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Port de pêche: les dessous de l’abandon du projet de Bain-des-Dames

25 janvier 2019, 22:25

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Port de pêche: les dessous de l’abandon du projet de Bain-des-Dames

Que s’est-il donc passé entre 2015 à ce jour pour justifier l’abandon du projet de port de pêche à Bain-des-Dames ? Du côté de la Mauritius Ports Authority (MPA), on parle d’engagements et de délais non respectés du promoteur chinois LHF Marine Development Ltd. Qu’en est-il au juste ?

Tout commence en juillet 2015. Des investisseurs chinois débarquent à Maurice en vue d’entamer des négociations avec les autorités. Ils veulent créer un port de pêche à Maurice. Projet calqué sur un modèle déjà entamé en Malaisie et qui devrait permettre à Maurice d’accueillir une centaine de bateaux de pêche annuellement.

Un mois après, le 25 août 2015, le ministre des Finances d’alors, Vishnu Lutchmeenaraidoo, annonce un accord entre la Chine et Maurice pour la création du port de pêche par la société privée LHF Marine Development Ltd, dont la maison mère se trouve en Chine. Il déclare que le projet, financé par la China Development Bank, verra le jour à Bain-des-Dames. À présent que le projet a été avorté, soit quatre ans plus tard, une première incohérence surgit. Il s’agit du choix du site.

Nous apprenons de la MPA que les investisseurs chinois sont passés par le Board of Investment – qui a, depuis été absorbé par l’Economic Development Board – avec une proposition de port de pêche. «La MPA a dit que le projet pourrait se faire à Bain-des-Dames si des conditions spécifiques étaient respectées et ils ont accepté», affirme une source à la MPA.

C’est donc la MPA qui a décidé du site. Notre source autorisée explique aussi qu’un délai a été accordé au promoteur pour qu’il démontre que ces conditions pouvaient être respectées. «Ce délai a été repoussé à deux reprises. Nous n’avons rien vu venir et nous avons abandonné le projet», poursuit-elle.

Autre son de cloche

Au niveau de LHF Marine Development Ltd, c’est un tout autre son de cloche. Oui, les investisseurs sont venus, ils ont proposé l’idée de port de pêche… mais ils voulaient un endroit bien plus près du port. «Ce site ne nous facilitait pas la tâche mais aucune autre option ne nous a été donnée. Nous avons ainsi accepté mais il y avait de lourds travaux de dragage à faire sur les 25 premiers mètres de lagon. Il aurait été avantageux d’avoir un site beaucoup plus près du port. Cela nous aurait fait gagner du temps», avance une source de la direction de la société chinoise.

Une extension du délai accordé pour débuter les travaux de dragage a certes été demandée. La source précise toutefois que la MPA était partie prenante de toutes les discussions et était au courant des raisons du retard. «Il y avait une communication constante entre les deux parties et tout était fait dans la transparence.»

N’y avait-il pas un autre site dans les parages du port qui présentait moins d’inconvénients ? En 2019, nous apprenons que oui. D’ailleurs, la MPA envisage actuellement la construction d’un port de pêche à côté de Fort-William. Selon une explication obtenue d’une source de la direction, ce site a été défini dans le plan directeur 2015-40 du port, rendu public en 2016. «Sur ce site à côté de Fort-William, nous sommes sûrs de pouvoir réaliser un port de pêche parce qu’une étude de faisabilité a déjà été faite. Nous lancerons bientôt un Expression of Interest, ensuite un appel d’offres», poursuit notre interlocuteur.

Toujours est-il que les premiers couacs dans le projet de Bain-des-Dames ne datent pas d’hier. Alors que les premiers coups de pioche sont attendus en mars 2016, au gouvernement, c’est aussi le mois du remaniement ministériel. Vishnu Lutchmeenaraidoo quitte le fauteuil des Finances et cède la place à Pravind Jugnauth. Dès lors, le projet accumulera du retard et le coût, initialement estimé à environ Rs 7 milliards, s’élèvera à plus de Rs 10 milliards.

Selon un directeur de la société chinoise, il y aura de moins en moins de retours de la part des autorités. En septembre 2017, l’express apprend de plusieurs sources du gouvernement que le projet de port de pêche n’irait pas de l’avant. Nous confrontons le promoteur qui dément catégoriquement à plus de trois reprises. Entre-temps, rien ne sort de terre. Face à un manque d’informations, les membres de l’opposition, dont Paul Bérenger, exigeront des détails. En vain.

 


L’intrigue autour des six bateaux de pêche

<p style="text-align: justify;">La <em>LHF Marine Development Ltd</em> obtient le feu vert pour construire six bateaux de pêche dans le cadre du même projet. Construction qui se fait en Chine. L&rsquo;arrivée des six bateaux est même annoncée dans notre édition du 24 août 2017. Sauf que lorsque les six bateaux accostent Port-Louis en octobre 2018, ils butent sur l&rsquo;objection des autorités locales. Lesquelles avaient auparavant donné les autorisations requises pour construire les bateaux. Elles ont fait comprendre que les six bateaux n&rsquo;avaient pas de permis. Les promoteurs chinois et mauriciens ont attendu plus de deux mois le feu vert du bureau du Premier ministre, mais selon notre source, il n&rsquo;y a eu aucun retour. Les six bateaux ont été contraints de rebrousser chemin.</p>

 

 

La compagnie mauricienne dans le flou

<p style="text-align: justify;">Quel est l&rsquo;avenir de la filiale locale de <em>LHF Marine Development Ltd </em>? Après la nouvelle publiée dans l&rsquo;édition de <em>l&rsquo;express </em>du mercredi 23 janvier, une réunion interne entre les différentes parties prenantes a été sollicitée par l&rsquo;un des directeurs pour décider de l&rsquo;avenir de la société. <em>&laquo;L&rsquo;avenir est menacé. Il faudra attendre la fin des festivités du Nouvel An chinois pour en savoir plus&raquo;</em>, laisse-t-il entendre.</p>