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Gestion des déchets: un casse-tête interminable

15 août 2018, 03:45

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Gestion des déchets: un casse-tête interminable

Mare Chicose et les déchets solides sont une épine dans le pied des gouvernements. Et plus encore pour celui en place. La raison est que de plus en plus de déchets sont produits et que Mare Chicose est à bout de souffle.

Quatre cent quatre-vingt-deux mille et cent quatre-vingt-seize (482 196) tonnes de déchets en 2017 se sont retrouvées entassées dans le centre d’enfouissement de Mare-Chicose. C’est le chiffre lourd qu’a lâché Statisitcs Mauritius à la fin du mois de juillet. Cela a représenté une augmentation de 8,4 % en comparaison avec l’année 2016. Et toujours selon les informations de Statistics Mauritius, en 2016, 96 % des déchets solides provenaient des ménages. Ce sont des chiffres à donner froid dans le dos, alors que cela fait dé- jà plusieurs années que l’on répète que Mare-Chicose est arrivé à la limite de ses capacités d’enfouissement.

À titre d’exemple, dans le rapport de l’audit de 2017, au rythme de la production de déchets à Maurice, le rapport prévoyait que d’ici la fin de l’année 2018, entre 25 et 30 hectares devraient être identifiés pour l’entassement des déchets. Et cela se répercute aussi dans les six stations de transfert de déchets autour du pays, impliquant de plus en plus de risques aussi bien sanitaires que pratiques.

La semaine dernière, le centre de La Chaumière a pris feu, et l’incendie a duré plusieurs heures. Cela a provoqué l’agacement des riverains en raison de la fumée, des cendres et de l’odeur, d’autant plus que de tels incendies sont réguliers. Les stations de transfert de déchets étant à ciel ouvert, les déchets sont aussi emportés par le vent ou les corbeaux.

Outre ces problèmes, cette gestion a aussi un coût. Dans les pages du Budget Estimates 2017- 2018, les coûts d’opération du centre d’enfouissement se chiffraient à plus de Rs 170 millions et devraient monter à plus de Rs 225 millions pour 2018/2019, et ceux des stations de transfert à Rs 200 millions pour 2017/2018 et à Rs 230 mil- lions pour 2018-2019. En mars 2017, la gestion des déchets était estimée à plus de Rs 1,2 milliard pour les déchets ménagers, ce qui équivaut à Rs 982 par habitant. Chaque Mauricien produit environ 400 kg de déchets par an. Trouver une solution qui mette tout le monde d’accord n’est pas simple. Et les idées n’abondent pas.

«Nous avons fait des propositions pour la gestion des déchets dans nos Budget Proposals en juin. Il nous faut une stratégie en la matière», affirme Adi Teelock, de la Platform Moris Lanvironnman.

Parmi leurs propositions figurent l’interdiction pure et simple des plastiques à usage unique et des alternatives aux bouteilles en plastique à mettre en place au fur et à mesure, ainsi que le recyclage pour la gestion des déchets solides. Le manque de recyclage est aussi l’une des raisons qui oblige l’usage (problématique) de poubelle unique à Maurice. Là où le bât blesse, c’est à deux niveaux, soit d’abord par rapport à la surcharge de plastiques à usage unique et de bouteilles non recyclées, et ensuite par rapport aux déchets organiques qui sont mélangés.

«De nombreuses personnes font ou veulent faire du tri de déchets, mais sans un système efficace et bien appliqué, plusieurs à se décourager», ex- plique, de son côté, Diane Desmarais, membre du Kollectif Ecoguard. «Cela englobe aussi les déchets électroniques et encombrants comme les meubles.»

Répondez, svp

D’autres idées ne plaisent pas forcément à tout le monde. L’idée du projet de Waste to Energy du Central Electricity Board avait déjà été mise en avant en 2015. Or, ce projet n’a pas démarré.

Depuis juin, un autre appel d’offres a été lancé à cet effet. Le ministre de l’Énergie, Ivan Collendavelloo, a lui-même concédé que «nous espérons, avec le Waste to Energy, être débarrassés des déchets, malgré les obstacles techniques et d’ordre financier».

Le ministère de l’Environnement devrait avoir aussi son mot à dire. Or, Osmose a envoyé un courriel jeudi dernier à l’attaché de presse d’Étienne Sinatambou, ministre de l’Environnement, mais notre mél est resté sans réponse. Contacté personnellement, le ministre Sinatambou est resté injoignable.