies de calomnies et d’allégations gratuites. Au nom de tous ceux et celles ayant subi des injustices et violences, je me suis fait un devoir de faire surgir la vérité. En avril 2015, les médias croyaient tout savoir. Ils étaient si sûrs qu’ils avaient même consacré une version pour les nuls. C’est dans cette quête de vérité que j’ai finalement rencontré Roshi Bhadain.

Pourquoi exonérezvous subitement Roshi Bhadain de tout blâme ?
Ne vous faites pas d’illusions. Nous devons tous répondre de nos actes y compris Roshi Bhadain. Mais il faut comprendre que la destruction de la BAI avait été longuement préméditée et s’est déclinée en plusieurs étapes. Par exemple, il y a d’abord eu cette machination machiavélique de la part du comité économique du MMM alors composée de Basant Roi, Kee Chong Li Kwong Wing et du magicien Vishnu Lutchmeenaraidoo qui faisaient déjà mention de «Ponzi».

En 2013, Paul Bérenger s’est même permis de faire référence au Parlement à un quelconque lien entre la BAI de Trinidad et nous. C’est un mensonge. Posez-vous la question, si le MMM était convaincu d’une quelconque malversation alors pourquoi, un parti qui compte autant de légistes dans ses rangs, ne s’est pas engagé à porter une action en justice ? Puis, il y a eu cette obsession d’André Bonieux bien avant qu’il ne soit mandaté par l’État de fouiller dans les affaires de mon père aux Bahamas. La question est : qui l’a alors mandaté ? Seraient-ce des personnes bien influentes et ayant main-mise sur certains piliers de notre économie ?

Il faut se rendre à l’évidence : depuis 2015, quelques minorités ont grandement profité de la situation et arrivent à obtenir tout ce qu’elles veulent de l’État.

Vous défendez énormément votre père…
Il ne faut pas oublier ce fameux échange entre Sattar Hajee Abdoula et mon père. Lorsque vous écoutez attentivement les enregistrements, vous noterez qu’il avait conseillé à Pravind Jugnauth depuis le mois de janvier 2015 de faire très attention à ce qu’il compte faire de la BAI. Évidemment comme il le fait régulièrement, «Pravind» a fait la sourde oreille.

Le dépeçage de la BAI est un autre volet, tout comme la vente de nos actions au sein de Britam Kenya. Comment se fait-il que Kee Chong se vante d’avoir fait l’acquisition pour le compte de la State Bank of Mauritius de sociétés minables au Kenya alors que nos actions ont été reprises par d’importants fonds d’investissements occidentaux ? Il faut clairement situer les responsabilités et non simplement faire des amalgames. Contrairement à ce que souhaitent certains, la BAI et la justice ne vont pas s’effacer. Tous les protagonistes auront un jour ou l’autre besoin de répondre de leurs actes.

Votre présence est-elle une stratégie politique ? Intégrez-vous l’arène… Pour qui roulerez-vous ?
La politique ? Que Dieu m’en garde. On se bat pour les victimes de la chute de la BAI et, également, pour ma famille. C’est un long chemin, rempli d’obstacles avec des rencontres inimaginables. Et aussi bizarre que cela puisse paraître, parfois il faut prendre la route du Sud pour atteindre le Nord.

Pourquoi blâmer Lutchmeenaraidoo maintenant qu’il a démissionné ?
Dois-je rappeler que lorsque toute cette affaire a éclaté, Lutchmeenaraidoo s’est publiquement vanté ? «Je l’ai eu», avait-il dit. Il faisait évidemment référence à mon père.

Il a joué un rôle crucial et prépondérant en ordonnant la révocation de la licence de la Bramer après consultation avec le leader de l’opposition d’alors, Paul Bérenger, le 2 avril 2015. Pour quelqu’un qui se dit spirituel, il possède une quantité surprenante de hargne et de haine. Tôt ou tard, il finira lui aussi par rendre des comptes…

S’en prendre au MMM et à Lutchmeenaraidoo ne vous ramènera pas la BAI. N’est-ce pas des coups d’épée dans l’eau ?
J’établis juste les faits et les responsabilités et ce, dans l’intérêt de notre démocratie, si elle existe encore. Il est vrai qu’on ne pourra pas restituer la BAI mais j’espère que toute la vérité surgira et que nous aurons enfin les réponses aux questions suivantes : Qui, comment et pourquoi la BAI a été mise à mort ? Il y va de l’intérêt des générations futures et des réalités économiques du pays.

Comment vivez-vous depuis la chute du conglomérat BAI ?
Pour notre bien-être et celui de nos enfants, nous essayons de mener une vie normale. Mais, au fond de moi, j’ai le sentiment que ce pays ne veut pas de nous ou, du moins, ne veut pas que nous existions surtout dans le monde des affaires. Par contre, toute situation apporte son lot de surprises, bonnes ou mauvaises. J’ai eu la chance de rencontrer durant ces quatre dernières années des personnes formidables ayant de vraies valeurs humaines qui nous ont offert beaucoup de soutien. Elles nous encouragent à ne pas nous avouer vaincus.

Où en êtes-vous avec les poursuites judiciaires ?
Nous en reparlerons en temps et lieu. Je peux juste vous confirmer que c’est loin d’être fini...

Même les poursuites de votre père ?
On doit attendre. On y reviendra.

Dites-nous en plus sur le financement de Rs 10 millions au MMM et de Rs 19 millions au MSM émis par la BAI. À quelles fins était faite cette donation ?
Moi, je suis choquée. En 2015, toutes mes informations personnelles avaient été dévoilées dans les journaux de Maurice. Maintenant qu’il y a d’autres révélations, pourquoi les gens sont étonnés ? Sur la question de financement, je ne saurai vous dire. Il faudrait le demander à l’administration de la BAI.

Pourtant, vous défendez l’intégrité de la famille Rawat alors qu’un financement est accordé aux partis. N’est-ce pas paradoxal et peu transparent ?
Moi, je cherche la vérité. On peut retirer les documents de tous les conglomérats ayant financé les partis politiques. Si tel est le cas, que tout le monde vienne et s’aligne sur la même table.