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Rupture d’un barrage au Brésil : les recherches reprennent, des centaines de morts redoutées

26 janvier 2019, 19:31

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Rupture d’un barrage au Brésil : les recherches reprennent, des centaines de morts redoutées

Les secouristes ont repris samedi la recherches de survivants au lendemain de la rupture d’un barrage minier qui a fait au moins neuf morts, mais le bilan pourrait considérablement s’alourdir, avec quelque 300 personnes disparues samedi et des «chances minimes» de les retrouver en vie.

Au total, 13 appareils ont été mobilisés, survolant d’immenses étendues entièrement recouvertes d’une boue marron aux reflets grisâtres.

Un porte-parole des pompiers a affirmé à la chaîne Globonews qu’il croyait encore en la possibilité de retrouver survivants.

Mais Romeu Zema, gouverneur de l’Etat de Minas Gerais (sud-est), où une tragédie similaire avait fait 19 morts en 2015, a déclaré hier que les chances d’en retrouver étaient «minimes». «Nous ne trouverons probablement que des corps», a-t-il déploré.

Selon les pompiers, 100 à 150 des 300 disparus se trouvaient sur le site de la mine et les autres dans les zones rurales environnantes. Une vingtaine de blessés ont été transférés dans des hôpitaux locaux.

La rupture de ce barrage appartenant au géant minier Vale a eu lieu vendredi vers 13h00 locales (15h00 GMT), à Brumadinho, commune de 39.000 habitants située à 60 km au sud-ouest de Belo Horizonte, capitale du Minas Gerais.

Le président Jair Bolsonaro a décollé de Brasilia samedi en début de matinée et devrait survoler la région en compagnie du ministre de la Défense.

«Nous allons constater les dégâts pour prendre toutes les mesures nécessaires pour atténuer la souffrance des familles de possibles victimes, ainsi que les problèmes environnementaux», avait affirmé vendredi le chef de l’État.

Les autorités avaient affiché initialement leur inquiétude en raison de prévisions de pluie qui auraient pu compliquer les opérations de secours, mais le ciel était dégagé samedi matin à Brumadinho.

«Hier, nous étions mobilisés pour des missions de secours, mais aujourd’hui nous débutons une nouvelle phase, le travail humanitaire, pour venir en aide aux sans-abris et à toutes les personnes désemparées», a expliqué à l’AFP Walter Moraes, de la Croix Rouge.

Anxiété et révolte 

À Brumadinho, de nombreux proches de salariés de la mine attendaient des nouvelles avec anxiété et ne cachaient pas leur révolte face au peu d’informations obtenues auprès des autorités.

«Ils ne veulent rien dire! Ce sont nos fils, nos maris, et personne ne dit rien. Mon neveu de cinq ans m’a demandé si son père était mort. Qu’est-ce que je vais lui dire?», a déclaré à l’AFP Olivia Rios.

«La plupart des personnes touchées sont nos employés», a affirmé vendredi le PDG de Vale, Fabio Schvartsman, lors d’une conférence de presse.

«La tragédie environnementale devrait être moindre que celle de 2015, mais la tragédie humaine bien plus importante», a conclu le dirigeant, dont l’entreprise était également impliquée dans le drame d’il y a trois ans et deux mois.

Les actions de Vale ont chuté de plus de 8% à la clôture de la Bourse de New York, après avoir plongé dans un premier temps de plus de 11% à l’annonce de cette nouvelle tragédie.

Le site internet d’informations G1 a affirmé que la Justice du Minas Gerais avait ordonné de bloquer des comptes bancaires totalisant un milliard de réais (233 millions d’euros) en prévision de l’indemnisation des victimes.

«Tragédie annoncée»

Les causes de la rupture du barrage n’ont toujours pas été établies.

L’ingénieur spécialiste en barrages, Dickran Berberian, professeur de l’Université de Brasilia, a affirmé que la désastre de vendredi était «une tragédie annoncée».

«Le barrage avait déjà donné des signes de fuite par le passé. Je ne vois rien d’imprévisible. Nous n’avons pas ici de volcans, de séismes qui auraient pu provoquer ça. Tout aurait dû être calculé», a-t-il insisté.

En novembre 2015, la rupture du barrage de Samarco, une copropriété de Vale et du groupe anglo-australien BHP, avait fait 19 morts et provoqué un drame écologique sans précédent au Brésil, près de Mariana, à environ 150 km de Belo Horizonte.

«C’est incroyable que trois ans et deux mois après Mariana, un autre accident avec les mêmes caractéristiques ait lieu dans la même région», s’est insurgé Greenpeace dans un communiqué.

À l’époque, des centaines de kilomètres carrés avaient été submergés par un tsunami de boue, qui avait traversé deux États brésiliens et s’était répandu sur 650 kilomètres jusqu’à l’océan Atlantique à travers le lit du fleuve Rio Doce, l’un des plus importants du Brésil.