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Colombie: la méga-centrale Hidroituango prend trois ans de retard

6 septembre 2018, 08:51

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Colombie: la méga-centrale Hidroituango prend trois ans de retard

La plus grande centrale hydroélectrique de Colombie ne sera pas opérationnelle avant 2021, avec trois ans de retard, suite à la situation d’urgence qui a fait craindre son effondrement, a déclaré Jorge Tabares, dirigeant du principal actionnaire.

 

Hidroituango, qui doit couvrir un cinquième des besoins énergétiques du pays, s’élève sur le fleuve Cauca, dans le département d’Antioquia (nord-ouest), pour un investissement initial équivalent à 3,7 milliards de dollars.

Mais début mai, ce chantier colossal s’est trouvé en situation d’urgence: un glissement de terrain a bloqué une conduite de sortie des eaux, la pression menaçant alors toute la structure du gigantesque barrage.

Jusqu’à 25.000 habitants de municipalités voisines ont dû être évacués, dont 3.000 sont encore dans des centres d’accueil, selon les autorités.

«Il y a d’importantes incertitudes (...) mais notre projection de base montre au moins 36 mois de retard sur la date initiale, c’est-à-dire que le projet devrait produire de l’énergie en 2021», a déclaré à l’AFP M. Tabares, vice-président exécutif de Finances corporatives de entreprises publiques de Medellin (EPM).

Après l’obstruction de la conduite, les ingénieurs avaient habilité la chambre des machines comme voie d’évacuation des eaux.

Bien qu’un risque d’effondrement ne soit plus évoqué, M. Tabares a précisé que l’urgence ne pourra être écartée que lorsque il aura été possible de «fermer l’évacuation de l’eau par la salle des machines (...) entre octobre et décembre de cette année».

Cette situation génère pour plus de deux milliards de dollars de frais supplémentaires et pertes.

Pour compenser ces coûts, le gérant général d’EPM, Jorge Londoño, a indiqué que l’entreprise adopterait notamment «un plan de réduction des frais internes» et reporterait des investissements prévus pour moderniser des installations énergétiques, d’eau ou d’assainissement.

La construction de la centrale est assurée par le consortium CCC Ituango, composé des entreprises brésilienne Camargo Correa (55%) et colombiennes Conconcreto (35%) et Coninsa-Ramon H (10%).

Camargo Correa est sous le coup d’une enquête dans le cadre de l’opération anti-corruption «Lava Jato» (lavage d’autos, ndlr), qui a mis à jour un réseau de pots-de-vin au sein de l’appareil gouvernemental et politique brésilien, avec des ramifications dans des dizaines de pays.

Le Parquet colombien enquête pour sa part sur l’adjudication et le contrat de construction, ainsi que sur des dégâts environnementaux présumés.