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David Constantin: «Qu’il y ait véritablement une politique de soutien à la création locale comme à l’étranger»

16 septembre 2018, 03:12

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David Constantin: «Qu’il y ait véritablement une politique de soutien à la création locale comme à l’étranger»

Vous reprenez la présidence de l’Association Porteurs d’Images après plusieurs années. Pourquoi ?
Avec cette nouvelle édition, je pense que c’est un nouveau cycle qui se dessine. C’est un moment délicat pour le festival tant sur le plan de l’équilibre financier que du contenu. On a fait un long parcours avec l’Union européenne (NdlR : institution, qui a financé le festival pendant trois ans depuis 2014) et maintenant on recommence un autre cycle. Il fallait que je sois là, quoique les années précédentes, j’étais présent mais plus dans l’ombre.

Vous n’avez plus de financement de l’Union européenne depuis l’année dernière. Est-ce plus compliqué pour vous de mettre sur pied ce festival ?
Dans un sens oui, c’est plus compliqué. On se rend compte que pendant 11 ans, le contexte par rapport au financement d’entreprises culturelles n’a pas forcément évolué. C’est toujours aussi compliqué mais on sent depuis deux ans un regain d’intérêt des sponsors locaux pour les activités culturelles. Par exemple, cette année, le festival est financé à 80 % par les entreprises locales. Certaines entreprises, je pense, se sont rendu compte que soutenir la culture, c’est soutenir le développement. Ça, c’est encourageant. Après, il faut arriver à stabiliser cela. C’est compliqué chaque année de devoir recommencer les recherches de financement, surtout que du côté du CSR, c’est de plus en plus difficile. Pour les entreprises, la marge de manœuvre est de plus en plus restreinte mais nos partenaires ont le désir d’aller au-delà de cela.

Après 11 ans, peut-on dire que le festival est installé ?
Oui, c’est un rendez-vous que les gens connaissent et attendent. Ils savent qu’ils auront des projections dans des endroits publics tels que Tamarin et au Plaza, à Rose-Hill. Ce sont des lieux de rencontre où ils peuvent voir des films mauriciens de qualité. C’est très festif et il y a un public. Nous avons eu plus de 5 000 spectateurs l’année dernière et depuis le début, ce nombre va croissant. On n’est pas encore arrivé au bout de cette croissance, je pense.

Malgré cet engouement, la télévision nationale n’achète toujours pas vos productions ?
On a réussi à collaborer pendant quelques années mais bon … nous, ce que l’on voudrait, ce n’est pas des collaborations ponctuelles mais une vraie politique, qui soit définie au niveau national, soit au niveau du ministère des Arts et de la culture. Qu’il y ait véritablement une politique de soutien à la création locale, comme cela se fait dans tous les pays, c’est-à-dire que des films mauriciens soient diffusés tous les ans à la télé et qu’ils soient achetés. Bref, qu’elle fasse vivre tous ceux impliqués. C’est comme si on était un restaurant avec tous les équipements mais que la porte est fermée et que le client ne peut pas entrer.

Qu’est-ce qui explique, selon vous, ce manque de soutien ?
Je pense que, de nos jours, la technique n’est plus un problème, c’est-à-dire que l’on peut, avec les équipements et l’écriture que nous avons, faire un bon film. Il y a une qualité, qui a grimpé de façon exponentielle ces dernières années, mais en face il y a le carcan d’une politique publique, qui est difficile à faire avancer. Je pense que c’est juste de pouvoir définir une politique générale sur le soutien à la création locale. C’est cela que tous les artistes appellent depuis la nuit des temps mais qui ne bouge pas, malgré les manifestations de bonne volonté et de bonnes intentions.

Obtenez-vous quand même le soutien de l’État ? 
Le soutient de l’État se résume à l’aide que nous avons de la Mauritius Film Development Corporation (MFDC), qui participe au financement du festival mais je pense que nous pouvons aller beaucoup plus loin.

Quels sont les objectifs du festival dans les années à venir ?
C’est d’essayer de faire un bilan d’étapes et de voir où l’on va. Cela fait 11 ans qu’on existe. Il y a peut-être des jeunes, qui ont d’autres attentes, d’autres envies, d’autres centres d’intérêt, voir si on est toujours en phase avec cela et s’il faut se réadapter. On voit, par exemple, l’engouement pour le film Zekler. Il y a un public pour ça. Il y a des gens qui ont envie de faire ça. Nous, nous étions plus sur un créneau de films avec un temps d’écriture et plus long, donc est-ce qu’il faut se réajuster et trouver d’autres formules ? Je crois qu’il faut s’ouvrir et trouver d’autres formes de cinéma.