C’est rare de voir un lauréat qui ne sourit pas. C’est ce qui nous a intrigués chez Leckraj Hurbhookun, 18 ans. Ce jeune homme très discret fait la fierté de son collège, le Piton State College. C’est la première fois que l’établissement décroche un lauréat. Pourtant, il ne semble pas mesurer la portée de cet accomplissement. Nous avons rencontré Leckraj Hurbhookun dans son univers: la bibliothèque de son école.

Si pour tout le collège, c’était une évidence que Leckraj Hurbhookun décrocherait le sacre, pour le principal concerné, rien n’était aussi sûr. «J’ai demandé à mes collègues d’écouter la radio avec moi. J’ai entendu mon nom mais je n’étais toujours pas sûr. J’ai pleuré lorsque j’ai réalisé», soutient-il.

Décrocher le titre de lauréat était, pour le brillant élève, indispensable. Pourquoi ? «Je voulais prouver à des gens qui n’ont pas cru en moi qu’ils avaient tort. C’est ma revanche. Je suis content d’avoir été le premier lauréat de mon collège. C’est grâce à cette école que j’en suis là», confie-t-il.

Ce que Leckraj Hurbhookun ne dit pas tout de suite, c’est tout le chemin parcouru pour en arriver là. Le jeune homme estime avoir eu beaucoup de chance d’avoir été encadré par ses enseignants et son école.

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Ranjan Betchoo, recteur du Piton State College, indique que depuis son arrivée au collège, les enseignants ont toujours caressé l’espoir de voir l’école décrocher son premier lauréat un jour. «Nous l’avons suivi de très près. C’est un enfant qui a énormément de potentiel. Il est très appliqué et il se donne à fond, tant sur le plan académique que non académique. Nous sommes très fiers de lui», avance Ranjan Betchoo.

Issu d’un milieu très modeste, cet habitant de Roche-Bois souligne que ses enseignants ont accepté de lui donner des leçons particulières gratuitement. Et pendant son temps libre, il se plongeait dans ses livres. Si ce n’était pas à la bibliothèque de l’école, c’était dans une bibliothèque municipale. Et à chaque fois qu’il avait besoin de soutien, il se tournait vers sa mère.

«Elle a fait énormément pour moi… je lui demande pardon pour toutes les erreurs que j’ai pu commettre», nous confie le jeune homme, la voix cassée par l’émotion. Nous comprenons d’emblée que la vie n’a pas toujours été rose. Sa mère Geetabaly Hurbhookun, General Worker dans un collège d’État, nous le confirmera quelques minutes plus tard.

«Cela n’a pas été facile pour lui. Il a eu à gérer énormément de choses à un jeune âge. C’est un enfant très silencieux mais rempli de détermination. Il a fait tout ce qu’il pouvait pour me rendre fière. Et je suis une maman comblée. Mes deux fils ont su me rendre heureuse», affirme Geetabaly Hurbhookun. Cette mère courage se souvient de l’époque où elle aidait ses deux fils a faire leurs devoirs. N’ayant pas pu aller au-de là du School Certificate, elle fait ressortir qu’elle a voulu aider ses enfants du mieux qu’elle le pouvait. Leckraj Hurbhookun a aussi un grand frère sur qui il peut toujours compter.

Vers quelle filière compte-t-il se tourner ? Pour le moment, il n’y a pas arrêté son choix à un domaine en particulier. Il commence petit à petit à réaliser que plusieurs opportunités s’offrent à lui.