Publicité

Protocole «dépassé»: avis de tempête sur la station météo de Vacoas

30 novembre 2018, 22:23

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Protocole «dépassé»: avis de tempête sur la station météo de Vacoas

8 h 45, mardi 27 novembre. La station météorologique de Vacoas émet un avis de fortes pluies à 8 h 45. Quatre minutes après, le ministère de l’Éducation et celui de l’Égalité du genre ordonnent, à leur tour, la fermeture des crèches et des écoles. Pourtant, des enfants avaient déjà quitté leur domicile. Le communiqué aurait-il pu être émis plus tôt ?

Cela aurait pu être le cas, dit-on, mais le protocole est dépassé. Nous avons posé la question à deux anciens directeurs généraux du Mauritius Meteorological Services. Ils avouent que la station de Vacoas aurait pu savoir que la pluie qui a arrosé le pays mardi matin allait être de forte intensité.

«Pendant la journée de lundi, il y avait des signes que la pluviométrie allait être importante. En l’espace de trois heures, la météo avait enregistré une importante quantité d’eau dans diverses régions», explique l’un d’eux. D’ajouter que La Réunion avait d’ailleurs émis un communiqué de vigilance de fortes pluies à 23 heures lundi.

«Quand il y a un avertissement de cyclone de classe 2 par exemple, les Mauriciens savent très bien ce qu’ils doivent faire. Mais lorsqu’il y a un avis de pluies torrentielles, les parents sont suspendus au communiqué du ministère de l’Éducation. La météo doit être le seul juge.»

Or, à la station météorologique de Vacoas, un prévisionniste insiste sur le fait que le protocole a été suivi à la lettre. «Dans notre premier communiqué mardi matin, il y avait un avis de fortes pluies, conseillant au public de prendre des précautions. À cette heure, il était difficile de publier un avis de pluies torrentielles, d’autant qu’il fallait respecter certains critères comme les 100 mm de pluies. Nous sommes entourés par la mer et les données pouvaient changer en un rien de temps», déclare-t-il.

«Le radar de La Réunion envoie également des images en temps réel à Vacoas. Beaucoup plus de moyens existent maintenant pour émettre un communiqué plus précis.»

N’empêche que ce protocole est montré du doigt. «Il nous faut un flood warning dirigé par un Flood Forecast Centre. Quand il y a un avertissement de cyclone de classe 2 par exemple, les Mauriciens savent très bien ce qu’ils doivent faire. Mais lorsqu’il y a un avis de pluies torrentielles, les parents sont suspendus au communiqué du ministère de l’Éducation. La météo doit être le seul juge», poursuit l’un des anciens directeurs généraux du Mauritius Meteorological Services.

Il constate que depuis plus de cinq ans, le pays est frappé par des inondations, mais il n’y a pas un vrai protocole pour les fortes pluies. «Il y a des manquements dans le protocole pour les inondations et les pluies torrentielles», déplore-t-il.

Pourtant, la météo de Maurice dispose des moyens nécessaires pour informer le public, maintiennent les deux anciens cadres. En dépit du fait que le nouveau radar de Trou-aux-Cerfs ne soit pas encore opérationnel, la station de Vacoas, soulignent-ils, a à sa disposition les outils appropriés pour effectuer des prévisions quelques heures avant même que des averses s’abattent sur l’île.

«La station reçoit des images satellites et des radars à un intervalle régulier», rappelle un des météorologues à la retraite. Son ancien collègue ajoute que la station mauricienne a des données qui proviennent des pluviomètres de La Réunion, de Rodrigues et de St-Brandon, dépendant de la direction d’où provient la masse nuageuse. «Le radar de La Réunion envoie également des images en temps réel à Vacoas. Beaucoup plus de moyens existent maintenant pour émettre un communiqué plus précis», conclut-il.

Deux radars à la disposition des prévisionnistes réunionnais

<p style="text-align: justify;">Comment font les membres du personnel de Météo-France, basée à La Réunion, pour leurs prévisions ? Jacques Ecormier, le responsable du service de prévisions de Météo-France pour l&rsquo;océan Indien, explique à <em>&laquo;l&rsquo;express&raquo; </em>qu&rsquo;ils utilisent diverses techniques et se basent sur deux radars pour suivre la situation et faire des prévisions.</p>

<p style="text-align: justify;">D&rsquo;abord, ils utilisent le modèle de prévision appelé Arome océan Indien. Celui-ci permet de prévoir les pluies par zones de 5 km&sup2; en reproduisant les nuages qui provoquent les averses. Ils prennent en considération l&rsquo;arrivée de l&rsquo;air chaud du Nord-Est et l&rsquo;air froid en altitude.</p>

<p style="text-align: justify;">Les deux radars ainsi que les données des pluviomètres et celles de l&rsquo;Arome océan Indien les aident à anticiper le temps qu&rsquo;il fera.</p>