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Nicaragua: journalistes et médias d’opposition dénoncent les attaques du pouvoir

5 décembre 2018, 01:35

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Nicaragua: journalistes et médias d’opposition dénoncent les attaques du pouvoir

Journalistes et médias d’opposition au Nicaragua dénoncent les arrestations, le harcèlement et les menaces du pouvoir qui se fait de plus en plus pressant pour «réduire la liberté d’expression», selon les organisations de défense des droits de l’homme et de la liberté de la presse.

La présidente du centre nicaraguayen des droits de l’homme (Cenidh), Vilma Núñez, a annoncé qu’elle dénoncerait mardi à Washington, auprès de M. Edizon Lanza, le rapporteur pour la liberté d’expression de la Commission interaméricaine des droits de l’homme, «l’agression que subissent actuellement les médias indépendants» du Nicaragua.

Le gouvernement s’en est pris aux médias indépendants dès le début des manifestations contre le président Daniel Ortega, le 18 avril dernier. Cependant, les attaques se font de plus en vives avec des agressions, des menaces et du harcèlement policier.

Depuis lundi, les émissions de la station de radio d’opposition Radio Darío, dont le siège est à Leon (nord-ouest), ont cessé en raison d’une intervention de la police. Le même jour, le directeur de la chaîne de télévision 100% Noticias, Miguel Mora, a été accusé d'«incitation à la haine et à la violence».

Incendiée le 20 avril, Radio Dario avait trouvé de nouveaux locaux mais ceux-ci ont été investis lundi par la police qui a saisi le matériel après avoir assiégé la radio en menaçant pendant plus de trois heures d’enfoncer les portes. «Actuellement nous n’émettons plus et les membres du personnel sont réfugiés ou cachés en lieu sûr», a dit mardi le directeur de la radio Aníbal Toruno qui a quitté le pays voici deux mois pour se protéger.

Vendredi dernier, encore à Leon, c’est la radio d’opposition Radio Mi Voz qui a été forcée d’interrompre ses émissions en raison du harcèlement de la police, selon son propriétaire Alvaro Montalvan, qui avait lui-même été interpellé quelques jours auparavant et placé en garde à vue.

«Action coordonnée»

De son côté, le patron de 100% Noticias est visé par une plainte pour «incitation à la haine et à la violence» par les proches d’un policier et d’un fonctionnaire municipal de Carazo (côte pacifique), tués durant les affrontements entre opposants et partisans du régime.

«C’est une accusation parmi des centaines (...) On m’accuse de tout, on me dénonce pour tout (...) le but c’est de nous faire taire, que nous mettions à l’antenne des clips de musique, que nous quittions le pays. On menace de m’emprisonner, de me tuer», explique Miguel Mora.

L’antenne au Nicaragua du Pen Club dénonce «une action coordonnée» entre partisans et institutions du régime de façon à «créer un artifice légal mais sans fondement pour procéder à l’arrestation» de Mora, pour que la chaîne de télévision cesse de dénoncer les exactions du gouvernement. «C’est sans précédent dans ce pays que l’on accuse devant la justice un organe de presse pour incitation à la violence. La chaîne par câble 100% Noticias a seulement informé sur les actions illégales de la police», insiste dans un communiqué l’organisation de défense des écrivains et des journalistes.

Le Cenidh a condamné ces attaques contre 100% noticias, un média emblématique au Nicaragua pour sa couverture de la crise depuis avril dernier. De son côté, la CIDH a exigé du gouvernement qu’il «cesse ses actions d’intimidaction et de harcèlement».

La CIDH a dénoncé en juillet dernier la répression exercée contre les médias et les journalistes critiques du gouvernement après que le régime eut réussi à mater les émeutes.

La presse et les journalistes ont été la cible de plus de 420 agressions, actes de censure ou menaces de la part des forces de police ou des paramilitaires en six mois de crise politique au Nicaragua, a dénoncé le mois dernier la Fondation Violeta Barrios de Chamorro (FVBCH) de défense des droits de l’homme.

Les journalistes de province sont les plus exposés et nombre d’entre eux ont choisi l’exil, selon les organisations de défense de liberté de la presse.

Parmi les 325 personnes tuées lors des violences politiques figure notamment le journaliste Angel Gahona, tué d’une balle en pleine poitrine alors qu’il couvrait les manifestations dans la ville de Bluefields (côte caraïbe)