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Macron tient en Corse son dernier débat, le plus compliqué

4 avril 2019, 08:22

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Macron tient en Corse son dernier débat, le plus compliqué

Emmanuel Macron arrive jeudi matin en Corse pour son 15e et dernier grand débat, perturbé par l’opposition des nationalistes qui appellent à une opération «île morte», une première depuis des années.

Précédé d’un gros dispositif de sécurité, le chef de l’Etat devrait atterrir vers 11 heures avant de se rendre dans le village de Cozzano, à une heure et demie de route, pour rencontrer les maires de toute l’île.

Après la Bretagne mercredi, il aura ainsi passé une centaine d’heures à débattre avec les élus locaux et les Français.

Mais cette dernière rencontre s’annonce la plus tendue de toute, à l’image de la première visite présidentielle l’an dernier, jugée «humiliante» par les nationalistes au pouvoir dans l’île.

Malgré une interview conciliante du chef de l’Etat mardi, les deux hommes forts de l’île, le président du conseil exécutif Gilles Simeoni comme celui de l’Assemblée de Corse Jean-Guy Talamoni ont décidé de boycotter la réunion de Cozzano.

La coalition nationaliste Pè a Corsica a appelé à une demi-journée «isula morta» («île morte») pendant le débat. Le puissant syndicat des travailleurs corses STC a demandé à ses membres de venir à midi avec des drapeaux corses devant la préfecture d’Ajaccio et la gare de Bastia, pour s’opposer au «mépris de l’Etat français vis-à-vis de la Corse».

Rebuffade

Le tout dans un contexte de recrudescence de la violence depuis début mars, sans revendication politique à ce stade : lundi, des charges non explosées ont été découvertes devant deux bâtiments des finances publiques à Bastia, entraînant la saisine de la section antiterroriste du parquet de Paris. Plusieurs villas ont également été visées par des explosions depuis le début du mois.

Mercredi, le dialogue de sourd s’est poursuivi entre les dirigeants nationalistes et le chef de l’Etat. Les deux hommes l’ont invité à s’exprimer devant les élus de l’Assemblée de Corse, ce qu’il a aussitôt refusé, tout en leur proposant de les rencontrer à Cozzano ou ultérieurement à Paris. Une «rebuffade» pour les nationalistes qui eux aussi assurent chercher le dialogue.

A leur hostilité se greffe une contestation sociale classique. Une intersyndicale a appelé à une manifestation à 11 heures devant la préfecture de Bastia et à 12h devant celle d’Ajaccio. En revanche, aucune manifestation de gilets jaunes n’est attendue, le mouvement ayant peu pris dans l’île.

De crainte que l’arrivée présidentielle ne soit entravée, la préfecture a interdit toute manifestation autour de l’aéroport.

Des militants nationalistes ont collé des drapeaux corses tout au long du parcours qu’Emmanuel Macron devait emprunter pour rejoindre la préfecture. Initialement, il avait en effet été envisagé qu’il y dorme mercredi soir. L’Elysée a aussi renoncé à une halte dans un café de Sampolo, sur la route de Cozzano.

Comme pour chacun de ses déplacements, Emmanuel Macron ne devrait croiser aucun manifestant. Plusieurs centaines de gendarmes et CRS du continent sont venus renforcer les forces insulaires et les routes vers Cozzano sont étroitement contrôlées.

Jeudi après-midi, non seulement les parlementaires nationalistes seront absents mais aussi une bonne partie des maires. Sur les 360 invités, 150 seulement ont répondu présent, autant pour des raisons politiques que pratiques.

Avec les maires présents, Emmanuel Macron compte aborder d’abord les problèmes quotidiens, de préférence aux revendications jugées «totémiques» des nationalistes - autonomie, obligation de la langue corse jusqu’en terminale ou retour des prisonniers détenus sur le continent.

«Ces prisonniers ne sont que trois : les assassins du préfet Erignac», s’agace l’entourage du président. Pour la langue corse, Emmanuel Macron a annoncé mardi qu’elle deviendrait l’une des spécialités à part entière du nouveau baccalauréat. Quant aux institutions, il estime avoir déjà fait une concession majeure en promettant l’inscription de la spécificité corse dans la Constitution.

La veille, son étape en Bretagne s’est déroulée sans accroc, devant 900 maires réunis à Saint-Brieuc. Tirant un premier bilan de son périple, il leur a promis de répondre sans «reniement» ni «entêtement» aux souhaits des Français, alors que l’opinion s’impatiente devant un exercice qui s’étire en longueur. Le chef de l’Etat, de nouveau en baisse dans les sondages, devrait annoncer de premières mesures mi-avril.