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Diplomatie: Tanmaya Lal aura du pain sur la planche en 2019

28 décembre 2018, 19:45

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Diplomatie: Tanmaya Lal aura du pain sur la planche en 2019

Exit Abhay Thakur, enter Tanmaya Lal. Le nouveau haut-commissaire de l’Inde arrive à Maurice bientôt. Celui qui était jusqu’ici ambassadeur et adjoint au représentant permanent de l’Inde auprès des Nations-unies, à New York, prendra ses fonctions d’ici quelques jours, indique la haute commission, sans préciser de date. Son arrivée devrait mettre fin aux spéculations concernant la mutation de son prédécesseur, Abhay Thakur, vers le Nigeria.

À l’Indian High Com, même si l’on ne souhaite pas commenter le fait qu’il y aurait eu sanctions contre Abhay Thakur, en raison d’une proximité affichée avec le gouvernement mauricien, l’on affirme au contraire que cette affectation à Abuja constitue en quelque sorte une «promotion », puisqu’il s’agit d’un des plus grands pays d’Afrique. Le choix pour le déploiement des ambassadeurs est fait par le ministère des Affaires étrangères indien.

Après deux ans passés à Port-Louis, Abhay Thakur s’est dit toutefois déçu de ne pas être à Maurice en 2019 pour célébrer la mise sur les rails du Metro Express. En effet, lors d’une réception offerte en son honneur au centre Indira Gandhi pour la culture indienne, à Phoenix, mercredi soir, dans le cadre de son départ, le Premier ministre, Pravind Jugnauth, a rendu un hommage appuyé au diplomate pour ses efforts sans relâche dans la mise en oeuvre des projets mauriciens financés par New Delhi.

Parmi ceux-ci : la construction de la Cour suprême, celle de l’hôpital ENT, et des logements sociaux, mais surtout les travaux d’infrastructures à Agalega et le Metro Express. Des projets réalisés à partir des financements obtenus de la Grande péninsule. L’une des priorités du nouvel ambassadeur sera justement d’assurer le suivi et le bon déroulement de ces grands projets qui ont ouvert une nouvelle ère dans les relations bilatérales entre Maurice et l’Inde.

Pour Vijay Makhan, ancien secrétaire aux Affaires étrangères et ancien diplomate mauricien, les liens entre les deux pays ont dépassé le cadre historique et culturel. Il s’agit maintenant d’une relation structurée, surtout au niveau économique. D’ailleurs, le nouveau représentant indien devra rassurer les opérateurs du secteur offshore sur le Comprehensive Economic Cooperation and Partnership Agreement qui devrait être signé bientôt. Mercredi soir, Pravind Jugnauth et Abhay Thakur se sont félicités de l’avancée des discussions en annonçant un accord pour bientôt.

La venue à Maurice de Tanmaya Lal, 52 ans, s’inscrit dans une logique économique et géostratégique, estime l’ancien diplomate Vijay Makhan. «Ce choix n’est pas anodin, surtout dans ce contexte de guerre d’influence avec la Chine», renchérit pour sa part l’observateur Suttyhudeo Tengur. Les deux grandes puissances se livrent d’ailleurs à un véritable forcing dans la région, pour sécuriser surtout les routes maritimes dans le cadre de leur expansion commerciale. Ainsi, les Seychelles, les Maldives et le Sri Lanka, au même titre que Maurice, sont au centre de cette convoitise.

Le nouvel ambassadeur compte 25 ans de carrière dans la diplomatie, ayant été en poste en Allemagne, en Iran, en Autriche ou au Kenya, notamment. Ingénieur chimiste de formation, Tanmaya Lal a notamment reçu le S. K. Singh Award for Excellence, qui récompense les meilleurs éléments de l’Indian Foreign Service.

 


Une meilleure gestion de la situation ?

<p style="text-align: justify;">Le nouvel ambassadeur indien a plusieurs brillantes réussites à son actif. Il a notamment été l&rsquo;un des artisans de l&rsquo;India-Africa Forum, en 2015, en Inde. Ce forum avait réuni pratiquement tous les chefs d&rsquo;État ou de gouvernement du continent africain. Ce qui fait dire à Suttyhudeo Tengur que Tanmaya Lal sera apte à assurer une meilleure gestion de la situation, sur le plan local. Toutefois, estime, pour sa part, Vijay Makhan, il y a des choses qui ne tournent pas rond dans cette relation indo-mauricienne. <em>&laquo;L&rsquo;opacité, par exemple. Trop de secrets concernant les accords signés entre les deux pays.&raquo; </em>Ce qui, selon lui, pousse les Mauriciens à s&rsquo;en méfier. Il cite en exemple le Metro Express et surtout Agalega, où le gouvernement indien devrait garder une certaine mainmise, avec 18 millions de dollars qui doivent y être investis par Afcons Infrastructures, pour la réalisation de plusieurs projets. Pour les spécialistes, il faudra en finir avec la culture du secret, qui n&rsquo;a plus sa place à l&rsquo;ère d&rsquo;Internet.</p>