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Guerre de propagande entre l’Inde et le Pakistan après la libération du pilote indien

2 mars 2019, 22:26

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Guerre de propagande entre l’Inde et le Pakistan après la libération du pilote indien

Une vidéo du pilote indien relâché vendredi par le Pakistan, où il remercie les autorités pakistanaises, a suscité samedi une vive colère en Inde, sur fond de guerre de propagande après qu’Islamabad eut présenté cette libération comme un «geste de paix» dans cette nouvelle crise autour du Cachemire.

Entretemps, les accrochages se sont poursuivis samedi entre les deux pays, avec tirs de mortier et d’artillerie. Deux soldats pakistanais ont été tués au Cachemire à la frontière, a-t-on annoncé de source militaire pakistanaise.

Le lieutenant-colonel Abhinandan Varthaman, dont le Mig-21 avait été abattu mercredi alors qu’il poursuivait des chasseurs pakistanais au-dessus du Cachemire, a traversé à pied tard vendredi le poste-frontière de Wagah avec plusieurs heures de retard sur le programme annoncé.

Sa capture était devenue un point de fixation dans les hostilités entre les deux puissances nucléaires, déclenchées par l’attentat-suicide qui a tué le 14 février 40 paramilitaires indiens au Cachemire.

Abhinandan Varthaman, qui s’était éjecté de son appareil et qui avait été pris à partie par la foule côté pakistanais, semblait avoir un oeil au beurre noir quand il a regagné l’Inde. Il a aussitôt été conduit pour des examens médicaux avant un debriefing avec les services militaires et de renseignement.

- Vidéo «forcée» -

Selon les médias indiens, le retour du pilote -- fêté comme un véritable héros dans son pays -- a été retardé car on l’a «forcé» à accepter cette vidéo pour sa libération.

Le militaire y remercie l’armée pakistanaise pour son professionnalisme et pour l’avoir sauvé de la foule. Il accuse les médias indiens d’entretenir une hystérie guerrière entre les deux pays.

La vidéo a été largement diffusée par les militaires pakistanais.

Un ancien chef de gouvernement de l’Etat indien de Jammu et Cachemire, Omar Abdullah, a estimé que la vidéo entachait le geste du Pakistan de rendre le pilote aussi rapidement. Islamabad avait présenté cette libération comme un «geste de paix».

Le pilote a été «contraint d’enregistrer (la vidéo) juste avant que vous ne nous le rendiez», a accusé Abdullah sur Twitter.

Les médias indiens ont qualifié pour leur part ce document de «détestable», violant les normes internationales sur les prisonniers de guerre. Les réseaux sociaux en Inde fustigeaient également la vidéo.

Le ministre pakistanais des Affaires étrangères, Shah Mehmood Qureshi, a assuré que son pays n’avait été motivé que par la prudence en libérant le pilote. Aucune «contrainte» ou «pression» n’ont été exercées sur le pays. «Nous ne voulons que la paix», a-t-il insisté.

- Nobel de la Paix -

Plusieurs centaines de milliers de Pakistanais ont signé deux pétitions en ligne demandant que leur Premier ministre, Imran Khan, soit nominé pour le prochain prix Nobel de la paix après ses décisions et déclarations apaisantes dans la crise avec l’Inde.

Le hashtag #NobelPeaceForImranKhan (#NobelDeLaPaixPourImranKhan) est d’ailleurs devenu viral sur Twitter.

Si les médias pakistanais saluaient la libération du pilote pour apaiser la tension avec l’Inde, certains reproches se faisaient entendre sur les réseaux sociaux.

«Pas une bonne idée. Cela va se retourner» contre le Pakistan, a estimé Gul Bukhari, un critique en vue du gouvernement et des militaires.

Douze civils au moins ont été tués depuis le début de la semaine des deux côtés de la frontière.