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Gelena: Johnson Roussety déplore «l’incompétence» des autorités rodriguaises

18 février 2019, 21:55

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Gelena: Johnson Roussety déplore «l’incompétence» des autorités rodriguaises

Conférence de presse axée sur les événements cycloniques, tenue par le Front patriotique rodriguais écologique (FPRe) ce 18 février, à Port-Mathurin. Johnson Roussety, le leader du parti, a exprimé sa solidarité avec tous ceux qui ont souffert pendant et après le passage du cyclone Gelena. Il dénonce également ce qu’il estime être une incompétence des autorités régionales face à cette catastrophe naturelle. 
          
Johnson Roussety pense que même si le cyclone a causé majoritairement des dégâts matériels, tels que les bateaux abîmés, la perte des animaux ou les maisons endommagées, certains ont eu la frayeur de leur vie. «Le cyclone Gelena a eu un impact psychologique sur la population. Cela a rappelle à beaucoup que cette calamité est toujours présente, même si cela fait longtemps que Rodrigues n’a pas fait face à un gros cyclone. Cela nous rappelle également que Rodrigues se trouve sur un parcours cyclonique et que, pendant la saison y relative, nous devons nous tenir sur nos gardes.» 
          
Il estime que les habitants de l’île doivent adapter leur construction et leur mode de vie au danger qu’un cyclone représente. Il cite en exemple les cyclones qui se sont abattus sur Haïti et dans Les Caraïbes récemment et ou certaines îles semblables à Rodrigues ont été complètement anéanties. Il trouve que les Rordiguais s’en sont bien sortis car le cyclone Gelena est passé relativement vite avec des rafales maximales de l’ordre de 165km/h selon la météo. «Ce cyclone est relativement moyen par rapport aux autres cyclones auxquels nous avons eu à faire face et dont les rafales parfois dépassaient le 200km/h. A Rodrigues, nous devons toujours garder en tête que tout ce que nous construisons et que nous adaptons à notre mode de vie doit être pensé par rapport à la force du vent.»
          
Johnson Roussety a abordé la situation pré-cyclonique. Le service de la météo a fait son travail. Il estime cependant qu’il y a eu un manque de communication supplémentaire de la part des autorités régionales afin d’attirer l’attention de la population sur les dangers réels que représentait Gelena, qui finalement a été un cyclone dévastateur. «Pendant l’alerte I, 2 ou 3, les conditions cycloniques ne se faisaient pas encore ressentir. Les effets se sont fait ressentir en début de soirée et nous déplorons un manque de communication et de sensibilisation, bien que la météo ait émis des bulletins de cyclone régulièrement. La commission de la pêche aurait pu faire mieux en montant au créneau pour expliquer aux pêcheurs que le cyclone nécessitait plus que le fait de mettre les bateaux à terre. De ce fait, certaines personnes n’ont pas pris suffisamment de précaution en agissant de façon coutumière. Nous avons également reçu des mises en gardes de certains blogs de l’île de La Réunion ou météo France avait demandé de faire savoir aux habitants de Rodrigues que le cyclone s’approchait dangereusement. Personnellement je n’ai pas pu dormir car il m’a fallu consolider les ouvertures en pleine nuit.» 
          
Le leader du FPRe ajoute que le plus flagrant est que la communication ait été complètement coupée, sans que les deux opérateurs téléphoniques de l’île aient au préalable averti le public que tel serait le cas. Et de ce fait, toute la population a été prise au dépourvu. «Je comprends que la communication soit interrompue quand les infrastructures sont endommagées. Mais là, la communication a été coupée parce que les opérateurs téléphoniques ont préféré mettre à l’abri leurs équipements, au détriment de la vie des gens. Or, il y a des personnes qui résident dans des endroits éloignés ou même des proches à Maurice qui essayaient de communiquer avec leurs parents mais qui n’ont pas pu le faire. C’est un stress supplémentaire. Certaines personnes qui avaient besoin de l’aide des pompiers n’ont pas pu avoir du secours car d’un seul coup le service mobile a été interrompu.» Johnson Roussety déplore l’attitude de ces deux opérateurs téléphoniques qui auraient dû, selon lui, faire savoir à l’avance que le service allait être interrompu, délaissant ainsi la population. 
          
