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Moon Jae-in atterrit à Pyongyang pour le troisième sommet intercoréen

18 septembre 2018, 07:03

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Moon Jae-in atterrit à Pyongyang pour le troisième sommet intercoréen

Le président sud-coréen Moon Jae-in est arrivé mardi à Pyongyang pour son troisième sommet avec Kim Jong Un, avec l’espoir de relancer des discussions au point mort entre le Nord et Washington sur la dénucléarisation.

 

Le dirigeant nord-coréen a accueilli son invité sur le tarmac de l’aéroport international de Pyongyang d’où Kim Jong Un supervisait les tirs de missiles l’an dernier, au plus fort des tensions entre les deux voisins.

Les deux hommes, accompagnés par leur épouse, se sont donné l’accolade avant d’échanger quelques mots. Des centaines de personnes agitaient des drapeaux nord-coréens et d’autres les emblèmes de l’unification, soit l’image d’une péninsule non divisée.

«Ouvrons une ère de paix et de prospérité grâce à la solidarité d’un peuple», pouvait-on lire sur un panneau déployé devant le terminal, d’après les images de la télévision.

Le Nord avait envahi son voisin en 1950, signant le début de la guerre de Corée mais souligne régulièrement aujourd’hui l’importance de la réunification avec le Sud, désormais bien plus riche.

M. Moon, dont les propres parents avaient fui le Nord durant la guerre, séjournera trois jours dans le pays reclus. Il marche ainsi dans les pas de ses prédécesseurs Kim Dae-jung, qui avait fait le voyage de Pyongyang en 2000 et de Roh Moo-hyun, son mentor, parti en 2007.

Le sommet «offrira l’occasion importante d’accélérer encore davantage le développement des relations intercoréennes qui tournent une nouvelle page de l’histoire», a estimé l’agence officielle nord-coréenne KCNA.

Cette visite rarissime est une nouvelle illustration du remarquable dégel en cours sur la péninsule qui avait permis un premier sommet fin avril dans le village frontalier de Panmunjom, avant une deuxième rencontre en mai.

- Médiateur -

M. Moon a joué un rôle crucial de médiateur pour permettre l’organisation le 12 juin à Singapour d’un sommet historique entre le Nord-Coréen et le président américain Donald Trump.

M. Kim s’était alors engagé en faveur de la «dénucléarisation de la péninsule», un euphémisme sujet à toutes les interprétations. Les deux parties s’écharpent depuis sur la signification exacte de cet engagement.

Washington exige «une dénucléarisation définitive et entièrement vérifiée» tandis que Pyongyang veut une déclaration officielle des Etats-Unis pour marquer la fin de la guerre de Corée qui s’est achevée en 1953 sur un simple armistice.

Le Nord a dénoncé les méthodes de «gangster» des Américains, accusés de vouloir obtenir son désarmement unilatéral sans faire de concession à chaque étape et sans alléger la pression ni les sanctions.

A l’ONU, les Etats-Unis ont d’ailleurs accusé lundi la Russie de «tricher» et de cour-circuiter le régime de sanctions infligées à Pyongyang pour le punir de ses programmes nucléaire et balistique, illustrant leur détermination à exiger la dénucléarisation avant tout relâchement.

Le président sud-coréen, à la réputation de colombe, verra Kim Jong Un à deux reprises au moins et tentera de le convaincre de prendre des mesures substantielles envers le désarmement.

«Si cette visite débouche d’une manière ou d’une autre sur la reprise des discussions entre les Etats-Unis et le Nord, elle aura été importante», a déclaré avant de partir M. Moon, cité par son entourage.

Les analystes ont cependant douché ce trop plein d’optimisme.

-Prudence -

La rencontre «va probablement générer des gros titres tout en rose mais ne servira à pas grand chose pour accélérer les efforts de dénucléarisation de la Corée du Nord», juge le cabinet Eurasia Group.

M. Kim va faire pression pour renforcer la coopération inter-coréenne «particulièrement dans les domaines synonymes de bénéfices économiques pour le Nord», poursuit-il.

«Les progressistes du gouvernement de M. Moon et en dehors auront nettement intérêt à exagérer les résultats du sommet, masquant initialement ce qui sera probablement l’absence d’engagements tangibles».

M. Moon est accompagné de plusieurs capitaines d’industrie, dont l’héritier de Samsung Lee Jae-yong et le vice-président de Hyundai Motor. La délégation sud-coréenne doit visiter plusieurs hauts lieux de Pyongyang.

Le président sud-coréen, dont la cote de popularité recule en raison d’une économie poussive, milite pour le renforcement de la coopération entre les deux Corées. Mais les médias sud-coréens l’invitent à la prudence, réclamant au préalable des progrès substantiels en matière de dénucléarisation.

«Pas mal de gens en ont assez des événements suprises entre les deux leaders», écrit mardi le journal conservateur Chosun Ilbo. «Le président Moon doit aller à Pyongyang déterminé à ce que la dénucléarisation soit le sujet numéro un, deux et trois du sommet».

Egalement au menu, l’amélioration des relations intercoréennes et l’apaisement des tensions militaires sur la péninsule.

Séoul a fait savoir que la réunion pourrait servir à établir les fondations d’une déclaration officielle sur la fin de la guerre. Cela laisse entendre qu’une telle déclaration n’est guère probable durant le sommet de Pyongyang.