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Les Européens entérinent leur divorce «tragique» avec le Royaume-Uni

25 novembre 2018, 14:39

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Les Européens entérinent leur divorce «tragique» avec le Royaume-Uni

Les dirigeants européens ont donné leur feu vert dimanche à l’accord historique sur le départ du Royaume-Uni de l’UE, un divorce qualifié de «tragédie» par le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker après une relation houleuse de plus de 40 ans.

Les 27 ont «endossé l’accord de retrait et la déclaration politique sur les futures relations» entre les deux parties, a annoncé sur Twitter le président du Conseil européen Donald Tusk, environ une demi-heure seulement après l’ouverture d’un sommet extraordinaire à Bruxelles.

L’inédit «traité de retrait», négocié pendant 17 mois dans la douleur entre Londres et Bruxelles, devra toutefois encore passer l’épreuve de la ratification du Parlement européen et surtout celle du parlement britannique avant d’entrer en vigueur.

Londres et l’UE vont tenter de nouer la relation «la plus proche possible» avec Londres après le Brexit, est-il écrit dans la courte «déclaration politique» également approuvée dimanche, qui sera jointe au traité de divorce, un pavé de près de 600 pages.

Voir le Royaume-Uni «quitter l’UE n’est pas un moment de jubilation ni de célébration, c’est un moment triste et c’est une tragédie», a déclaré M. Juncker en arrivant au sommet.

«Il s’agit d’un accord pour un avenir meilleur, qui nous permet de saisir les opportunités qui nous attendent», a plaidé de son côté la Première ministre britannique, dans une «lettre à la nation» adressée dimanche aux Britanniques.

«Je crois que Theresa May s’est battue pour un bon accord, et pour l’UE c’est un résultat acceptable», a jugé le Premier ministre néerlandais Mark Rutte, mettant en garde sur le fait que le Royaume-Uni ne doit pas espérer obtenir mieux que l’accord sur la table.

«Fragilité» de l’UE

Les dirigeants européens ont remercié le négociateur en chef de l’UE Michel Barnier pour avoir su «maintenir l’unité parmi les 27 Etats membres tout au long des négociations» avec Londres.

Le Brexit montre néanmoins que l’UE a besoin «d’une «refondation», a jugé le président français Emmanuel Macron, évoquant «un moment grave». «Cela montre que l’UE a une part de fragilité» et «est perfectible», a-t-il ajouté, estimant que l’accord avec Londres était un «bon accord».

Dans la lettre d’invitation au sommet, M. Tusk a souligné que «personne n’a voulu vaincre personne, nous étions tous à la recherche d’un accord juste et équitable. Et je crois que nous avons enfin trouvé le meilleur compromis possible», se réjouissant que les 27 aient «passé le test de l’unité et de la solidarité».

Cette unité s’est toutefois fissurée ces derniers jours, quand l’Espagne a fait planer la menace d’une annulation du sommet si elle n’obtenait pas des garanties écrites sur le sort de Gibraltar. Avant que Pedro Sanchez estime samedi après-midi avoir obtenu satisfaction.

Madrid a reçu des garanties écrites de la part de l’UE pour disposer d’un droit de veto sur tout futur accord entre l’UE et le Royaume-Uni concernant Gibraltar, un territoire britannique situé à l’extrême sud de la péninsule ibérique, et dont l’Espagne revendique la souveraineté.

L’Espagne estime aussi avoir reçu l’assurance suffisante des autorités britanniques que de futurs accords de Londres avec l’UE n’engloberaient pas de manière automatique Gibraltar.

«Je suis fière que Gibraltar soit britannique, je resterai toujours au côté de Gibraltar», a toutefois insisté Mme May, assurant que la position du Royaume-Uni sur la souveraineté du territoire «n’a pas changé et ne changera pas».

Pêche «prioritaire»

D’autres Etats membres avaient soulevé des inquiétudes dans la dernière ligne droite des négociations et demandé des garanties supplémentaires dans certains domaines, comme celui des futurs droits de pêche dans les eaux territoriales britanniques.

Ce sujet, cher à la France et à l’Espagne entre autres, n’a pas été résolu dans le traité de retrait, qui prévoit qu’il faudra conclure un accord au plus tard d’ici à la mi-2020.

Mais, dans une déclaration annexée aux conclusions du sommet de dimanche, les 27 insistent sur le caractère «prioritaire» du dossier. Ils demandent qu’un accord soit «négocié bien avant la fin de la période de transition» post-Brexit prévue jusqu’à fin 2020 (mais qui pourra être prolongée).

Cette déclaration aborde aussi d’autres questions sur lesquelles les 27 s’engagent à faire preuve de «vigilance» vis-à-vis de Londres dans la mise en oeuvre de leurs accords, comme celui de la «concurrence loyale» nécessaire dans le domaine économique.

L’UE et le Royaume-Uni ont mis 17 mois à s’entendre sur le «traité de retrait» du Royaume-Uni et la «déclaration politique» qui fixe le cadre de leurs relations post-Brexit, notamment sur le plan commercial.

L’accord de retrait règle notamment la question de la facture que devra payer Londres à l’UE, sans la chiffrer, et prévoit une solution controversée pour éviter le retour d’une frontière physique entre l’Irlande et la province britannique d’Irlande du Nord.