Publicité

Travailleurs étrangers: quand précarité rime avec insalubrité

3 janvier 2019, 19:45

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Travailleurs étrangers: quand précarité rime avec insalubrité

Fuites aux plafonds, mauvaises herbes envahissantes dans les cours, repas immangeables, salaire minimal non respecté, vols… Autant de difficultés auxquels font face des travailleurs bangladais vivant dans les maisons des anciens travailleurs d’une propriété sucrière, située à l’est du pays. Certains ont même exprimé le voeu de rentrer chez eux, au Bangladesh, chose qui leur a cependant été refusée. Ils espèrent vivement que les autorités concernées viendront les rencontrer, afin d’entendre leurs griefs.

Au premier abord, ils ont peur de parler, prétendant même que tout va pour le mieux. Ce n’est qu’une fois la confiance installée que les langues se délient. Ces Bangladais confient qu’ils ont peur des représailles. «On va nous renvoyer», confie l’un d’eux. L’homme travaille au sein d’une société spécialisée dans l’industrie de la mode depuis deux ans.

Ils sont incapables de consommer le peu de nourriture reçue de la cantine de l’usine.

«J’ai déjà fait une demande pour que l’on me renvoie dans mon pays, mais la direction ne veut pas. Si j’étais resté au Bangladesh, j’aurais gagné deux fois plus que le salaire que je touche ici.» Il faut savoir que ces travailleurs bangladais, qui sont environ 400, ne touchent pas le salaire minimal.

Ils racontent aussi qu’ils ont été victimes de plusieurs cas de vols. «Le mois dernier, un ordinateur portable et de l’argent ont été volés. On nous a dépouillés de sommes allant de Rs 5 000 à Rs 8 000.» Les ouvriers ajoutent même que ceux incriminés seraient vite relâchés par la police de la région. «Il n’y a aucune sécurité autour des maisons dans lesquelles nous vivons.»

Selon un travailleur, il aurait gagné 10 fois plus s’il serait resté au Bangladesh.

Autre problème soulevé par ces étrangers est que les maisons ont plusieurs fuites dans leurs toitures. «En temps de pluie, nous pouvons presque prendre notre douche dans nos chambres, tellement le plafond fuit. Nous avons, à plusieurs reprises, alerté les responsables de notre usine, mais rien n’est fait.»

Ces travailleurs se plaignent également de la nourriture qu’on leur sert de la cantine. «Elle est immangeable. Nous la jetons et devons en cuire d’autre.» Il nous montre un plat confectionné à leur intention : du riz blanc dans un bol et une sauce rougeâtre, contenant des petits morceaux de viande. «Comment pensez-vous que 11 personnes peuvent manger si peu, sans parler de la qualité de cette nourriture ?» Ils espèrent que les officiers du ministère du Travail viendront leur rendre visite afin que les autorités puissent découvrir dans quelles conditions ils vivent.

 


Faizal Ally Beegun: «Il faut fermer ces dortoirs de la honte»

<p style="text-align: justify;">Pour le syndicaliste Faizal Ally Beegun, il est temps de fermer les chambrées pour travailleurs étrangers.<em> &laquo;Ce sont des dortoirs de la honte. Je fais un appel au ministre Soodesh Callichurn pour qu&rsquo;il puisse prendre les mesures qui s&rsquo;imposent. Si ces dortoirs ne sont pas convenables aux Mauriciens, comment peuvent-ils l&rsquo;être pour des Bangladais et des Malgaches ?&raquo;</em> fustige le syndicaliste. Il ajoute que cela fait 15 ans déjà depuis qu&rsquo;il dénonce l&rsquo;insalubrité de ces dortoirs.</p>