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Athlétisme: Mayer ou Kipchoge, qui est le plus fort?

3 décembre 2018, 16:04

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Athlétisme: Mayer ou Kipchoge, qui est le plus fort?

 

Comparer Kévin Mayer sur décathlon et Eliud Kipchoge sur marathon, tous les deux recordmen du monde, c’est presque mission impossible. Le titre d’athlète masculin de l’année, décerné mardi à Monaco par la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF), tranchera indirectement la question.

Comment choisir entre les 9.126 points herculéens du Français Kévin Mayer sur les 10 épreuves combinées, et les homériques 2 h 01 min 39 sec du Kényan Eliud Kipchoge sur les 42,195 km, tous les deux réalisés le 16 septembre ? Les spécialistes interrogés par l’AFP donnent des éléments de réponse.

Mayer: «le mythe de l’Hercule» 

«Je suis très sensible aux épreuves combinées, une discipline exceptionnelle», indique Stéphane Caristan, champion d’Europe 1986 du 110 m haies, et consultant sur Eurosport, qui a «une petite préférence pour Kévin Mayer».

«Il a montré un caractère exceptionnel cette année puisqu’après la déconvenue des championnats d’Europe (abandon à Berlin après un zéro à la longueur), il a su se remobiliser avec beaucoup de volonté et beaucoup d’ego. La perf on l’annonce, on l’imaginait. Le faire quand c’est annoncé c’est pas banal

«Pour moi le décathlon ca reste le mythe de l’olympe, le mythe de l’Hercule. Dans le sport moderne, ça reste pour moi l’athlète complet», celui qui doit enchaîner à la perfection dix épreuves (4 courses, 3 sauts, 3 lancers) en deux jours qui demandent des qualités différentes, ajoute-t-il.

 Kipchoge: champion sur la durée 

«Ce qu’a fait Kipchoge, c’est extraordinaire pour un spécialiste du demi-fond», analyse l’entraîneur de Mahiedine Mekhissi Farouk Madaci, dont le coeur penche tout de même pour la performance de Mayer.

«Ce qui est assez extraordinaire pour Kipchoge, c’est qu’il était champion du monde du 5 000 m en 2003», à Paris, où il avait dominé à 18 ans deux légendes de la piste, le Marocain Hicham El Guerrouj et l’Ethiopien Kenenisa Bekele.

«Quinze ans après il vient faire 2h 1 min 39 sec (...) Ce qui me plaît chez les champions hors norme c’est la durée», poursuit le coach du quintuple champion d’Europe français.

- Le plus dur à battre? Bolt! -

«Aussi extraordinaires que ces deux records soient, on est loin des limites», juge Pierre-Jean Vazel, entraîneur du lanceur de marteau Quentin Bigot, et statisticien de l’athlétisme, qui trouve les deux performances incomparables.

«L’expérience de Monza (Kipchoge avait couru en mai 2017 un marathon non officiel en 2h et 25 sec) a montré qu’on pouvait améliorer ce record (...). De plus le dernier lièvre a lâché Kipchoge relativement tôt à Berlin (au 25e km) et Kipchoge a raté le dernier ravitaillement.»

«Sur le décathlon, en théorie, si on additionne tous les records personnels d’un même athlète on atteint 9.572 points avec Dan O’Brien (ex-recordman du monde américain, champion olympique 1996), devant Kévin Mayer (9.424 points)», calcule-t-il.

«La différence c’est que Kévin Mayer a été capable d’accomplir à Talence plusieurs records personnels et de s’approcher d’autres records. Il a atteint 97% de son maximum théorique (O’Brien était à 93%). Mayer peut améliorer beaucoup de ses records. On voit qu’on est loin de ses limites.»

«S’il y a un record extraordinaire c’est celui de Bolt, 9 sec 58 sur 100 m», tranche Vazel. «Il a une grosse marge par rapport au deuxième de l’histoire (Tyson Gay et Yohan Blake en 9«69), sur la discipline reine, la plus courue.»