Publicité

Le Pakistan va libérer un pilote indien en un «geste de paix»

28 février 2019, 16:32

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Le Pakistan va libérer un pilote indien en un «geste de paix»

Le Pakistan va libérer vendredi un pilote de l’armée de l’air indienne capturé mercredi en un «geste de paix» à l’égard de l’Inde, a indiqué jeudi le Premier ministre Imran Khan après trois jours de crise aiguë entre les deux puissances nucléaires.

Cette ouverture intervient alors que la communauté internationale retenait son souffle après deux journées de dangereuse confrontation militaire entre les deux pays, craignant que leurs dirigeants n’en perdent le contrôle.

«En geste de paix, nous libérerons le pilote indien (demain)», a déclaré Imran Khan devant le Parlement, qui l’a chaudement applaudi.

L’armée pakistanaise avait affirmé mercredi avoir capturé le pilote après avoir abattu deux avions indiens dans son espace aérien, dont l’un serait tombé au Cachemire indien et l’autre au Cachemire pakistanais.

Elle avait publié des images du pilote, le lieutenant-colonel Abhinandan Varthaman, et assuré l’avoir bien traité.

New Delhi avait de son côté reconnu avoir perdu un Mig-21 dans les affrontements et exigé le «retour immédiat et en toute sécurité» de son pilote, devenu entretemps un héros dans son pays.

Modi au téléphone ?

M. Modi avait pour sa part usé jeudi matin d’un ton nettement moins conciliant, dénonçant sans le nommer un «ennemi (qui) essaye de déstabiliser l’Inde».

«Face à leur but, chaque Indien devrait faire mur, être solide comme un roc», a lancé le dirigeant lors d’une vidéo conférence.

M. Modi briguera au printemps un second mandat et est sous forte pression de l’opinion publique indienne pour se montrer inflexible face au Pakistan.

Les appels à la vengeance et aux représailles se sont multipliés en Inde depuis l’attentat suicide qui a coûté la vie à plus de 40 paramilitaires au Cachemire indien le 14 février et qui avait été revendiqué par un groupe islamiste basé au Pakistan, le Jaish-e-Mohammed (JeM).

La crise a débuté mardi lorsque des avions de l’armée de l’air indienne ont pénétré dans l’espace aérien pakistanais et mené une «frappe préventive» contre ce que New Delhi a décrit comme un vaste camp d’entraînement du JeM.

Elle s’est poursuivie mercredi avec des incursions aériennes de part et d’autre et l’annonce de la perte des avions et de la capture du pilote.

Suite à ces événements, «le vrai danger est que la crise échappe au contrôle des deux gouvernements», estime Richard Gowan, rattaché à l’université de l’ONU à New York.

«Le risque existe qu’une autre attaque terroriste ou qu’un accès de violences communautaires rendent soudainement la diplomatie plus difficile», juge-t-il.

Depuis Hanoï, où il rencontrait le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un, le président américain Donald Trump a déclaré «espérer que (la crise) va se terminer».

«Nous avons reçu, je pense, des nouvelles raisonnablement attrayantes du Pakistan et de l’Inde», a poursuivi le chef de l’État américain. «Nous essayons de (...) faire s’arrêter» les deux protagonistes, a-t-il affirmé.

État d’alerte

Au Pakistan même, l’atmosphère demeurait néanmoins tendue. La sécurité a été renforcée et les hôpitaux mis en état d'«alerte» pour être prêts à toute éventualité.

L’espace aérien, fermé la veille «jusqu’à nouvel ordre» en raison des tensions géopolitiques n’avait toujours pas rouvert jeudi, provoquant l’annulation de dizaines de vols dans le pays. Des milliers de vacanciers se sont également retrouvés bloqués à l’aéroport de Bangkok pour les mêmes raisons.

Au Cachemire même, l’armée a indiqué être en état d'«alerte élevée (...) pour contrecarrer toute agression indienne» le long de la Ligne de contrôle (LoC) qui sert de frontière de facto avec l’Inde.

Les forces indiennes ont «multiplié les violations du cessez-le-feu au cours des 48 heures écoulées» dans plusieurs secteurs proches de la LoC, et «tiré délibérément sur des civils», selon la même source.

L’Inde et le Pakistan se sont livré trois guerres par le passé, dont deux au sujet du Cachemire, région himalayenne en majorité peuplée de musulmans, partagée entre les deux pays qui la revendiquent chacun depuis leur indépendance en 1947.