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«Gilets jaunes»: des «foulards rouges» défilent à Paris pour les institutions

27 janvier 2019, 08:30

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«Gilets jaunes»: des «foulards rouges» défilent à Paris pour les institutions

Une marche pour «défendre la démocratie et les institutions» face aux violences: lassés par les «gilets jaunes», des «foulards rouges» lancent un pari inédit dans les rues de Paris dimanche.

«C’est un appel à la majorité silencieuse qui reste terrée chez elle depuis dix semaines», plaide l’initiateur de la «Marche républicaine des libertés», Laurent Soulié.

C’est depuis sa page Facebook «STOP. Maintenant, ça suffit» que cet ingénieur toulousain de 51 ans a lancé mi-décembre l’idée de cette marche, «comme une bouteille à la mer», quand il a compris que «le mouvement n’allait pas s’apaiser».

Il a ensuite été rejoint par le collectif des «foulards rouges», né fin novembre pour protester contre les blocages, à condition que le défilé ne soit pas une manifestation de soutien au président Macron mais, plus largement, à la République.

«La colère a été entendue, les revendications étaient légitimes mais nous dénonçons la forme, les violences systématiques, la haine contre les élus, les journalistes. Aujourd’hui, on n’est plus dans une contestation sociale», a déclaré Laurent Soulié, initiateur de la marche, lors d’un point presse.

L’inconnue de la participation

Nombre des «foulards rouges» interrogés par l’AFP avant la manifestation disent avoir partagé certaines revendications des «gilets jaunes», mais rejeter la violence «contre les institutions».

«Les gilets jaunes organisent des choses à côté, toujours à côté, comme s’ils ne voulaient pas reconnaître le droit des institutions», a ainsi témoigné Eddy Frogeais, 49 ans, un Breton salarié d’une association. Il souhaite aujourd’hui «une trêve» dans les manifestations pour que le dialogue «se mette en place».

Caroline Garcin, une ancienne infirmière de 41 ans originaire de Montpellier et qui vit aujourd’hui de l’allocation adulte handicapée, dit avoir retrouvé avec les «foulards rouges» «une France éveillée, apaisée et respectueuse». Elle refuse «d’être prise en otage», «qu’on dise que notre pays est une dictature» et n’accepte pas «qu’on appelle au lynchage et à tuer du flic».

Le nombre de participants est l’une des grandes inconnues avant le départ du cortège, qui doit s’élancer vers 14h place de la Nation et rallier la place de la Bastille.

Samedi en fin de journée, quelque 9.900 personnes déclaraient en ligne vouloir participer à l’événement, et 27.000 se disaient «intéressées».

«Si on est 20.000, ce sera un succès, 40.000 un très gros succès», a affirmé Théo Poulard, vice-président des «foulards rouges».

LREM en retrait

Si Laurent Soulié est un sympathisant assumé de La République en marche (LREM), le parti présidentiel et la majorité se tiennent à l’écart de cette initiative, qui lui est sympathique mais entre en collision avec l’esprit d’apaisement voulu pour le grand débat national qu’a lancé la semaine dernière Emmanuel Macron.

«On a forcément des sympathies pour ceux qui disent qu’ils veulent le retour au calme, mais on est dans le moment du grand débat», a expliqué samedi à l’AFP la ministre des Affaires européennes Nathalie Loiseau: «Et même quand une cause est sympathique et juste, on doit penser à ne pas compliquer les choses».

Du côté des «foulards rouges», on s’efforce de dissocier le souci de libérer la parole de ceux qui ne se sentent pas «gilets jaunes», et un quelconque soutien au chef de l’Etat. Les députés LREM qui ont prévu de participer à la marche le feront à titre individuel.

«Je pense aller à la manifestation sans écharpe, sans marquage, sans rien, dans un bon état d’esprit, quelques instants pour montrer qu’il y a aussi des gens qui sont aux côtés du gouvernement», annonce ainsi la députée de Paris Olivia Grégoire.

Enfin, plusieurs «foulards rouges» ont fait état de «menaces» sur les réseaux sociaux, où un appel à une contre-manifestation a été lancé.