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Comment Joachim Löw a survécu à la débâcle de l’Allemagne

20 novembre 2018, 19:44

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Comment Joachim Löw a survécu à la débâcle de l’Allemagne

Humilié, critiqué, menacé, mais toujours là! Joachim Löw, le sélectionneur de la Mannschaft, a sauvé sa tête après la pire année de l’histoire du foot allemand; et la nation doit désormais lui faire confiance pour réussir un changement de génération auquel il n’a consenti que sous la pression.

Sur le plan comptable, 2018 restera comme une «annus horribilis», avec la claque de l’élimination au premier tour du Mondial en Russie, et l’amère descente en Ligue B des Nations. Six défaites en un an (record historique), quatre victoires seulement et trois nuls. Indigne d’un quadruple champion du monde.

«L’équipe nationale est à son plus bas historique, et personne ne peut dire aujourd’hui avec certitude si la chute ne va pas continuer», s’inquiète Kicker, la Bible du football allemand.

Comment expliquer, alors, que le sélectionneur n’ait pas été limogé? En poste depuis 2006, fort de l’immense prestige de son titre de champion du monde 2014, Joachim Löw a eu l’intelligence de retourner à son avantage une situation à laquelle d’autres n’auraient pas survécu.

Car son analyse de la débâcle du Mondial, les experts s’accordent à le dire, était en grande partie erronée.

- «Le prix à payer» -

Pour lui, l’élimination était un accident de parcours, largement explicable par ses propres erreurs tactiques. Mais jamais, dans son auto-critique, il n’a remis en cause la place de ses joueurs «historiques» dans l’équipe.

En septembre, le «changement profond» qu’il avait promis n’a donc pas eu lieu. L’ossature de champions du monde du Brésil est restée bien en place, renforcée par quelques jeunes priés «d’acquérir de l’expérience au contact des anciens», mais largement déchargés des responsabilités.

Le système s’est écroulé en octobre au match aller à Amsterdam contre les Pays-Bas, avec une gifle 3-0.

Sous pression maximale, le coach de 58 ans s’est adapté à la vitesse de l’éclair. Depuis, la Mannschaft a joué trois matches avec une équipe rajeunie. Contre les Pays-Bas lundi, elle comptait six joueurs de moins de 24 ans et trois anciens seulement, Neuer, Hummels et Kroos.

Le bilan n’est pas brillant: défaite 2-1 à Paris, victoire 3-0 contre une très faible Russie, et nul 2-2 contre la Hollande.

Mais le rusé «Jogi» a su adapter son discours. Le résultat, d’un seul coup, devient secondaire, au profit de la mise en place d’un nouveau groupe: «J’ai vu beaucoup plus de positif que de négatif», a-t-il lancé après le match de lundi contre les Pays-Bas, qui ont marqué deux fois dans les cinq dernières minutes après avoir été dominés pendant toute la partie.

«C’est le prix à payer pour une équipe jeune», s’est justifié Löw, «normalement on doit gagner un tel match, mais les intentions étaient bonnes, nous pouvons bâtir là-dessus (...) Je finis l’année avec une bonne impression, nous avons beaucoup de potentiel».

- Löw tranquille jusqu’en 2020 -

«En fait, commente mardi le site internet de la chaîne NTV, Löw avait besoin de ce terrible traumatisme de la défaite 3-0 aux Pays-Bas pour abandonner sa philosophie du +on continue comme ça adoptée après la débâcle du Mondial».

L’impression générale des commentateurs est en effet que Löw a cédé à la pression, et non à ses convictions profondes. Mais les critiques contre lui s’entrechoquent, dans les médias, avec les louanges pour ses nouveaux titulaires, Leroy Sané, Timo Werner, Serge Gnabry ou Thilo Kehrer.

Le quotidien Die Welt, par exemple, assure que «les doutes accompagneront encore Löw en 2019». Tout en se félicitant que le trio Sané-Werner-Gnabry ait «montré lundi le chemin à suivre».

Soutenu mordicus par la fédération, Löw a désormais l’excuse de la reconstruction pour faire avaler d’éventuels mauvais résultats. Sauf catastrophe en qualifications, il est tranquille au moins jusqu’à l’Euro-2020.