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Embouteillages et Metro Express: «Anus» horribilis pour l’arrière-train

7 octobre 2018, 18:43

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Embouteillages et Metro Express: «Anus» horribilis pour l’arrière-train

Mercredi, dans un van de 15 places. Il est 17 heures, bureau ciao. Josiane la sardine et ses potes sont moins serrés dans leur boîte. On manque d’air, les nerfs vont péter, tout comme les collègues qui ont mangé du kari gro pwa, des œufs et une salade de chou au déjeuner. Le chauffeur met les gaz, direction les rues de Port-Louis.

Rond-point de Baie-du-Tombeau. Voitures, motos, bicyclettes, OVNI sont partout, devant, derrière. Le tonkin commence à s’agiter sur son siège, telle une raie (du milieu) manta dans les eaux d’un océan pas pacifique. Il sait qu’il va faire un tour en enfer. Tout autant que les passagers en croupe sur les deux-roues.

L’agent de circulation se fait huer à coups de klaxons enragés. En professionnel, il ne montre pas son true face, il a le visage impassible. Le popotin endolori aurait bien envie de lui mettre une fessée, pan-pan cul cul.

Ça roule enfin. Pas pour longtemps. Les cones (in)signifiant qu’il y a des travaux freinent la progression déjà lente en temps normal. L’escargot, là, est admis à l’Intensive Careless Unit. Le chauffeur, Alain Prostate, essaie de se faufiler entre les ouvriers qui sont au fond du gros trou, la ferraille, la rocaille.

Et tu zig et tu zagues et tu zigzagues. Et tu risses, et tu pousses, et tu risser-pousser. Le croupion tangue, il danse le cha-cha-cha. Les collègues mâles ont sûrement mal, il y aura de la confiture de coucougnettes, de la compote de bas de dos et de l’arthrite de genou ce soir au menu.

À hauteur de la poste. Le postérieur souffre le martyr comme les parlementaires, qui doivent écouter un discours de Ravi. En Allemagne, ils ont l’Oktoberfest, à Maurice, on a l’Octoberfesses. Comme pendant le festival dédié à la bière, la vessie digère mal cette virée dans la «capipitale».

La grosse queue qui file à perte de vue ressemble à un croisement entre un anaconda et un boa constricteur, un (embouteillage) monstre qui n’aurait pas encore été découvert dans quelque rivière amazonienne. T’as le temps d’admirer ce qui se passe dans la voiture du voisin, qui se cure le nez, crotte.

De Bell-Village à Grande-Rivière, le trafic est si dense que même un héros de film bollywoodien n’arriverait pas à temps à l’aéroport pour faire en sorte que l’actrice ne prenne pas l’avion. Le mama zorey crie ayo papa bé tir mwa ladan. Les écouteurs font la sourde-oreille dans les bouchons.

Une heure et demie plus tard. Beau-Bassin–Rose-Hill. Encore des king cones orange, des travaux, des chantiers, des déviations, des feuilles de tôle ondulée qui ressemblent à (feu) Michael Jackson après une énième opération du nez. Note à soi-même: pourquoi personne n’a pensé à inventer des «elastoplast» pour les cors aux fesses ? Démarrer ce business ASAP et essayer de faire fortune sur le fessier des gens.

Quatre-Bornes. Bientôt 19 heures. Le van s’est vidé peu à peu. Dehors, une demi-lune accompagne le ciel sombre. Noir désir : se jeter par la fenêtre pour abréger nos souffrances. Auto-encouragement : tiens bon, t’y es presque cher derrière, c’est là, devant. Destination finale. La face ressemble à des fesses moisies, comme un fromage qui aurait passé 300 ans dans un endroit humide.

Butt… butt pourquoi tant de haine ? Le calvaire, encore plus intenable depuis le début des travaux du Metro, durera pendant encore plusieurs mois. «Et moi dans tout ça ?» se demandent l’arrière-train et son rail du milieu.

Assez.