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Manfred Bhujoharry: «Éduquer, c’est donner les mêmes chances à tous»

30 mars 2019, 15:33

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Manfred Bhujoharry: «Éduquer, c’est donner les mêmes chances à tous»

L’ex-recteur du Bhujoharry College, bientôt octogénaire, demeure attentif à l’évolution de la société mauricienne. Il continue à montrer un intérêt soutenu pour les questions relatives à l’éducation et la politique.

Notre interlocuteur se dit interpellé par l’inégalité qui règne aujourd’hui dans la sphère de l’éducation. À son avis, trop de jeunes sont laissés en bordure de route. «Éduquer, c’est donner les mêmes chances à tous», estime-t-il.

Cette quête de l’égalité de chances a sans doute été la motivation d’Arthur et Alex Bhujoharry, les pères fondateurs du collège qui porte leur nom. Quand Manfred a pris la direction de l’institution, il en fait son credo.

C’est animé de cette conviction empreinte de justice sociale que le recteur du Bhujoharry College crée le Saint Bartholomew’s College en 1977. Quarante-deux ans après, il s’en souvient avec émotion. «L’éducation gratuite venait d’être introduite et il n’y avait pas assez de places dans les collèges pour accueillir tous les élèves qui désiraient se faire admettre dans des institutions du secondaire», rappelle l’ancien recteur.

Les places étant limitées, les directeurs des collèges procédaient à une sélection au moment de l’admission. Et c’étaient les plus démunis qui étaient recalés. «C’était un paradoxe, car l’éducation gratuite était censée permettre à ces enfants pauvres d’accéder à un collège», avance Manfred Bhujoharry.

«Late developers»

En homme d’action, l’ex-manager de collège ne se contente pas que de faire état d’un problème. Il décide d’ouvrir un collège pour accueillir les élèves qui n’étaient pas admis dans d’autres institutions et en fait la proposition au ministre de l’Éducation, Kher Jagatsingh. «Ces enfants sont souvent des late developers, il faut leur donner du temps», affirme le pédagogue.

Aussitôt l’accord ministériel obtenu, Manfred Bhujoharry s’adjoint le soutien de son épouse, Lilette, et de quelques autres collaborateurs. Une semaine plus tard, le Saint Bartholomew’s College est une réalité. Le personnel est recruté et l’école commence à fonctionner dans un bâtiment à la rue Mère Barthélemy à Port-Louis.

Aujourd’hui, l’institution fait la fierté de son fondateur. «Actuellement de nombreux élèves venant du Saint Bartholomew’s College exercent dans la fonction publique et dans le privé», se réjouit l’ex-recteur.

C’est sans doute ce même désir de service à la communauté qui poussa Manfred Bhujoharry à accepter d’être administrateur nommé de la capitale. En effet, en 1974, après la révocation des conseillers municipaux, l’enfant du Ward IV portlouisien, est appelé à faire partie de la Commission administrative présidée par Me Hamid Moollan.

Manfred Bhujoharry n’était pas étranger à la politique. Très jeune, il accompagnait son père Alex, un élu indépendant devenu maire de la capitale. En 1982, le portlouisien se porte candidat dans la circonscription No 1, sous la bannière du Parti de l’Alliance nationale, un regroupement mené par le Parti travailliste. «J’avais envie d’être candidat à ces élections», dit-il. Manfred Bhujoharry et ses colistiers sont balayés par la vague du premier 60-0.

Toutefois, dans la circonscription, on se souvient encore du candidat Bhujoharry comme un gentleman. Il était l’ami de tous les candidats, dont un de ses employés Mathieu Laclé, présent sur la liste des Mauves. En 2007, le pédagogue adhère officiellement au MMM .

Aujourd’hui, Manfred Bhujoharry ne descend plus sur le terrain. Cependant, il suit l’actualité politique avec attention et se fait un plaisir d’en discuter avec ses amis quand ces derniers lui rendent visite.