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Les Américains se bousculent aux urnes, test électoral pour Trump

7 novembre 2018, 02:14

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Les Américains se bousculent aux urnes, test électoral pour Trump

 

Les Américains se pressaient en nombre mardi dans les bureaux de vote pour les élections de mi-mandat à l’issue incertaine, deux ans après la victoire de Donald Trump et à l’issue d’une campagne agitée.

Le nombre de votants n’est pas centralisé par une autorité électorale unique aux Etats-Unis, mais au Texas, à New York ou dans le Maryland, électeurs et scrutateurs interrogés par l’AFP semblaient surpris par l’affluence. Les élections de mi-mandat sont habituellement marquées par une abstention élevée par rapport aux années présidentielles.

Les démocrates sont donnés favoris pour emporter la majorité à la Chambre des représentants, où la totalité des sièges (435 élus) sera renouvelée. Les républicains devraient conserver de justesse le contrôle du Sénat (renouvellement de 35 sièges sur 100).

Mais l’incertitude est réelle et les sondeurs, échaudés par la «surprise» de 2016, appellent à la prudence.

«Le pays a besoin d’un coup de semonce», dit Marcus Jackson, un étudiant de 27 ans à Houston, au Texas, où la coqueluche démocrate Beto O’Rourke tente de battre le sénateur républicain sortant Ted Cruz.

«Le sujet central des élections c’est Trump, Trump, Trump», résume Cliff Young, de l’institut Ipsos aux Etats-Unis». «C’est particulièrement vrai pour les démocrates, pour lesquels il s’agit d’un référendum contre lui».

Les premiers bureaux de vote fermeront à 18H00 (23H00 GMT) mais il faudra attendre plusieurs heures pour avoir une idée de la couleur du prochain Congrès, le 116e de l’Histoire.

Au moins 38 millions d’électeurs ont voté en avance, en personne ou par courrier, soit 40% de plus qu’en 2014, selon les chiffres compilés par le professeur Michael McDonald à l’université de Floride. De nombreux Etats le permettent des semaines avant le jour J.

«Trump est affreux»

Il est possible que moins d’électeurs se déplacent en personne mardi. On ne le saura que mardi soir ou mercredi, les Etats --chargés de l’organisation des scrutins-- se bornant pour la plupart à communiquer les chiffres de la participation après le dépouillement.

Mais dans certains Etats très disputés, comme le Texas, le Nevada et l’Arizona, le nombre de bulletins enregistrés avant mardi dépassait de toute façon le total de 2014.

«Trump est affreux», dit une ancienne électrice républicaine de 83 ans à Laguna Beach, en Californie. «Il détruit l’Amérique».

«Je suis confiante», a lancé Nancy Pelosi, la chef des démocrates à la Chambre. «La seule question est l’ampleur de la victoire». «Je serai abasourdi si nous perdons la Chambre», a surenchéri l’ancien vice-président Joe Biden, jugeant qu’une victoire au Sénat était aussi à portée de main.

Donald Trump, qui était cloitré mardi à la Maison Blanche, a fait campagne jusqu’au dernier moment, enchaînant les rassemblements «Make America Great Again».

«Les élections de mi-mandat étaient ennuyeuses, avant», a-t-il ironisé. «Maintenant ça fait un carton».

«Il se passe quelque chose et cela me rappelle l’atmosphère d’il y a deux ans», a-t-il lancé, lors de son ultime meeting, à Cap-Girardeau dans le Missouri lundi soir.

Reprenant l’argument de campagne du président, James Gerlock, 27 ans, a voté républicain à Chicago car il «adore la déréglementation» en cours. «Je suis extrêmement satisfait de l’économie».

Les élections de mi-mandat sont traditionnellement délicates pour le président en place. Deux ans après l’arrivée de Barack Obama à la Maison Blanche, les démocrates avaient ainsi subi une cuisante défaite.

Mais la perte de la Chambre, en dépit des excellents chiffres de l’économie américaine, serait un revers personnel pour Donald Trump, tant il a fait de ce rendez-vous électoral un test sur sa popularité.

«Invasion» de migrants

Le magnat de l’immobilier, qui avait démarré sa campagne présidentielle en traitant les immigrés mexicains de «violeurs», a de nouveau opté cette année pour un message anxiogène sur l’immigration.

«C’est une invasion», martèle-t-il depuis plusieurs semaines à propos des migrants d’Amérique centrale qui traversent actuellement, en groupe, le Mexique vers la frontière américaine.

Les démocrates ont fait campagne sur la défense du système de santé. Mais ils parient aussi sur le rejet de Donald Trump, qu’ils sont nombreux à qualifier ouvertement de menteur et de catalyseur des violences racistes et antisémites récentes.

Selon le dernier sondage réalisé par SSRS pour CNN, M. Trump a notamment de quoi s’inquiéter du vote des femmes: 62% d’entre elles soutiennent les démocrates.

Semblant anticiper une possible défaite à la Chambre, il affirme depuis quelques jours qu’il s’est essentiellement concentré sur le Sénat. La carte électorale sénatoriale joue, cette année, en faveur des républicains: le renouvellement par tiers concerne cette année des Etats majoritairement conservateurs.

Les Etats-Unis pourraient donc se retrouver, le 3 janvier 2019, avec Congrès divisé, ce qui pourrait paralyser le programme du 45e président des Etats-Unis, jusqu’aux prochaines élections législatives et présidentielle, prévues en novembre 2020.