Publicité

IBA Act: Questions pour deux champions radiophoniques…

4 décembre 2018, 22:12

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

IBA Act: Questions pour deux champions radiophoniques…

Outre leur proximité avec le gouvernement Lepep, on se demande sur quels critères First TalkLtd (Radio Pima) et Mayfair & Purely Communications Ltd (Star Radio) ont-elles été choisies ? À cet effet il est important de savoir ce que dit l’article 20 de l’Independent Broadcasting Authority (IBA)Act.

Il définit les conditions que l’IBA devrait prendre en considération pour octroyer une licence à quelconque postulant. Il précise, entre autres, que l’IBA devrait tenir en ligne de compte principalement (1) «the objects specified in Section 4» (les objectifs del’IBAtels que définis à l’article 4 de l’IBA Act), (2) «whether or not the applicant is qualified to offer the broadcasting service» et (3) «The Authority shall promote pluralism in the media by giving priority of consideration to applicants who are able to satisfy the Authority that their broadcasting services shall be subject tono editorial control other than an independent editorial control exercised from within the broadcasting business of the prospective licensee.»

Et l’article 4 de l’IBA définit les principaux objectifs comme suit:-

(a) «promote the provision of a diverse range of radio and television broadcasting services throughout Mauritius» ;

(b) «promote the development of broadcasting services which are responsive to the needs of the Mauritian audience» ;

(c) «preserve and promote the plural nature of Mauritian culture by ensuring that licensees include in their services programmes reflecting thelinguistic and cultural diversity of Mauritius» ;

(d) «ensure that licensees include in their services regular locally produced programmes» ;

(e)«ensurethat broadcasting services are not controlled by foreign nationals» ;

(f)«imposelimitations on cross media control of private broadcasting services» ;

(g) «ensure fair competition between broadcasting licensees» ; ***

(i) «Ensure that broadcasting services –

(ii) are of such a nature as not to en- courage or incite crime or racial hatred leading to disorder or offending public feeling;

(iii) give adequate coverage to information, education, culture, entertainment and recreation;

(iv) are impartial and accurate» ;

Les dispositions de l’IBA Act présupposent que l’IBA, avant d’octroyer une licence de diffusion, doit avant tout s’assurer que les objectifs tels que définis à l’article 4 de l’IBA Act soient atteints. Mais, en même temps, l’organisme de régulation doit s’assurer de promouvoir la pluralité dans les médias en donnant priorité à un postulant qui serait à même de satisfaire l’IBA, que ses programmes ne seront pas sujets à un contrôle éditorial autre que celui exercé par un contrôle Indépendant,interne du diffuseur. Analysons les dossiers de candidature des deux postulants qui ont été considérés comme étantles plus méritantspar l’IBA, à la lumière des dispositions de l’IBA Act.

«Feel-good factor»

Un des directeurs de First Talk Ltd est Sobhanand Seeparsad, qui est unconseiller en gouvernance au ministère des Services financiers et de la Bonne gouvernance. De plus, un des actionnaires de First Talk Ltd, àhauteur de 20 %, est la société First MediaLtd, promoteur du site d’information www.insidenews. Le Chief Executive Officer de First Media, Chintamanee (Sunil) Gohin,est un des directeurs de First Talk.

Dans une déclaration publiée dans le defimedia.info le 26 novembre,Sunil Gohin a ceci à dire : «Lorsque je suis retourné à Maurice, j’ai constaté qu’il y avait un manque de feel-good factor dans le pays. C’est dans cette logique que j’ai décidé de lancer Inside News. J’ai observé que les radios et les journaux se contentent de ne diffuser que des mauvaises nouvelles. J’ai donc envie de faire quelque chose de différent avec beaucoup de musique, afin de créer un feel-good factor. Après 50 ans d’indépendance, il est temps de cesser de croire que tout va mal dans le pays.»

Comment ce postulant a donc pu être considéré par l’IBA comme étant le plus méritant en termes d’indépendance éditoriale ? D’autre part, d’après le business plan contenu dans le dossier de demande de licence soumis par First Talk Ltd, à l’IBA, il est prévu que cette radio se focalise sur des marchés niches en bhojpuri et anglais. Comment donc a-t-elle pu être considérée comme étant la plus méritante compte tenu de la nécessité de respecter la «nature plurielle de la culture mauricienne en offrant des programmes qui reflètent la diversité culturelle etlinguistique mauricienne» (objectif 4 (c)) ?

La viabilité financière du projet de radio est un autre facteur important que l’IBA a pris en considération puisqu’une section entière du formulaire d’application de la licence est consacrée aux projections financières.D’ailleurs,lors de l’audition de Vox Pop Ltd, un des membres du panel s’était enquis de la viabilité financière du projet. L’IBA avec raison, doit s’assurer que celui qui obtient la licence soit capable de rentabiliser son investissement et de ne pas se retrouver dans des difficultés qui menaceraient son indépendance financière.

Or, First Talk Ltd table sur des recettes de publicité qui sont de Rs 40 millions dès la première année, qui lui permettront de faire des profits même si ses dépenses sont à un niveau élevé (autour de Rs 38 millions annuellement). C’est un pari quelque peu risqué, surtout que la société ne prévoitde contracter aucun emprunt dans son business plan.

Quant à Mayfair & Purely Communications Ltd (Star Radio), deux des directeurs, notamment Ved Choolun et Arvind K. Audit, ont des intérêts dans les médias. Le premier nommé est le Chairman d’United Indians TV (Global internetTV & medianetwork) et le second un actionnaire de Sunrise Radio (radio asiatique en Grande-Bretagne). Comment ce candidat est-il le plus méritant pour promouvoir la «diversité» des services radio à Maurice (objectif4(a)) ? Comment peut-il mieux garantir l’indépendance éditoriale que les autres candidats ? Enfin, comment peut-il mieux garantir que les autres que sa radio ne sera pas contrôlée par des étrangers (objectif 4 (e)), surtout que les investissements seront conséquents (Rs 180 millions) et qu’aucun emprunt n’est prévu ?

Il est permis de remettre en question la viabilité financière du projet de Mayfair&Purely Communications Ltd. La société prévoit des recettes publicitaires qui sont grossièrement exagérées (Rs 136 millions pour la première année et Rs 200 millions pour la troisième année) et les profits avant impôtssont de l’ordre de Rs50 millions pour la première année et de Rs79 millions pour la troisième année. Aucune radio ne peut atteindre de telles recettes dès sa première année, d’autant que le marché des annonces publicitaires doit être partagé avec des concurrents, non seulement d’autres radios mais également d’autres plateformes médias.

Comment est-ce que l’IBA a pu être convaincue que la viabilité financière de cette société sera supérieure par rapport aux autres candidats ?