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Norvège: soulagement et questions après une opération de sauvetage hors norme

25 mars 2019, 19:21

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Norvège: soulagement et questions après une opération de sauvetage hors norme

 

Pourquoi le paquebot Viking Sky s’est-il risqué dans des eaux notoirement périlleuses en pleine tempête? Au-delà du soulagement dû à l’issue heureuse d’une opération de sauvetage hors norme, l’heure était aussi aux questions lundi en Norvège.

Un gros paquebot avec 1.373 personnes à bord bringuebalé par des vagues atteignant 15 mètres, des meubles valsant dangereusement de bâbord à tribord, une noria d’hélicoptères pour évacuer les passagers... Spectaculaires, les images ont fait le tour des médias et réseaux sociaux ce week-end.

Victime d’une avarie moteur samedi au large de la région de Møre og Romsdal (ouest de la Norvège), le Viking Sky a été au centre d’une des plus vastes opérations de sauvetage jamais réalisées: près de 500 passagers, souvent âgés, ont été hélitreuillés, y compris de nuit, par un ballet incessant d’hélicoptères au milieu d’éléments déchaînés.

Avec un bilan humain quasi miraculeux: 28 personnes hospitalisées, mais une seule pour des blessures graves.

«Le risque pour les passagers et pour le navire était élevé», a déclaré à l’AFP Dag Sverre Liseth, responsable des affaires maritimes au sein de l’organisme norvégien d’enquête sur les accidents. «Ca aurait pu être pire mais, heureusement, ça s’est bien terminé».

L’organisme a ouvert une enquête autour de l’incident qui aurait pu rapidement tourner à la tragédie, tant le bateau, privé de motorisation, s’est dangereusement approché du littoral jalonné de récifs.

L’équipage a réussi in extremis à stabiliser la situation en jetant l’ancre à environ deux kilomètres des côtes. Après avoir réussi à redémarrer trois de ses quatre moteurs, le navire a finalement pu regagner un port refuge à Molde par ses propres moyens, mais escorté de remorqueurs, dimanche peu après 16H00 (15H00 GMT), 26 heures après avoir lancé son appel de détresse.

Les enquêteurs devront expliquer pourquoi le navire de croisière qui devait relier Tromsø (nord) à Stavanger (sud-ouest) a pris le risque d’emprunter un tronçon maritime où la navigation est toujours délicate, alors même qu’une tempête avait été annoncée.

«Je ne souhaite pas spéculer là-dessus mais c’est l’un des aspects que l’on va évaluer dans notre enquête», a indiqué M. Liseth.

- Choix controversé? -

La décision du commandant finlandais du Viking Sky a fait froncer des sourcils, d’autant que la compagnie Hurtigruten, dont les fameux Express Côtiers sillonnent le littoral toute l’année, avait renoncé à cette étape ce jour-là, préférant transporter ses passagers par avion.

«Nous n’avons pas d’opinion particulière sur la question de savoir si c’était particulièrement controversé de faire ça», a indiqué Eirik Walle, responsable des opérations au Centre de secours pour le sud de la Norvège, interrogé par l’AFP.

«Même si d’autres bateaux ont décidé de rester au port, il y avait beaucoup de trafic maritime à cet endroit au même moment», a-t-il fait valoir.

Samedi, les services de sauvetage ont d’ailleurs porté assistance à un navire marchand, également en difficulté dans la zone: en combinaison de survie, les neuf membres d’équipage ont dû se jeter à l’eau pour pouvoir être eux aussi hélitreuillés.

L’armateur du Viking Sky, Torstein Hagen, a exclu dimanche que le choix de poursuivre la navigation ait été dicté par des considérations financières.

«J’aimerais m’excuser personnellement pour ce que nos hôtes ont vécu», a-t-il affirmé lundi dans un communiqué, remerciant aussi les sauveteurs, les autorités et l’équipage.

L’organisme américain chargé de la sécurité dans les transports (NTSB) a offert de participer à l’enquête dans la mesure où environ 600 Américains comptaient parmi les passagers.

Ceux-ci ont commencé à regagner leurs pays respectifs, saluant de manière quasi unanime l’équipage, les secours et la population une fois sur la terre ferme.

«Je vais vous dire: les gens ont été épatants», a confié l’un d’eux au micro de la chaîne TV2 alors qu’il attendait son avion à l’aéroport de Molde. «Pas seulement les types dans les hélicoptères et ceux qui se sont occupés de ceux d’entre nous qui sommes restés à bord du bateau mais tous les gens sur les quais...».