Publicité

JO-2020: après trois années hors des bassins, Manaudou peut-il viser l’or ?

20 mars 2019, 08:00

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

JO-2020: après trois années hors des bassins, Manaudou peut-il viser l’or ?

Un pari (im)possible? Après trois années passées hors des bassins, à jouer au handball avec la réserve d’Aix-en-Provence, Florent Manaudou a décidé de se rejeter à l’eau. Mais peut-il viser l’or aux Jeux olympiques 2020 à Tokyo?

«Je n’ai pas envie de reprendre pour faire une demi-finale aux Jeux de Tokyo. J’ai envie de gagner, bien sûr». En annonçant dans les colonnes de L’Équipe son retour dans les bassins, Florent Manaudou (28 ans) a également affiché clairement ses ambitions: l’or sur 50 m nage libre à Tokyo, huit ans après son titre olympique sur cette même distance à Londres.

Toujours resté actif

«C’est très ambitieux, mais s’il y en a bien un qui peut le faire, c’est Florent. C’est un garçon qui a des qualités naturelles exceptionnelles», souligne Denis Auguin, actuellement entraîneur à Antibes et qui a amené Alain Bernard sur le toit de l’Olympe sur la distance reine du 100 m libre à Pékin en 2008.

S’il s’est tenu éloigné des bassins depuis les Jeux olympiques de Rio en 2016 et ses deux médailles d’argent (50 m libre et 4x100 m libre), Florent Manaudou n’est pas resté inactif, loin de là.

«C’est un garçon, certes qui a arrêté de nager depuis les Jeux de Rio, mais qui a connu des conditions physiques élevées en jouant au handball», explique Richard Martinez, directeur de la natation course à la Fédération française.

Manaudou a évolué au sein de l’équipe réserve de handball à Aix-en-Provence (Nationale 2, 4e échelon), lui permettant ainsi de maintenir une activité physique intense.

Une course spécifique

A Tokyo, loin d’envisager un come-back à la Michael Phelps sur une demi-douzaine d’épreuves, il se concentrera sur le 50 m nage libre, épreuve bien spécifique de la natation.

«C’est une distance explosive. En termes d’endurance, il n’y a pas les mêmes besoins que sur d’autres épreuves. Elle se joue sur des qualités d’explosivité, une technique de nage qui répond bien aux problématiques de la vitesse», pointe Richard Martinez.

Un retour est plus envisageable sur cette distance que sur un 400 m, plus exigeant physiquement. «L’entraînement est un peu différent, ça demande moins de temps passé dans l’eau et plus de travail athlétique», précise Auguin.

Et par le passé, des revenants ont montré que c’était possible de s’imposer sur 50 m libre: en 2016 à Rio, l’Américain Anthony Ervin (35 ans) avait décroché l’or pour un centième devant Manaudou, 16 ans après son titre olympique à Sydney, alors qu’il avait été éloigné des bassins entre 2003 et 2011, et qu’il n’avait pas le meilleur temps des engagés en 2016.

«Même s’il y a des adversaires de taille, le jour J ça ne se passe pas forcément comme prévu. On peut nager plus vite que quelqu’un qui a un meilleur temps aux bilans mondiaux. C’est ce qui laisse aussi présager de bonnes choses», souligne Alain Bernard.

Une concurrence densifiée

Depuis 2016, le niveau du sprint mondial en natation s’est densifié sur 50 m, avec notamment l’éclosion de l’Américain Caeleb Dressel ou du Britannique Ben Proud, mais «ça n’a pas énormément progressé sur le plan chronométrique», note Martinez. Florent est «un garçon qui a nagé à des vitesses que très peu de personnes ont déjà atteint», poursuit Auguin.

«Florent fonctionne par défi, il a besoin de ça et là il a une réelle émulation», apprécie Bernard, qui souligne la concurrence internationale et nationale.

La marche pour aller chercher l’or à Tokyo reste toutefois assez haute à franchir. «Pour être champion olympique, ce qui sera le plus dur, ce sont les deux ou trois dixièmes qui seront les plus longs et les plus difficiles à aller conquérir», estime Denis Auguin.

D’ici là, Manaudou, qui s’entraînera alternativement entre la Turquie et la France, va devoir d’abord retrouver «les sensations dans l’eau, la glisse, l’efficacité gestuelle. C’est quand même assez particulier, on est dans un élément liquide, les appuis sont fuyants. Ça demande une réadaptation plus importante que dans le cadre d’une activité terrestre», conclut Martinez.