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Meurtre de Khashoggi: Maurice devrait-elle boycotter l’Arabie Saoudite ?

23 octobre 2018, 09:04

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Meurtre de Khashoggi: Maurice devrait-elle boycotter l’Arabie Saoudite ?

La Nouvelle-Zélande, l’Australie, les États-Unis ou encore le Royaume-Uni… Ils sont nombreux les pays à avoir annoncé le boycott de la Future Investment Initiative qui commence ce matin à Riyad, en Arabie saoudite. La raison ? L’aveu saoudien de la mort du journaliste du Washington Post, Jamal Khashoggi, dans l’enceinte du consulat de ce pays, en Turquie. Pourtant, Maurice ne semble pas vouloir emboîter le pas à la communauté internationale…

Lundi matin 22 octobre encore, l’État mauricien signait un loan agreement avec le directeur du Saudi Fund for Development, le Dr Khalid Alkhudairy. De plus, une délégation serait actuellement en préparation de départ pour une Trade Mission au royaume saoudien, au début du mois prochain. La conférence, intitulée «The future of Saudi-Commonwealth Investment», a pour objectif de présenter des initiatives visant à promouvoir le «business» et, aussi, à mettre en avant de nouvelles opportunités pour les affaires.

Une question se pose : Maurice devrait-elle boycotter l’Arabie saoudite ? Pour les diplomates, il n’y a pas de réponse black or white à cette question. Mais après l’assassinat de Jamal Khashoggi, on estime qu’il faudrait au moins repenser les relations avec le royaume. D’ailleurs, Vijay Makhan, ex-secrétaire aux Affaires étrangères, pense qu’il faut «temporiser» les relations avec ce pays jusqu’à ce que lumière soit faite sur l’affaire Khashoggi.

«Business as usual»

Arvin Boolell, ex-ministre des Affaires étrangères, abonde dans le même sens. «Il faut réagir, même si nous ne pouvons prendre une décision à la légère», dit-il. Pourtant, à l’Hôtel du gouvernement, tout semble indiquer que c’est business as usual. D’ailleurs, le mois prochain, une délégation mauricienne se rendra en Arabie saoudite pour une Trade Mission.

Selon nos informations, cette mission sera dirigée par le ministre du Commerce, Ashit Gungah. La Mauritius Chamber of Commerce and Industry, sera, elle, représentée par son président, Marday Venkatasamy. Cependant, nos appels incessants au ministre et à son conseiller en communication sont restés sans retour. De plus, trois loan agreements ont d’ailleurs été signés hier, avec un dignitaire saoudien. Une politique de l’autruche que dénoncent avec force Vijay Makhan et Arvin Boolell.

Maurice peut-il se permettre de condamner à son tour l’Arabie saoudite ? Surtout que, font ressortir les diplomates, Maurice s’enorgueillit d’être une «grande démocratie», signataire de conventions relatives aux droits humains. «Maurice a toujours peur de s’affirmer, face à l’Arabie saoudite mais aussi face à l’Union européenne et d’autres pays et entités. Mais il faut savoir se faire respecter», assène Arvin Boolell.

Pour Vijay Makhan, il y va des droits humains mais aussi de la liberté d’expression. Il poursuit que Maurice se doit d’affirmer son engagement pour ces principes. «En plus, c’est un journaliste. Le journaliste est très important et le faire taire ainsi est un symptôme qui ne ment pas», soutient l’ex-secrétaire aux Affaires étrangères.

«Quels accords nous lient ? Qu’en est-il des dons et des prêts qui nous musellent et nous empêchent de prendre des sanctions ?» se demande Vijay Makhan. En effet, Maurice a davantage tissé des liens avec l’Arabie saoudite ces dernières années. Surtout avec l’ouverture d’une ambassade mauricienne à Riyad, et l’annonce de l’ouverture d’un consulat à Maurice.

Mais aussi à travers des prêts et des dons de ce pays. Pas plus tard qu’hier, Maurice acceptait trois prêts totalisant Rs 3,5 milliards du gouvernement saoudien. Encore une fois, les détails de ces accords ne sont pas connus.

Outre ces prêts et dons qui restent mystérieux, Maurice et l’Arabie saoudite ont aussi des relations commerciales. Ce pays est-il indispensable à Maurice, donc ? «Non», affirme Vijay Makhan, catégorique. En effet, en 2016, nous n’avons exporté que pour Rs 88,8 millions de produits vers l’Arabie saoudite, avec des importations de Rs 876,7 millions, principalement des produits pétroliers.

Par contre, Maurice a des relations culturelles étroites avec le royaume, terre de pèlerinage universel, surtout en ce qui concerne le hadj. Maurice bénéficie également d’environ 1 500 visas annuels pour ce pèlerinage et a fait une demande pour une augmentation. «Mais les Iraniens, même sans relations diplomatiques, obtiennent quand même des visas», fait ressortir Vijay Makhan…

Cependant, rappelle Arvin Boolell, il ne faut pas oublier que Maurice fait partie de la communauté internationale et qu’elle se doit de participer ou d’envisager la participation aux actions collectives de cette communauté.

Yémen, l’autre barbarie signée l’Arabie Saoudite

<p>Si l&rsquo;attention internationale a été retenue par le meurtre de Jamal Khashoggi, d&rsquo;autres atrocités saoudiennes passent, elles, plus inaperçues. Comme le massacre de citoyens au Yémen depuis 2015. En effet, les Saoudiens mènent depuis 2015 une coalition d&rsquo;États arabes intervenant dans la guerre civile yéménite. À aujourd&rsquo;hui, 16 000 citoyens ont été massacrés lors d&rsquo;attaques dans des hôpitaux, ambulances ou encore camps de réfugiés.</p>

 

L’assassinat de Jamal Khashoggi: «Une erreur monumentale»

<p>Le ministre des Affaires étrangères saoudien s&rsquo;est exprimé dimanche sur la mort de Jamal Khashoggi. Il a déclaré que l&rsquo;assassinat du journaliste, dont le corps n&rsquo;a toujours pas été retrouvé, était &laquo;une erreur monumentale&raquo;.</p>

<p>Le 2 octobre, Jamal Khashoggi entre dans le consulat saoudien en Turquie. Il est 14 heures. Le journaliste du &laquo;Washington Post&raquo; n&rsquo;en ressortira pas. Et pourtant, des officiels saoudiens affirmeront qu&rsquo;il a quitté le consulat &laquo;soon after arriving&raquo;. Les médias internationaux s&rsquo;emparent de la nouvelle&hellip;</p>

<p>Les autorités turques ouvrent une enquête et découvrent que des proches de la famille royale, une quinzaine d&rsquo;entre eux, sont arrivés en Turquie le jour même de la disparition de Jamal Khashoggi. Le personnel du consulat est appelé à prendre sa journée. Plus tard, le ministre des Affaires étrangères saoudien affirmera que Jamal Khashoggi, à l&rsquo;époque très proche de la famille royale, est mort après une altercation avec les autorités saoudiennes.</p>