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Ian Larmour: «Nous voulons aider le gouvernement à développer l’hôtellerie mauricienne»

14 août 2018, 03:00

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Ian Larmour: «Nous voulons aider le gouvernement à développer l’hôtellerie mauricienne»

Hotel & Tourism Management Institute (HTMi), une école hôtelière suisse située à Lucerne dans le cadre magnifique d’une réserve de biosphère de l’Unesco, vient de signer un partenariat avec Polytechnics Mauritius. Le point avec Ian Larmour, le Managing Director de HTMi.

Le HTMi vient de signer un partenariat avec Maurice… Pourquoi une telle décision ? 
Parce que Maurice est une des meilleures destinations de leisure tourism au monde, réputée pour son haut niveau de service d’accueil et ses hôtels de haute qualité. Nous avons des partenariats en Suisse et dans le monde. Nous voulons contribuer à soutenir le développement de l’industrie hôtelière mauricienne en aidant à améliorer les compétences des jeunes mauriciens, les faire devenir de réels hospitality professionnals et, aussi, plus tard aider les hôtels dans leurs besoins en formation.

Pour l’heure, nous avons signé un accord avec Polytechnics Mauritius. Actuellement, nous avons un premier batch d’une quinzaine de Mauriciens qui étudient en vue de décrocher le HTMi Diploma en International Hotel & Tourism. Ils seront en mesure de faire des stages en entreprise pour se familiariser avec le secteur touristique/hôtellerie. Ces stages leur permettront de mieux s’adapter aux employeurs. Ce n’est qu’un début, ce chiffre va augmenter rapidement par la suite.

D’ici trois à cinq ans, nous devrions pourvoir former facilement un millier de jeunes par an à différents niveaux du cours. Nous sommes contents de notre partenariat avec Polytechnics Mauritius car nous voulons être aux côtés du gouvernement mauricien pour développer l’industrie hôtelière mauricienne. La raison est évidente : il n’y a pas suffisamment de compétences et de ressources humaines pour soutenir l’industrie et notre contribution va dans ce sens.

Mais encore… 
Nous ne choisissons que des institutions de qualité pour signer des accords. Et Polytechnics Mauritius en est une. Ce partenariat aidera à développer les talents et permettra à de nombreux jeunes de trouver du travail. Et éventuellement nous pourrons attirer des étudiants étrangers à suivre ces cours à Maurice. Il y a un intérêt certain à cet effet, notamment de l’Afrique de l’Est. Cela fera partie de nos projets pour Maurice dans un deuxième temps. Comme je l’ai dit, il y a un manque de main-d’oeuvre qualifiée dans l’hôtellerie et cela ne concerne pas que Maurice, c’est le cas dans le monde entier.

Comment expliquez-vous ce phénomène ? 
Je pense que cela est dû au fait que traditionnellement, l’industrie touristique/hôtelière n’était pas considérée comme une profession, mais plutôt comme un secteur employant des serveurs et serveuses, un secteur offrant des postes de niveaux inférieurs. Cette perception est totalement erronée. Nous avons travaillé à changer cette perception et nous faisons en sorte de faire comprendre aux gens que les métiers de l’hôtellerie sont de réelles professions, qui peuvent mener à de très hauts postes de leadership très bien rémunérés.

Nous faisons aussi passer le message que le tourisme et l’hôtellerie comportent beaucoup de perspectives d’emploi autour du monde. Grâce au tourisme et à l’hôtellerie, les jeunes peuvent avoir un avenir très prospère s’ils acquièrent les compétences requises, c’est-à-dire les compétences techniques et comportementales. Il faut savoir se comporter de manière professionnelle dans le secteur hôtelier, être correctement vêtu et savoir traiter les visiteurs de manière courtoise. Tous ces critères sont importants pour le succès de l’industrie hôtelière dans son ensemble.

«Le partenariat entre HTMi et Polytechnics Mauritius aidera à développer les talents et permettra à de nombreux jeunes de trouver du travail.»

Le secteur touristique n’est pas en mesure de former suffisamment de personnes pour répondre aux besoins de l’industrie. C’est un grand défi à relever aujourd’hui, n’est-ce pas ?
À Polytechnics Mauritius, nous aurons des short courses pour rendre les jeunes employables rapidement. Mais je ne crois pas que le secteur souffre d’un manque de formations. Je pense plutôt que les personnes chargées de mener les formations font défaut. Cependant, le niveau de formation qui existe dans les hôtels cinq-étoiles est très bien. Des enseignes internationales comme Accor, Starwood et Intercontinental ont déjà leur propre programme de formation. Mais on n’en offre jamais assez dans cette industrie et le fait de proposer une formation nationale, hors des hôtels, est un élément majeur pour permettre à cette industrie de se développer.

Les étudiants suivant les cours de HTMi en hôtellerie pourront accéder à quels genres de postes ? 
Ce qui est primordial pour le HTMi, c’est l’employabilité à 100 %. Tous nos étudiants trouvent facilement du travail, parce qu’ils sont bien formés et que leur comportement est approprié. Ils mettent en pratique les valeurs que tous les hôteliers recherchent pour leur établissement. We create hospitality professionals… D’où le fait que notre taux d’employabilité est fort dans tous les pays où le HTMi a signé des accords.

Les hôtels mauriciens doivent également lutter contre les paquebots de croisière qui absorbent pas mal de jeunes employés. Comment lutter contre ce phénomène ? 
Il y a beaucoup de facteurs responsables de cette situation, notamment les salaires élevés que payent les paquebots de croisière. Afin de lutter contre ce phénomène, il faut miser sur la job satisfaction, la formation continue, la manière de traiter les employés et les possibilités de faire carrière dans l’établissement où ils sont en emploi. Si c’est bien fait, il devrait y avoir moins de jeunes qui vont travailler sur les bateaux.

Que pensez-vous du niveau de l’hôtellerie en général à Maurice ? 
Le niveau est très élevé. Il n’y a qu’à regarder les commentaires sur Trip Advisor, c’est le meilleur moyen de voir le niveau de votre hôtellerie et il y a beaucoup de commentaires très positifs. Et je dirais que la réputation en ligne est la plus importante. En outre, Maurice est une destination très connue et très appréciée, surtout en termes de relaxation tourism et natural tourism. C’est d’ailleurs la base même du resort industry dans le monde.

Aujourd’hui, la clé pour toutes les destinations est d’attirer les Chinois, qui représentent le plus gros marché touristique au monde. Certains estiment d’ailleurs que nous devons nous adapter à cette clientèle et que le service offert doit être différent. Qu’en pensez-vous ?
Je pense que les touristes chinois n’espèrent pas un service particulier. Ils espèrent être traités de la même manière que tous les autres visiteurs du monde entier. Les deux seules choses auxquelles vous devez penser concernant la clientèle chinoise, c’est d’abord à la cuisine et puis à la langue. Les Chinois aiment leur cuisine pendant leurs vacances, pas à chaque repas mais très souvent. Donc, c’est important d’inclure leur cuisine dans les hôtels.

Ensuite, ces clients ont besoin de pouvoir parler leur langue avec les employés d’hôtels. Cela peut se faire en employant des Chinois, ou même des Singapouriens et des Malais ou alors des locaux maîtrisant parfaitement le mandarin. Bien entendu, les employés d’hôtels devraient également comprendre leur culture et leurs traditions, ce qui doit être le cas pour toutes les autres nationalités. Mais il faut s’y mettre car le flux touristique chinois va être énorme dans les années à venir.