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Réforme électorale: embarras et mécontentement au sein de la majorité

27 septembre 2018, 08:45

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Réforme électorale: embarras et mécontentement au sein de la majorité

«C’est juste bon pour la poubelle!» lance ce backbencher du Mouvement socialiste militant (MSM), en commentant les propositions du gouvernement sur la réforme électorale. «Le Premier ministre dit souhaiter un plébiscite de l’opposition alors qu’au sein du gouvernement, l’on n’est pas certain d’obtenir un vote unanime ?» ironise cet élu de la majorité.

L’abolition du Best Loser System (BLS) et l’inclusion de la dose de proportionnelle sont parmi les mesures les plus contestées. Si certains au sein de la majorité acceptent de parler, sous le couvert de l’anonymat, d’autres affirment ne pas avoir d’opinion sur la question.

L’embarras est palpable chez des membres de l’alliance MSM-Muvman liberater (ML). La vice-Première ministre, Fazila Jeewa-Daureeawoo, a refusé, samedi dernier, de répondre à une question de l’express sur l’élimination du BLS. «Je n’ai pas eu le temps de lire le document en profondeur», a-t-elle déclaré au lendemain de la conférence de presse du Premier ministre. Un document qui tient pourtant en cinq pages. Par contre, sur le quota de 30 % de femmes sur la liste des candidats, la n°4 du gouvernement a réagi. Déclarant espérer que cette proposition augmente la présence féminine au Parlement.

«Un acquis»

En revanche, le ministre de la Fonction publique, Eddy Boissézon, en déplacement à Rodrigues, affirme être totalement d’accord avec les propositions, étant membre du Conseil des ministres. «Au niveau du ML, la question a été discutée mais je ne peux vous en dire plus», dit-il avant d’asséner : «Il est temps d’éliminer cette affaire d’ethnicité.»

Son leader, Ivan Collendavelloo, qui assure l’intérim au poste de Premier ministre, s’est, pour sa part, montré peu loquace sur la question. Pourtant, dans le passé, il a présidé un Select Committee sur la réforme électorale…

Contacté mardi pour ses commentaires sur la réforme, le ministre de la San- té, Anwar Husnoo, n’a pas répondu à nos sollicitations. «Pas sûr que le ministre voudrait donner son avis sur ce sujet», fait-on savoir dans son entourage.

Anwar Husnoo faisait, en effet, partie de ceux qui avaient pris position contre le projet de révision du BLS en 2012. La plateforme en faveur du BLS, comprenant des parlementaires du gouvernement et de l’opposition, était composée de Reza Issack, Showkutally Soodhun, Yousuf Mohamed, Reza Uteem, Cehl Meeah, Sidick Chady et Raouf Bundhun, entre autres. Pour cette plateforme, «le BLS a toujours été “un acquis” qui garantit la représentativité des minorités du pays, dont la communauté musulmane».

Même refus d’aborder cet aspect de la réforme du député MSM Bashir Jahangeer. «Écoutez, rien n’a été finalisé ; c’est comme un ballon-sonde que nous avons lancé. C’est prématuré de commenter», soutient l’élu. Il concède toutefois que le système électoral mérite d’être «upgraded» après 50 ans d’indépendance.

Il s’avère que l’affaire non seulement embarrasse mais mécontente certains qui ont été laissés sur la touche lors des discussions préalables. «C’est une humiliation ! Comment se fait-il que Paul Bérenger était au courant des propositions avant la majorité ?» lâche un député du MSM qui regrette que les membres du parti n’aient pas eu voix au chapitre. «Éna boukou ki pa dakor mé per pou kozé», confie-t-il.

Parmi ceux-là, le président du MSM, Showkutally Soodhun, qui a toujours milité pour le maintien du BLS. Interrogé sur l’absence de consultations internes, un autre élu du MSM, Sudesh Rughoobur, n’a pas voulu s’appesantir sur ces critiques. «Je dirai le fond de ma pensée lors de la prochaine réunion du groupe parlementaire.»