Johnson Roussety indique que même au moment le plus fort du cyclone, les plus vulnérables ont été laissés pour compte. «Les autorités concernées auraient dû encourager les personnes vulnérables à se rendre dans les centres de refuge beaucoup plus tôt. Certaines personnes s’y sont rendues mais les centres étaient fermés ou en mauvais état. D’autres ont dû marcher plus d’un kilomètre en plein cyclone afin d’atteindre un centre de refuge. Ce n’est pas normal et j’estime que c’est un manque de clairvoyance et de préparation.» 
          
Parlant de l’étape post-Gelena, il trouve que les membres du gouvernement régional «ont peur» de se rendre sur le terrain. «Pa finn trouv zot lor terin. Ena enn trantenn bato kinn endomaze kote Baie Du Nord ek Anse Goeland me pa finn trouv komiser lapes vinn gete. Zis kan Premie minis inn pass la inn arete lerla ki finn trouv komiser lapes, komsi zot per. L’équipe du gouvernement régional n’a pas été en mesure de rassurer la population pour démontrer qu’il y a une équipe solide aux commandes pour aider à reconstruire et à donner une assurance de sécurité aux victimes du cyclone. Ils ont proposé une aide temporaire aux victimes au coût de Rs 35 millions déboursées par le gouvernement central. Certes pour un début c’est bon mais ce n’est pas suffisant. Après plus d’une semaine du passage du cyclone, chaque commission a communiqué ses dégâts mais cela n’a pas été comptabilisé en termes de coût. Nous connaissons le volume des dégâts mais pas le coût pour la reconstruction. Quel est le chiffrage du côté du gouvernement ou du côté du secteur privé pour savoir combien coûtera la reconstruction globale de l’île ? Aucun chiffre n’a été communiqué jusqu’ici. C’est de l’incompétence doublée d’un manque de direction et de leadership de la part du Chef commissaire. Parce qu’un Chef commissaire bien aux commandes aurait dû donner des directives à ses commissaires de donner des chiffres sur tous les dégâts et les pertes causés qui selon moi, s’élèveraient à plus d’un Rs 1 milliard.» 
          
Citant en exemple la route de Baie-aux-Huîtres à Baie-du-Nord, qui a été sévèrement endommagée par certains endroits. «Il y a même une antenne de la MBC qui est endommagée à cause de certain laisser-aller. C’est peut-être parce que l’enceinte qui abrite l’antenne est mal protégée dans une zone en plein air avec un manque de maintenance et de surveillance, ce qui l’a peut-être fragiliséed.»
          
Il soutient que le gouvernement régional fait preuve d’amateurisme, ne pouvant pas venir de l’avant avec un bilan chiffré dans tous les secteurs pour la reconstruction. «C’est une cacophonie dans les déclarations concernant les dégâts du cyclone. Ape invit bann dimunn al fer deklarasion lapolis apre al fer deklarasion komision lagrikiltir Citronelle. Be ena plizir sant agrikol atraver lil. Dimounn bizin deranze pou al fer lake Citronel lerla ofisie dir zot ki finn nepli pe pran deklarasion ? Koman zot fonksione ? Il y a un désordre, ajouté au fait que tous les animaux morts doivent être laissés sur place en attendant que les officiers viennent faire un constat. Pendant combien de temps les éleveurs devront laisser leurs animaux morts en plein air avec les risques sanitaires ? Ce n’est pas faisable.»
          
Il souhaite que les pêcheurs qui ont eu leur bateau endommagé soient dédommagés. Pour ceux dont les bateaux ont été complètement perdus, il préconise que les autorités leur remboursent le coût du bateau, tout en leur octroyant un ‘stipend’ à hauteur de Rs 4 000 par mois pendant plusieurs mois, afin de leur permettre de survivre.