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Sing along: aller simple pour un «Dernié régar»

28 décembre 2018, 19:37

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Sing along: aller simple pour un «Dernié régar»

 

L’ambiance est aux disques de l’année. Mais loin des boom boom, d’autres rythmes nous entraînent vers des sujets d’actualité. Pour que les chansons fassent bouger les pieds mais la tête aussi. Fin de la série avec «Dernié régar» de Vishnou Carombayenin.

Oubliez le côté kitsch. Quand on manque de sommeil à cause des travaux la nuit. Quand on n’a plus son bol d’oxygène au petit- déjeuner, parce qu’on a rasé la promenade Roland Armand, on ne s’arrête pas aux détails, du côté de la rue Vandermeersch.

«Enn dernié régar lor lagar

Enn dernié bizou lor to lazou

Enn dernié trin mo pran pou enn nouvo matin.»

Si la chanson de Vishnou Carombayenin a déjà été remixée (l’album Dernié régar date de 2000), une nouvelle version ne serait pas de trop, avec le chantier du métro. Un nouveau come-back, qui sait, pour ce chanteur des années 1980 qui n’a jamais caché qu’il était un «traser». Un peu comme le tracé du Metro Express, qui reste un peu mystérieux. Jusqu’au moment où des gens se réveillent face à la menace de la démolition d’une partie de leur maison.

Pour les moins de 20 ans, Vishnou – la popularité a raccourci son nom – est un spécialiste de l’adaptation de mélodies de bollywood, avec des textes en créole. Il a fait fureur avec une certaine Amina. Encore une chanson revenue dans l’actualité, avec les péripéties de l’exprésidente de la République. Il avait vraiment du flair ce Vishnou, sous son grand chapeau, sa chaîne en or bien visible sur son costume estampillé année 80.

«Enn ti zanfan Trèfles» qui a tourné dans des soirées en France, en Suisse et en Angleterre. Fier de son passé de vendeur de pains et de makatia koko, Vishnou, le «militan koltar» met les voiles. C’est à Paris qu’il va rouler sa bosse. De fil en aiguille, le sans-papier anime des soirées, fait des rencontres décisives. Passe la frontière suisse. Et trace à nouveau sa voie jusqu’à devenir directeur artistique et propriétaire de restaurant.

«Lor rel mo leker lor pon lamour li roulé», dit la chanson.

Plus que neuf mois à attendre, pour faire le trajet Port-Louis–Rose-Hill en Urbos à 25 km/h, en pleine région urbaine. Mais c’est à vitesse grand V que le jardin Bijou a lui aussi été rasé, tout comme Arab Town et le terrain de jeux à Barkly. Dans les villes voisines, on n’a pas bougé une oreille. Laissant les seuls riverains manifester leur mécontentement. Nature profonde de l’îlois. Quand ce n’est pas chez lui, cela ne le concerne pas. À Quatre-Bornes, on ne perd rien pour attendre. Combien d’arbres, de cas d’expropriations et d’empiètement passeront sous les rails du développement ?

Pendant ce temps-là, plusieurs anciennes gares de trains – ceux qui ont sillonné Maurice entre 1864 et 1964 – attendent patiemment d’avoir le statut de patrimoine national. Ne parlons pas du vieux projet de musée du rail. Un emplacement avait déjà été identifié à Mapou. Il a été envahi par les herbes folles. Les autorités en reparlent de temps en temps. Mais n’a-t-on pas déjà raté le train de l’Histoire ?