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Dette publique: le FMI tire la sonnette d’alarme

29 avril 2019, 16:55

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Dette publique: le FMI tire la sonnette d’alarme

L’institution de Bretton Woods note que l’objectif du Trésor public de ramener la dette publique à 60 % du PIB à l’issue de l’année financière 2020-21 ne sera pas atteint. Elle propose des pistes pour aider le pays.

La dette publique dans le rouge ? Même si le gouvernement a souhaité l’occulter dans un communiqué de presse la semaine dernière, en privilégiant les commentaires favorables sur d’autres indicateurs flatteurs de l’Article IV du Fonds monétaire international (FMI) sur Maurice, l’institution de Bretton Woods a décidé de tirer la sonnette d’alarme sur le niveau élevé de la dette publique. Et ce en des termes à peine voiles.

En fait, dans son rapport de 2019, dont une copie a été remise au Premier ministre et ministre des Finances, Pravind Jugnauth, le FMI note que l’objectif du Trésor public de ramener la dette publique à 60 % du produit intérieur brut (PIB) à l’issue de l’année financière 2020- 21 ne sera pas atteint. Et pour cause, l’absence d’une politique de consolidation fiscale qui ne pouvait être envisagée à l’issue de 2018-19. Et qui devait potentiellement perturber les efforts pour rehausser les infrastructures et améliorer la croissance économique à long terme.

Pire, le gouvernement envisage de repousser cet objectif à l’année fiscale 2022-23, ce qui aux yeux des experts du FMI serait une démarche justifiée dans la conjoncture actuelle. Et cela, en poursuivant dans le même temps sa politique de consolidation fiscale et celle protégeant les Mauriciens qui bénéficient du filet de la sécurité sociale. Parallèlement, le gouvernement doit enclencher des mesures pour crédibiliser son plan fiscal et ramener la dette du secteur public sur une pente descendante à moyen terme. Elle s’élève actuellement à 63,7 % du PIB, selon les estimations du FMI et devra passer à 64,9 % du PIB au terme de l’année financière 2020.

Si conformément aux dispositions de The Public Debt Management Act de 2008, la dette publique devait être ramenée à 50 % du PIB d’ici 2018, doit-on comprendre que Maurice serait mieux armée d’ici 2022 pour relever ce défi qui est passé entre-temps à 60 % du PIB ? Les experts du FMI avancent certaines pistes susceptibles de prouver que le pays réussirait à franchir cette étape.

Réduction de la dette

Ainsi, face à l’éventualité que l’État emprunte pour acquérir prochainement des avions pour le compte d’Air Mauritius, ce qui devrait mécaniquement gonfler la dette publique, le FMI estime que l’objectif de ramener celle-ci à 60 % du PIB est réalisable. À condition que le gouvernement se livre à un ajustement fiscal qui soit l’équivalent de 0,5 % du PIB en 2019-20 et subséquemment à 0,8 % du PIB l’année suivante. Ce qui présuppose, selon le FMI, la mobilisation de revenus additionnels pour éviter une dégradation du déficit budgétaire : soit l’imposition des droits d’accises sur l’alcool, le tabac et les articles de luxe ; l’introduction de droits de péage sur les nouvelles routes; l’augmentation de la Solidarity Levy ; l’application de nouvelles taxes sur l’immobilier ; ou encore des améliorations dans l’efficience de l’audit fiscal.

Autre option: le leasing au lieu de l’achat des avions chez MK, une situation qui devrait amener une réduction de la dette publique de 1 % à 2 % du PIB à court terme. Mieux, c’est le renvoi carrément de l’échéance pour l’acquisition des avions, ajoute l’institution financière internationale. Laquelle soutient d’ailleurs qu’une baisse à moyen terme aiderait à sauvegarder la stabilité macroéconomique du pays tout en créant de l’espace pour faire face à des chocs à l’avenir.

En se basant sur la dernière analyse de la viabilité de la dette (Debt Sustainability Analysis), le FMI indique que la dette publique par rapport au PIB a emprunté une courbe descendante, passant de 65 % du PIB à la fin de juin 2017 à 63,7 % du PIB en juin 2018. Cependant, elle pourrait reprendre l’ascenseur pour atteindre 67,8 % du PIB d’ici l’année financière 2020- 21. Une augmentation dopée par des emprunts liés aux travaux du Metro Express et à l’achat d’avions par la société aérienne nationale.

D’ailleurs, des critiques sont formulées par des économistes quant à la démarche du gouvernement du jour de se livrer à des «colourable devices» pour camoufler l’ampleur de la dette publique en ayant recours à des sociétés d’État comme la SBM, Mauritius Telecom, le CEB ou encore la Wastewater Management Authority pour emprunter massivement sur les marchés financiers étrangers pour le compte de l’État.

«Ce sont des prêts garantis par l’État et qui auraient dû être comptabilisés dans la dette publique», laisse entendre un économiste. Et d’ajouter qu’avec le financement partiel du Metro Express, soit autour de Rs 8 milliards, et du projet Safe City où un prêt de Rs 19 milliards a été négocié auprès de l’Exim Bank de Chine, la dette publique aurait dû dépasser un taux de 70 % du PIB.

Qui dit mieux ?

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