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Billets d’avion: Air Mauritius serre la vis

3 décembre 2018, 19:00

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Billets d’avion: Air Mauritius serre la vis

Ils sont environ 70. Des anciens membres du «board» de MK bénéficiaient de billets d’avions à des tarifs spéciaux. Cette situation change à présent, avec uniquement quatre billets mis à leur disposition au lieu des 12 habituels. Explications.

C’était une décision attendue depuis longtemps et qui devrait permettre à Air Mauritius de faire des économies d’au moins Rs 25 millions par an. Ratifiée par le conseil d’administration de la compagnie d’aviation nationale la semaine dernière, cette mesure concerne les privilèges accordés aux anciens membres du board, en l’occurrence, le nombre de billets d’avion qui leur sont accordés. Désormais, ce chiffre passe de douze à quatre par an, pour chacun d’entre eux. Un moyen pour MK d’assurer une meilleure gestion, étant donné sa situation financière critique.

Le dernier trimestre, MK a affiché des résultats nets négatifs de Rs 576 millions, surtout occasionnés par une augmentation mondiale du cours du pétrole. Devant cette situation, la direction de MK a opté pour des mesures «inédites». Selon nos informations, la proposition de revoir les privilèges accordés aux anciens de la compagnie n’a pas fait l’unanimité au sein du conseil d’administration. «Plusieurs membres s’y sont opposés mais au final, la direction a su convaincre», fait-on valoir dans les milieux proches du Paille-en-Queue Court.

Car ce n’est pas la première fois qu’il a été question de revoir les «privilèges» accordés aux anciens de la compagnie. En 2015, alors que l’alliance Lepep venait de prendre les commandes du pays, une tentative a eu lieu au mois de juillet, de mettre fin aux «billets gratuits» octroyés aux anciens membres du conseil d’administration. Cela, dans le but de faire économiser «dizaines de millions de roupies» à Air Mauritius. Cependant, cette tentative s’est soldée par un échec, expliqué par des «manœuvres» et une farouche résistance.

Dans les milieux concernés, on avance que cette décision concerne les membres du board qui y ont siégé pendant plus de deux ans. Elle ne concerne nullement les cadres exécutifs, ni les anciens présidents du conseil d’administration. Qu’implique la nouvelle mesure ? Il faut d’abord comprendre que les anciens membres avaient droit à 12 billets par an auparavant. Pour les quatre premiers, ils ne payaient que 10 % du tarif, 25 % pour les quatre autres et 50 % pour les quatre billets restants. Désormais, ils n’auront droit qu’à quatre billets sur une année. Pour les deux premiers, il sera question de payer 10 % du prix du billet, alors que pour les deux autres, les bénéficiaires devront débourser 50 % des frais.

Au niveau du Paille-en-Queue Court, on avance que c’est la première fois qu’une telle décision est prise, en cinquante années d’existence de MK. «Pendant tout ce temps, la compagnie a vu défiler au moins 70 membres du conseil d’administration. Les privilèges étaient également accordés à leurs femmes et leurs enfants. La plupart choisit de voyager en classe affaires. Si on suppose que chaque membre utilisait au moins la moitié des billets, cela équivaudrait à environ 400 billets par an», fait-on valoir. Et d’ajouter que ces individus paieront eux-mêmes les taxes, de même que la nouvelle mesure permettrait de faire économiser environ Rs 25 millions à Air Mauritius chaque année.

 

A-t-on l’intention de revoir les privilèges accordés aux nominés politiques ? Cela, alors même que l’opinion publique a été choquée d’apprendre que le voyage de Ken Arian à New York a coûté Rs 800 000 aux contribuables. En effet, les voyages du conseiller du Premier ministre ont fait l’objet d’une question parlementaire la semaine dernière. Sollicitée, la direction de MK est restée injoignable. Toutefois, à l’hôtel du gouvernement, on avance qu’il n’existe pas de «billets gratuits» à Air Mauritius mais plutôt des rabais, à la hauteur de 90 %. Quant aux nominés politiques, on fait comprendre qu’ils ne bénéficient d’aucun privilège, sauf s’ils siègent sur le conseil d’administration, à l’instar de Prakash Maunthrooa.

Malgré tout, la méthode choisie par MK est loin de faire l’unanimité. Selon un professionnel de l’aviation, il s’agit avant tout d’un nombre limité de billets qui est accordé aux anciens des différents conseils d’administration. Il poursuit qu’aucune compagnie d’aviation au monde n’arrive à remplir ses vols à 100 %. Ce chiffre se situe plutôt autour de 75 % - 78 %. «À Maurice, le nombre de sièges avoisine les deux millions. Le pourcentage donne donc une idée du nombre de sièges qui repartent vides. Accorder des privilèges à des anciens est une politique courante dans le monde de l’aviation. Toutes les lignes le font», explique-t-il.

Selon lui, en maintenant cette pratique, MK aurait plus de chance de se faire des sous (à travers les taxes) en période creuse. Surtout que, dit-il, les privilèges dépendent de la disponibilité des sièges. «Ils ne sont accordés que lorsqu’il n’y a pas de demande de passagers réguliers». Pour notre interlocuteur, on ne peut parler d’abus, étant donné que les anciens cadres ne profitent pas tous des billets qui sont mis à leur disposition.