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Patrimoine: Dans le ventre du théâtre de Port-Louis

15 août 2018, 17:17

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Patrimoine: Dans le ventre du théâtre de Port-Louis

Le squelette à l’air, le théâtre de Port-Louis est à la moitié de sa première phase de rénovation. Cette partie des travaux doit s’achever en mars 2019. Si les fonds n’ont pas encore été trouvés pour la seconde phase, l’objectif est de retrouver l’état d’origine du théâtre, comme il était en 1822.

Gare aux infiltrations d’eau

Souci principal du théâtre de Port-Louis: les infiltrations d’eau par le toit, la façade et les ouvertures, mais aussi par le sol. Pritoo Purmanund, architecte du cabinet Morphos, est responsable de la rénovation du plus vieux théâtre de l’hémisphère Sud. D’une part, il faut aménager un «sous-sol étanche». Pour ce qui est de la fosse d’orchestre, Pritoo Purmanund explique que celle-ci «a toujours été là, mais recouverte d’un plancher. Nous préconisons la même chose». La structure en bois du toit a été conçue initialement par des charpentiers de marine, en forme de quille inversée. «Nous allons reconstruire à l’identique», dit l’architecte. «Tout sera démonté pièce par pièce. Nous allons apprendre au fur et à mesure quelles étaient les techniques utilisées à l’époque.»

La fresque à prendre avec des pincettes

La fresque qui enjolive le plafond du théâtre de Port-Louis est peinte sur du tissu. Une toile tendue qui se trouve «juste sous la charpente. Il faudra faire très attention. La fresque ne sera pas enlevée. Nous allons construire une fausse toiture par-dessus, pour effectuer les réparations», souligne Pritoo Purmanund.

Le café, une réalité

La rénovation comprend l’aménagement d’un café pouvant accueillir 70 personnes. «Dans un théâtre, le café est un lieu convivial indispensable. C’est l’une des vitrines du théâtre», lance l’architecte.

Les structures historiques qui restent

Parmi les structures historiques qui sont conservées au théâtre de Port-Louis : un escalier rouge en fer forgé qui se trouvait dans la partie anciennement occupée par Mimosa. Qu’en est-il des six statues qui étaient à l’origine sur le balcon du théâtre ? Pritoo Purmanund indique: «Nous avons connu deux statues. Mais au début du chantier, il n’y en avait plus qu’une.» Tristan Bréville, du musée de la photographie, a été sollicité pour retrouver des photos de l’époque où les statues étaient en place. À terme, un sculpteur sera mandaté pour exécuter des répliques.

Seconde phase des travaux incertaine

Une somme de Rs 75 millions a été allouée à la première phase de la rénovation du théâtre de Port-Louis. L’édifice était fermé depuis juin 2008. Les travaux ont commencé en février de cette année. Selon Pritoo Purmanund, la première phase doit s’achever début mars 2019. Pour la seconde phase, la balle est dans le camp de la mairie qui devra trouver le reste des financements. À titre d’exemple, le Plaza a obtenu Rs 300 millions pour sa troisième phase de rénovation, qui concerne spécifiquement le théâtre.

Une fois la première phase des travaux terminée à Port-Louis, le théâtre «ne sera pas accessible au public», précise Pritoo Purmanund. «S’il reste fermé trop longtemps, les mêmes facteurs de dégradation produiront les mêmes effets.» Quant à l’acoustique du théâtre, Pritoo Purmanund indique que cela fera partie de la seconde phase des travaux.

Les termites ont la vie dure

L’autre bataille que doit livrer le théâtre est celle contre les termites. «Nous avons fait appel à un spécialiste de la Réunion qui, après examen du site, nous a certifié qu’il ne restait plus de termites vivants. Mais quand on a ouvert, ils étaient bel et bien là», confie Pritoo Purmanund.

Recouvrir les pierres taillées

Outre le bois, le théâtre de Port-Louis est fait de colonnes de pierres taillées, des murs de moellons (pierres de remplissage), avec de la brique rouge pour soutenir les arches. «L’une des questions que l’on nous a posée, c’est pourquoi recouvrir les pierres taillées de chaux», reconnaît Pritoo Purmanund. Il explique que l’esprit de cette rénovation est de remettre l’édifice à son état d’origine, soit comme il était en 1822. «À l’époque, les colonnes à l’entrée étaient enduites de chaux et peintes. Cela donne une unité à la façade.» Selon l’architecte, la chaux «protège contre les infiltrations d’eau et contre la pollution. C’est un matériau délicat qui nécessite de la maintenance».